​ Bourges, cathédrale Saint-Étienne ​- ​Inscription funéraire pour un chanoine  ​  ​


Bourges, cathédrale Saint-Étienne ​- ​Inscription funéraire pour un chanoine

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº8 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire à caractère tumulaire pour un chanoine. 
Plate-tombe à effigie. ​ Pierre.  Dimensions du support : 98 x 202,5 x cm. État de conservation : bon ; inscription incomplète, angle supérieur droit très usé. Localisation actuelle : église basse, côté sud, dernière travée orientale avant le chevet (sous le déambulatoire), au sol.Inscription gravée en creux.
Datation : 1270 [par datation interne, en accord avec l’analyse paléographique].

Bibliographie

Texte d’après l’original vu en place le 11 juin 2012 ; les restitutions de l’édition critique s’appuient sur la lecture de Buhot de Kersers.
Buhot de Kersers, Statistique monumentale du Cher, t. IV, 1977, p. 165 [texte] ; Girardot, « Inscriptions de la ville de Bourges », 1857, p. 195 [mention].

Description paléographique

Disposition horizontale sur une ligne tout autour de la dalle, entre deux réglures délimitant un champ épigraphique de 8 cm de hauteur. Mélange de capitales et d’onciales, E et C fermés par un mince filet. Pleins et déliés marqués, présence d’empattements. Alternance des formes lorsque deux lettres identiques sont côte à côte : par exemple N capital et N oncial dans anno, V capital puis V oncial dans cujus. Taille des lettres : T de post 5 cm de hauteur, 3,5 cm de largeur. Abréviation par élision pour canonicus, par contraction pour sacerdos avec un tilde droit sur le C, anima, penthecostes marquée par un tilde à renflement médian entre P et E, domini avec tilde à renflement médian sur le N ; par suspension signalée par un tilde pour Bituricensis. Jeux de lettres : T et E de penthecostes conjoints, deux N de anno conjoints. Ponctuation régulière par deux points entre chaque mot ; une croix marque le début du texte. Pas de décor particulier.





Édition imitative


Petit côté supérieur :
1 ​✝HIC ​: ​IACET ​: ​M[---] ​: ​[---

Grand côté droit :
2 ​---] ​VE ​: ​ ​CA[.] ​: ​B[.]TVRICEN̅ ​: ​ ​ET ​: ​ ​SAC̅DOS ​: ​ ​QVI ​: ​ ​OBIIT ​ ​DIE ​: ​ ​LVNE ​: ​ ​POST ​: ​

Petit côté inférieur :
3 ​OCTABAS ​/ PE/THECOSTES ​

Grand côté gauche :
4 ​: ​ANNO ​: ​DNI ​: ​MͦCͦC ​: ​SEPTVAGESIMO ​: ​CVIVS ​: ​A[..] ​REQVIESCAT ​: ​IN ​: ​PACE ​: ​AMEN ​: ​

Petit côté supérieur :
1 ​✝HIC ​: ​IACET ​: ​M[---] ​: ​[---

Grand côté droit :
2 ​---] ​VE ​: ​ ​CA[.] ​: ​B[.]TVRICEN̅ ​: ​ ​ET ​: ​ ​SAC̅DOS ​: ​ ​QVI ​: ​ ​OBIIT ​ ​DIE ​: ​ ​LVNE ​: ​ ​POST ​: ​

Petit côté inférieur :
3 ​OCꞆABAS ​/ P/ꞆhCOSTES ​

Grand côté gauche :
4 ​: ​ANO ​: ​DI ​: ​MͦCͦC ​: ​SPTVAGESIMO ​: ​CVIVS ​: ​A[..] ​REQVIESCAT ​: ​IN ​: ​PACE ​: ​AMEN ​: ​

Petit côté supérieur :
1 ​HIC ​: ​IACET ​: ​M[---] ​: ​[---

Grand côté droit :
2 ​---] ​VE ​: ​ ​CA[.] ​: ​B[.]TVRICEN̅ ​: ​ ​ET ​: ​ ​SAC̅DOS ​: ​ ​QVI ​: ​ ​OBIIT ​ ​DIE ​: ​ ​LVNE ​: ​ ​POST ​: ​

Petit côté inférieur :
3 ​OCABAS ​/ P/hCOSTES ​

Grand côté gauche :
4 ​: ​ANO ​: ​DI ​: ​MͦCͦC ​: ​SPTVAGESIMO ​: ​CVIVS ​: ​A[..] ​REQVIESCAT ​: ​IN ​: ​PACE ​: ​AMEN ​: ​

Légende

Violet : caractères allographes.



