​ Bourges, cathédrale Saint-Étienne ​- ​Inscription funéraire pour Pierre de La Châtre  ​  ​


Bourges, cathédrale Saint-Étienne ​- ​Inscription funéraire pour Pierre de La Châtre

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº5 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire pour un archevêque de Bourges. 
Cuivre.  Inscription disparue. Localisation d’après la bibliographie : intérieur de l’église, chœur. Thaumas de La Thaumassière indique qu’il fut enterré sous la même tombe que Simon de Sully, tandis que Raynal précise que l’on écrivit sur une table de cuivre qui recouvrait sa tombe. ​
Datation : c. 1171 [datation par identification du personnage] ou fin XIIe siècle.

Bibliographie

Texte d’après la Gallia christiana.
GC, 1656, t. I, col. 171 (version 1720, t. II, col. 54) [texte] ; Patriarchium Bituricense, 1657, p. 90 [texte avec variantes] ; Thaumas de la Thaumassière, Histoire de Berry, 1689, livre IV, chap. 74, p. 307 [texte avec variantes] ; Raynal, Histoire du Berry, 1844, t. II, p. 147-148 [texte d'après GC et traduction] ; Boyer-Gardner, « Souvenir et sépultures des archevêques de Bourges », 2018 [texte et ensemble de la tradition textuelle].

Description paléographique

Disposition inconnue.


Édition imitative


1 ​CLAVDITVR ​HIC ​PRIMAS ​STANS ​NOMINE ​MENTEQVE ​PETRVS ​
2 ​DE ​CASTRA ​NOMEN ​FACTA ​LATERE ​NEGAT ​[1]
3 ​MAIOR ​HONORE ​SVO ​FORTVNA ​FORTIS ​IN ​OMNI ​
4 ​PERTVLIT ​INTREPIDVS ​DAMNA ​PERICLA ​MINAS ​
5 ​OPPIDA ​TEMPLA ​DOMVS ​QVORVM ​STRVCTVRA ​SVPERBIT ​
6 ​AVCTOREM ​FACIENT ​INVETERATA ​NOVVM ​[2]
7 ​REDDITVVM ​DVPLICANS ​NVMERVM ​VIA ​IVRIS ​ASYLVM ​
8 ​PAVPERIS ​EXEMPLAR ​RELIGIONIS ​ERAT ​
9 ​VLTIMA ​PRIMATI ​MAII ​LVX ​PRIMA ​PRIORIS ​
10 ​VITAE ​META ​FVIT ​PRINCIPIVMQVE ​NOVAE ​[3]

1 ​CLAVDITVR ​HIC ​PRIMAS ​STANS ​NOMINE ​MENTEQVE ​PETRVS ​
2 ​DE ​CASTRA ​NOMEN ​FACTA ​LATERE ​NEGAT ​[1]
3 ​MAIOR ​HONORE ​SVO ​FORTVNA ​FORTIS ​IN ​OMNI ​
4 ​PERTVLIT ​INTREPIDVS ​DAMNA ​PERICLA ​MINAS ​
5 ​OPPIDA ​TEMPLA ​DOMVS ​QVORVM ​STRVCTVRA ​SVPERBIT ​
6 ​AVCTOREM ​FACIENT ​INVETERATA ​NOVVM ​[2]
7 ​REDDITVVM ​DVPLICANS ​NVMERVM ​VIA ​IVRIS ​ASYLVM ​
8 ​PAVPERIS ​EXEMPLAR ​RELIGIONIS ​ERAT ​
9 ​VLTIMA ​PRIMATI ​MAII ​LVX ​PRIMA ​PRIORIS ​
10 ​VITAE ​META ​FVIT ​PRINCIPIVMQVE ​NOVAE ​[3]

