​ Jérusalem, marché ​- ​Marque de propriété de Sainte-Anne I  ​  ​  ​  ​


Jérusalem, marché ​- ​Marque de propriété de Sainte-Anne I

Inscriptions du Royaume latin de Jérusalem CIFM, vol. Hors-série III ​  ​


Description générale

Marque de propriété. 
Pierre (calcaire).  Dimensions de chacune des pierres : longueur = 36 cm, hauteur = 29,5 cm. État de conservation : moyen ; les deux pierres inscrites sont recouvertes par au moins trois couches de chaulage ; les A de Anna ont été bûchés avec une broche.  ​ Inscription conservée in situ dans le Sûk el ‘Attârîn, rue Khan ez Zeît. Elle est située sur deux piliers soutenant les arcs d’une voûte, à 2 m de hauteur environ par rapport au niveau du sol actuel ; ce qui correspond à la 15e et 16e arche. Clermont-Ganneau est le premier à mentionner cette inscription, cachée par de l’enduit et surtout non visible quand les portes des boutiques sont ouvertes. Il en rapporte deux autres, qui semblent avoir disparu et sont présentées dans les notices suivantes[1]. Gravée en creux.
Datation : milieu du xiie siècle [par analyse paléographique et par le contexte historique].

Bibliographie

Texte d’après l’original vu le 30 janvier 2020.
Clermont-Ganneau ​Charles, « Sainte-Anne’s Market and Abbey » Archaeological Research in Palestine during the Years 1873-1874, vol. 1, Londres : Palestine Exploration Fund, 1899, p. 116-126 [texte, dessin, commentaire] ; De Sandoli ​Sabino, Corpus Inscriptionum Crucesignatorum Terrae Sanctae (1099-1291) : Testo, traduzione e annotazioni, Jerusalem : Franciscan Printing Press, 1974, p. 152 n°206 [texte et dessins] ; Boas ​Adrian, Crusader archaeology : the material culture of the Latin East, London/New York : Routledge, 1999, p. 26-27 [texte, commentaire, image] ; Zelinger ​Yehiel, « Crusader-Period Markets and Remains of the Byzantine Cardo in the Vicinity of the Church of the Redeemer » The Archaeology and History of the Church of the Redeemer and the Muristan in Jerusalem , ed. D. Vieweger, S. Gibson, Oxford : Archaeopress archaeology, 2016, p. 231 [mention] .

Description paléographique

Disposition sur une seule ligne horizontale. Écriture capitale. Les traverses des N ne touchent pas les extrémités des hastes. A à plateau débordant sur la gauche. Abréviation par contraction de sancta signalée par un tilde à renflement médian. Hauteur approximative des lettres : A de sancta 8 cm de haut et 5,5 cm de large ; 1erN de Anna 8 cm de haut et 5 cm de large. Analyse technique : traces de layage horizontal sur les deux pierres, profondeur des lettres : environ 3-4 mm ; gravure maladroite ; incision en V, sauf le bas du C qui est à plat.





Édition imitative


1 ​SC̅A ​/ ANNA ​

1 ​SC̅A ​/ ANNA ​

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1 ​SC̅A ​/ ANNA ​

Légende

Rouge : caractères allographes.



1 ​SC̅A ​/ ANNA ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Rouge : signe d'abréviation.



1 ​SC̅A ​/ ANNA ​

Légende

Cette inscription ne contient pas de jeux de lettres.



1 ​SC̅AFigureANNA

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Rouge : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition critique

S(an)c(t)a Anna.

Traduction

Sainte Anne.

Commentaire

La mention du nom sainte Anne renvoie probablement ici au monastère du même nom (Sainte-Anne), comme marque de propriété. Clermont-Ganneau fait l’hypothèse, à la lecture de l’Estoire de Eracles qui évoquait les rentes et tenures du monastère, que parmi celles-ci il y avait le partage des revenus du marché et que l’inscription Sancta Anna, gravée tout le long d'une des ruelles de ce marché, était le signe du droit abbatial auquel le marché était soumis. Cette inscription est située dans le marché, Sûk el ‘Attârîn connu sous le nom de Malquissinat (« le mauvais cuisinier ») au xiie siècle où on cuisait la viande vendue aux pèlerins ; il s’agit d’une des trois rues parallèles d’un marché couvert par une voûte (avec la Rue des herbes et la Rue couverte) construit par la reine Mélisende en 1152 ; on passait par cette rue pour aller au Saint-Sépulcre.

L'inscription I est la seule trace gravée conservée aujourd’hui, mais Clermont Ganneau en avait relevé de nombreuses autres, des mots ou des caractères ou des marques isolées (il évoque un T qui pourrait renvoyer au Templum Domini). Pour l’Orientaliste, la grande taille et la régularité des lettres, la symétrie des inscriptions toutes placées à la même hauteur et à des intervalles réguliers ainsi que le travail de la pierre, montraient une réelle cohérence permettant d’évacuer l’idée de graffiti ou de simple marque lapidaire, mais renvoyaient bien à l’établissement qui exerçait son droit sur la place.




[1] Il s'agit des notices II et III.