Petit côté supérieur :
1 ​✝HIC ​: ​IACET ​: ​M[---] ​: ​[---

Grand côté droit :
2 ​---] ​VE ​: ​ ​CA[.] ​: ​B[.]TVRICEN̅ ​: ​ ​ET ​: ​ ​SAC̅DOS ​: ​ ​QVI ​: ​ ​OBIIT ​ ​DIE ​: ​ ​LVNE ​: ​ ​POST ​: ​

Petit côté inférieur :
3 ​OCꞆABAS ​/ P/ꞆhCOSTES ​

Grand côté gauche :
4 ​: ​ANO ​: ​DI ​: ​MͦCͦC ​: ​SPTVAGESIMO ​: ​CVIVS ​: ​A[..] ​REQVIESCAT ​: ​IN ​: ​PACE ​: ​AMEN ​: ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



Petit côté supérieur :
1 ​✝HIC ​: ​IACET ​: ​M[---] ​: ​[---

Grand côté droit :
2 ​---] ​VE ​: ​ ​CA[.] ​: ​B[.]TVRICEN̅ ​: ​ ​ET ​: ​ ​SAC̅DOS ​: ​ ​QVI ​: ​ ​OBIIT ​ ​DIE ​: ​ ​LVNE ​: ​ ​POST ​: ​

Petit côté inférieur :
3 ​OCꞆABAS ​/ P/ꞆhCOSTES ​

Grand côté gauche :
4 ​: ​ANO ​: ​DI ​: ​MͦCͦC ​: ​SPTVAGESIMO ​: ​CVIVS ​: ​A[..] ​REQVIESCAT ​: ​IN ​: ​PACE ​: ​AMEN ​: ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



Petit côté supérieur :
1 ​✝HIC:IACET:M[---]:[---

Grand côté droit :
2 ​---]VE:CA[.]:B[.]TVRICEN̅:ET:SAC̅DOS:QVI:OBIITDIE:LVNE:POST:

Petit côté inférieur :
3 ​OCꞆABASFigurePFigureꞆhCOSTES

Grand côté gauche :
4 ​:ANO:DI:MͦCͦC:SPTVAGESIMO:CVIVS:A[..]REQVIESCAT:IN:PACE:AMEN:

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Hic jacet m[agister] [--- ]ve, ca(nonicus) B[i]turicen(sis) et sac(er)dos, qui obiit die lune post octabas pe(n)thecostes, anno D(omi)ni MCC septuagesimo, cujus a[(n)i(m)a] requiescat in pace. Amen.

Traduction

Ici gît maître […], chanoine de Bourges et prêtre, qui mourut le lundi après l’octave de la Pentecôte [9 juin] l’an du Seigneur 1270. Que son âme repose en paix. Amen.

Commentaire

Le défunt pour lequel cette inscription a été gravée n’a pu être identifié ; l’emplacement où se trouvait son nom a été endommagé[1]. Il est représenté sur la plate-tombe sous une arcade trilobée, en costume sacerdotal, les mains croisées et non jointes, avec un manipule au bras gauche, et au sommet le soleil et la lune. L’épitaphe elle-même indique qu’il était prêtre (sacerdos) et chanoine (canonicus). Le défunt est aussi qualifié de magister, c’est-à-dire gradué de l’université, et, comme il habituel, ce qualificatif est placé avant le nom.

Cette inscription est très classique dans sa composition textuelle et graphique. La formule hic jacet ouvre le texte et l’expression anima requiescat in pace vient le clore, comme pour de nombreuses inscriptions funéraires des XIIIe-XIVe siècles. Sur le petit côté inférieur de la dalle, le champ iconographique pénètre dans le champ épigraphique : les pieds du défunt viennent interrompre le déroulement de l’écriture, ce que signale la barre oblique dans la transcription. Cette mise en page est fréquente à la fin du Moyen Âge. Enfin, la date du décès est donnée en référence à la fête de la Pentecôte. Les datations grâce au calendrier liturgique, dont la fréquence augmente à partir de la seconde moitié du XIIe siècle, se répandent surtout un siècle plus tard, tout particulièrement dans le troisième tiers du XIIIe siècle, époque du décès de ce chanoine[2].




[1] Une vue d’ensemble de cette dalle funéraire ne peut être donnée car un bloc de pierre est actuellement posé dessus. Deux clichés de détail permettent néanmoins d’en apprécier les caractéristiques paléographiques.
[2] Favreau R., « La datation dans les inscriptions médiévales françaises » Bibliothèque de l'Ecole des chartes, 1999, t. 157, p. 33.