1 ​CLAVDITVR ​HIC ​PRIMAS ​STANS ​NOMINE ​MENTEQVE ​PETRVS ​
2 ​DE ​CASTRA ​NOMEN ​FACTA ​LATERE ​NEGAT ​[1]
3 ​MAIOR ​HONORE ​SVO ​FORTVNA ​FORTIS ​IN ​OMNI ​
4 ​PERTVLIT ​INTREPIDVS ​DAMNA ​PERICLA ​MINAS ​
5 ​OPPIDA ​TEMPLA ​DOMVS ​QVORVM ​STRVCTVRA ​SVPERBIT ​
6 ​AVCTOREM ​FACIENT ​INVETERATA ​NOVVM ​[2]
7 ​REDDITVVM ​DVPLICANS ​NVMERVM ​VIA ​IVRIS ​ASYLVM ​
8 ​PAVPERIS ​EXEMPLAR ​RELIGIONIS ​ERAT ​
9 ​VLTIMA ​PRIMATI ​MAII ​LVX ​PRIMA ​PRIORIS ​
10 ​VITAE ​META ​FVIT ​PRINCIPIVMQVE ​NOVAE ​[3]

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​CLAVDITVR ​HIC ​PRIMAS ​STANS ​NOMINE ​MENTEQVE ​PETRVS ​
2 ​DE ​CASTRA ​NOMEN ​FACTA ​LATERE ​NEGAT ​[1]
3 ​MAIOR ​HONORE ​SVO ​FORTVNA ​FORTIS ​IN ​OMNI ​
4 ​PERTVLIT ​INTREPIDVS ​DAMNA ​PERICLA ​MINAS ​
5 ​OPPIDA ​TEMPLA ​DOMVS ​QVORVM ​STRVCTVRA ​SVPERBIT ​
6 ​AVCTOREM ​FACIENT ​INVETERATA ​NOVVM ​[2]
7 ​REDDITVVM ​DVPLICANS ​NVMERVM ​VIA ​IVRIS ​ASYLVM ​
8 ​PAVPERIS ​EXEMPLAR ​RELIGIONIS ​ERAT ​
9 ​VLTIMA ​PRIMATI ​MAII ​LVX ​PRIMA ​PRIORIS ​
10 ​VITAE ​META ​FVIT ​PRINCIPIVMQVE ​NOVAE ​[3]

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​CLAVDITVR ​HIC ​PRIMAS ​STANS ​NOMINE ​MENTEQVE ​PETRVS ​
2 ​DE ​CASTRA ​NOMEN ​FACTA ​LATERE ​NEGAT ​[1]
3 ​MAIOR ​HONORE ​SVO ​FORTVNA ​FORTIS ​IN ​OMNI ​
4 ​PERTVLIT ​INTREPIDVS ​DAMNA ​PERICLA ​MINAS ​
5 ​OPPIDA ​TEMPLA ​DOMVS ​QVORVM ​STRVCTVRA ​SVPERBIT ​
6 ​AVCTOREM ​FACIENT ​INVETERATA ​NOVVM ​[2]
7 ​REDDITVVM ​DVPLICANS ​NVMERVM ​VIA ​IVRIS ​ASYLVM ​
8 ​PAVPERIS ​EXEMPLAR ​RELIGIONIS ​ERAT ​
9 ​VLTIMA ​PRIMATI ​MAII ​LVX ​PRIMA ​PRIORIS ​
10 ​VITAE ​META ​FVIT ​PRINCIPIVMQVE ​NOVAE ​[3]

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​CLAVDITVRHICPRIMASSTANSNOMINEMENTEQVEPETRVS
2 ​DECASTRANOMENFACTALATERENEGAT[1]
3 ​MAIORHONORESVOFORTVNAFORTISINOMNI
4 ​PERTVLITINTREPIDVSDAMNAPERICLAMINAS
5 ​OPPIDATEMPLADOMVSQVORVMSTRVCTVRASVPERBIT
6 ​AVCTOREMFACIENTINVETERATANOVVM[2]
7 ​REDDITVVMDVPLICANSNVMERVMVIAIVRISASYLVM
8 ​PAVPERISEXEMPLARRELIGIONISERAT
9 ​VLTIMAPRIMATIMAIILVXPRIMAPRIORIS
10 ​VITAEMETAFVITPRINCIPIVMQVENOVAE[3]

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Clauditur hic primas, stans nomine, menteque Petrus
de Castra ; nomen facta latere negat[1].
Major honore suo, fortuna fortis in omni,
pertulit intrepidus damna, peric{u}la, minas.
Oppida, templa, domus, quorum structura superbit
auctorem facient inveterata novum[2].
Reddituum duplicans numerum, via juris, asylum
pauperis, exemplar religionis erat.
Ultima primati maii lux prima prioris
vitae meta fuit, principiumque novae[3].


