Identification des personnages représentés. Vitrail. Dimensions de la verrière :
220x 600 cm. État de conservation : restauré par Coffetier et Steinheil en 1855, puis par Chigot entre 1947 et 1955. Ce vitrail est protégé au titre des Monuments Historiques (il a été classé au titre immeuble en 1862, référence : PM18000439). Inscription conservée in situ. Localisation : déambulatoire, première baie à l’est de la première chapelle nord. Caractères peints. Datation : vers 1205-1214 [datation par le support en accord avec l’analyse paléographique] et XIXe - XXe siècles.
Bibliographie
Texte d’après l’original vu en place le 11 juin 2012. Les vitraux du Centre et des Pays de la Loire, 1981, p. 170 [description du vitrail].
Description paléographique
Disposition horizontale sur une ligne. Écriture capitale, régulière et étirée. T et I conjoints dans Martinus. C de Bricius fermé. Abréviations : S barré pour sanctus. Ponctuation par trois points verticaux. La barre oblique du N au deuxième registre est perlée, celle du S de sanctus au huitième registre est fleurie.
Deuxième registre, à droite (le Christ apparaît à Martin), au bas de la scène : 1 S̶⁝MARTINVS
Huitième scène, à droite (Brice sacré évêque), aux pieds du personnage : 1 S̶⁝BRICIVS⁝
Dixième scène à gauche (funérailles de Martin), au bas de la scène : 1 S̶⁝MARTINVS
Légende
Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription. Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.
Édition normalisée
S(anctus) Martinus ; s(anctus) Bricius ; s(anctus) Martinus.
Traduction
Saint Martin ; saint Brice ; saint Martin.
Commentaire
Seules trois scènes présentent des inscriptions dans ce vitrail consacré à la vie de saint Martin[1]. La première nomination de saint Martin est inscrite en bas du vitrail, dans la scène où le Seigneur lui apparaît en songe, ce qui permet d’identifier le personnage principal de la baie, tout autant que la scène du partage du manteau qui lui fait face. La deuxième désigne saint Brice, diacre de saint Martin, qui lui succéda au siège épiscopal. La troisième identifie saint Martin dans la scène de ses funérailles.
L’analyse paléographique permet de rapprocher cette inscription de celles de la Nouvelle Alliance et du Jugement dernier, comme l’avait suggéré Louis Grodecki par l’identification de l’atelier dit de la Nouvelle Alliance (voir les notices nº 14, 15, 20 et 22).
La cathédrale Saint-Étienne de Bourges constitue l'une des réalisations architecturales majeures du xiiie siècle. Commencée à la fin du xiie siècle par Henri de Sully, elle fut consacrée le 5 mai 1324 par l'archevêque Guillaume de Brosse. Les portails latéraux sont le témoignage de l'édifice immédiatement antérieur. Ses dimensions, ses formes, l'importance de sa vitrerie encore en place ont permis à l'édifice de bénéficier de nombreuses études auxquelles nous renvoyons le lecteur pour des informations plus détaillées[2]. Une soixantaine de textes épigraphiques connus ont été gravés ou peints à la cathédrale durant l’époque médiévale : inscriptions funéraires pour les archevêques de Bourges et un chanoine, textes en relation avec les personnages sculptés et surtout messages peints sur les vitraux.
Ayant conservé une grande partie de sa vitrerie d’origine, la cathédrale de Bourges abrite
l’un des plus importants ensembles de vitraux du premier tiers du xiiie siècle. Cette église possède
également une somptueuse collection de vitraux du Moyen âge tardif et des xvie
-xviie siècles.
Mis à part les quelques fragments du xiie siècle remontés dans des verrières composites (CV 28,
34, 36), on distingue trois ensembles différents dans les baies du xiiie siècle : les verrières « légendaires » dans les baies du déambulatoire et dans celles des chapelles rayonnantes (au nombre de
vingt-deux), les verrières à grands personnages et en pleine couleur du déambulatoire intérieur et
des fenêtres hautes du collatéral intérieur, les fenêtres à grisaille des parties hautes et des bas côtés
de la nef où le décor figuré ne tient qu’une place secondaire.
De nouvelles dispositions sont inaugurées à la cathédrale de Bourges dans le domaine du
décor vitré. Lisibles sans peine du sol, centrées sur un programme ecclésial clair, tout en étant
parfois complexe, les verrières réunissent autour d’une galerie des archevêques du diocèse, du
légendaire Ursin à saint Guillaume tout juste canonisé, apôtres et prophètes, Christ-Juge et
Vierge à l’Enfant. En d’autres termes, elles montrent une anticipation du décor sculpté de la
façade occidentale[3].
[1]BS 8, col. 1248-1291 ; VSB 11, p. 325 ; LCI 7, col. 571-579. [2] En attendant la publication des actes du colloque consacré la cathédrale de Bourges, on verra la monographie de Christe Y., Brugger L., Bourges : la cathédrale, Saint-Léger-Vauban, 2000. [3] Pour une présentation d’ensemble des inscriptions des vitraux de la cathédrale de Bourges, voir Debiais, Messages de pierre, 2009, p. 362-370.