Traduction

Ici est enfermé Pierre de La Châtre, primat de nom et d’esprit ; le nom refuse de cacher les faits. Plus grand par sa dignité, courageux en toute circonstance, il supporta avec intrépidité les malheurs, les dangers, les menaces. Ces châteaux, ces temples, ces maisons, dont la structure est éclatante, rajeuniront [la mémoire de] leur fondateur en vieillissant. Doublant les revenus [de son église], défenseur du droit, asile du pauvre, il était un exemple de religion. La première lumière de mai, dernière du primat, fut la limite de sa première vie et le début d’une nouvelle.

Commentaire

Le texte est composé de cinq distiques élégiaques. Le verbe clauditur qui ouvre l’inscription se rencontre dès l’époque carolingienne, avec une plus grande fréquence au XIIe siècle. Cependant on le trouve plus souvent complété par un complément circonstanciel ou complément d’agent désignant la tombe (clauditur hoc tumulo semble être la formule la plus répandue) et rarement suivi de l’adverbe de lieu hic. Sans doute l’auteur du texte a-t-il voulu faire un jeu de mot entre ce verbe et le nom de l’archevêque, dont l’étymologie est carcer, la prison. L’expression nomine menteque peut se rapporter autant au terme primas qu’au nom du prélat (montrant alors que celui-ci était enfermé à double titre). Comme le montrent les variantes textuelles, cette inscription se terminait peut-être par la mention de la date du décès en prose, ce qui est courant dans les épitaphes versifiées.

Pierre de La Châtre (ou Pierre Ier) est le 66e archevêque de Bourges (1141 - 1171). L’épitaphe, tout en étant assez conventionnelle, par exemple quand elle évoque les qualités morales du défunt, semble néanmoins faire allusion à des faits précis de sa biographie. Il fit rebâtir le palais épiscopal, acquit ou fit construire des maisons, des granges, des terres, des vignes[4]. Surtout, sa nomination en tant qu’archevêque fut l’objet de controverse. Le chapitre de Bourges, bien qu’ayant reçu du pape la permission d’élire son évêque, ne fut pas écouté, et le pape Innocent II consacra Pierre Ier sans attendre l’autorisation du roi ; épisode dont on trouve peut-être une allusion au vers 4.


Présentation du site

La cathédrale Saint-Étienne de Bourges constitue l'une des réalisations architecturales majeures du XIIIe siècle. Commencée à la fin du XIIe siècle par Henri de Sully, elle fut consacrée le 5 mai 1324 par l'archevêque Guillaume de Brosse. Les portails latéraux sont le témoignage de l'édifice immédiatement antérieur. Ses dimensions, ses formes, l'importance de sa vitrerie encore en place ont permis à l'édifice de bénéficier de nombreuses études auxquelles nous renvoyons le lecteur pour des informations plus détaillées[5]. Une soixantaine de textes épigraphiques connus ont été gravés ou peints à la cathédrale durant l’époque médiévale : inscriptions funéraires pour les archevêques de Bourges et un chanoine, textes en relation avec les personnages sculptés et surtout messages peints sur les vitraux.




[1] Dans le Patriarchium et chez Thaumas de La Thaumassière : Quem laudis fama, facta carere negant. Chez Thaumas de La Thaumassière ces deux premiers vers diffèrent : Clauditur hic primas stans mente, ac nomine Petrus / Quum laudis fama, facta carere negant.
[2] Chez Thaumas de La Thaumassière : Authorem faciunt inveterata novum.
[3] Dans le Patriarchium, ajout final du millésime en prose Anno Domini 1171 ; Thaumas de La Thaumassière ajoute : Anno ab incarnatione Domini 1171.
[4] GC, 1720, t. II, col. 51-54 ; Raynal, Histoire du Berry, 1844, t. II, p. 146-147.
[5] En attendant la publication des actes du colloque consacré la cathédrale de Bourges, on verra la monographie de Christe Y., Brugger L., Bourges : la cathédrale, Saint-léger-Vauban, 2000.