​ (CV baie 14) Bourges, cathédrale Saint-Étienne ​- ​Identification de personnages dans le vitrail de l’Apocalypse  ​  ​


(CV baie 14) Bourges, cathédrale Saint-Étienne ​- ​Identification de personnages dans le vitrail de l’Apocalypse

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº25 ​  ​


Description générale

Identification des personnages représentés. 
Vitrail.  Dimensions de la verrière : 220x 600 cm. État de conservation : restauré par Coffetier et Steinheil en 1858, et par Chigot entre 1947 et 1955, puis dans les années 1980-1990. Dans le deuxième quadrilobe, en haut, à droite, les inscriptions sont à l’envers. Ce vitrail est protégé au titre des Monuments Historiques (il a été classé au titre immeuble en 1862, référence : PM18000439). Inscription conservée in situ. Localisation : déambulatoire, côté sud, baie à l’ouest de la première chapelle. Caractères peints.
Datation : vers 1205-1214 [datation par le support en accord avec l’analyse paléographique] et XIXe - XXe siècles.

Bibliographie

Texte d’après l’original vu en place le 11 juin 2012.
Les vitraux du Centre et des Pays de la Loire, 1981, p. 170 [description du vitrail].

Description paléographique

Disposition horizontale sur une ligne. Mélange de capitales et d’onciales. Module étroit, tracé fin, pleins et déliés marqués, présence d’empattements. Abréviation par réduction à l’initiale S pour sanctus. Liaisons de lettres : T et R conjoints dans Petrus. Ponctuation par deux ou trois points verticaux.





Édition imitative


Premier quadrilobe, quadrilobe central : Dieu tient le livre aux sept sceaux.
Sur l’épée à droite (scène du Christ juge) (lettres jaunes, fond noir) :
1 ​A ​ω ​


Deuxième quadrilobe :
En haut, lobe gauche : Les apôtres, bandeau en bas de la scène (fond noir, lettres vertes pour la première ligne et oranges pour la deuxième) :
1 ​S ​PETRVS ​
2 ​: ​CEVS ​: ​

En haut, lobe droit : Les apôtres, bandeau en bas de la scène (fond noir, lettres vertes pour la première ligne et clair pour la deuxième) : [les lettres ATE sont à l’envers]
1 ​S̶ ​
ANCV ​S ​: ​
2 ​S ​M/ATE/VS ​


Troisième quadrilobe, lobe gauche : L’Agneau tenant l’étendard.
En haut à gauche, sur l’oriflamme de l’Agneau en gloire (fond noir, lettres jaunes) :
1 ​A ​ω ​ ​

Premier quadrilobe, quadrilobe central : Dieu tient le livre aux sept sceaux.
Sur l’épée à droite (scène du Christ juge) (lettres jaunes, fond noir) :
1 ​A ​ω ​

Deuxième quadrilobe :
En haut, lobe gauche : Les apôtres, bandeau en bas de la scène (fond noir, lettres vertes pour la première ligne et oranges pour la deuxième) :
1 ​S ​PTRVS ​
2 ​: ​CVS ​: ​

En haut, lobe droit : Les apôtres, bandeau en bas de la scène (fond noir, lettres vertes pour la première ligne et clair pour la deuxième) : [les lettres ATE sont à l’envers]
1 ​S̶ ​
ANCV ​
S ​: ​
2 ​S ​M/AꞆ/VS ​

Troisième quadrilobe, lobe gauche : L’Agneau tenant l’étendard.
En haut à gauche, sur l’oriflamme de l’Agneau en gloire (fond noir, lettres jaunes) :
1 ​A ​ω ​ ​

Premier quadrilobe, quadrilobe central : Dieu tient le livre aux sept sceaux.
Sur l’épée à droite (scène du Christ juge) (lettres jaunes, fond noir) :
1 ​A ​ω ​


Deuxième quadrilobe :
En haut, lobe gauche : Les apôtres, bandeau en bas de la scène (fond noir, lettres vertes pour la première ligne et oranges pour la deuxième) :
1 ​S ​PTRVS ​
2 ​: ​CVS ​: ​

En haut, lobe droit : Les apôtres, bandeau en bas de la scène (fond noir, lettres vertes pour la première ligne et clair pour la deuxième) : [les lettres ATE sont à l’envers]
1 ​S̶ ​
ANCV ​S ​: ​
2 ​S ​M/A/VS ​


Troisième quadrilobe, lobe gauche : L’Agneau tenant l’étendard.
En haut à gauche, sur l’oriflamme de l’Agneau en gloire (fond noir, lettres jaunes) :
1 ​A ​ω ​ ​

Légende

Violet : caractères allographes.



Premier quadrilobe, quadrilobe central : Dieu tient le livre aux sept sceaux.
Sur l’épée à droite (scène du Christ juge) (lettres jaunes, fond noir) :
1 ​A ​ω ​


Deuxième quadrilobe :
En haut, lobe gauche : Les apôtres, bandeau en bas de la scène (fond noir, lettres vertes pour la première ligne et oranges pour la deuxième) :
1 ​S ​PTRVS ​
2 ​: ​CVS ​: ​

En haut, lobe droit : Les apôtres, bandeau en bas de la scène (fond noir, lettres vertes pour la première ligne et clair pour la deuxième) : [les lettres ATE sont à l’envers]
1 ​S̶ ​
ANCV ​S ​: ​
2 ​S ​M/AꞆ/VS ​


Troisième quadrilobe, lobe gauche : L’Agneau tenant l’étendard.
En haut à gauche, sur l’oriflamme de l’Agneau en gloire (fond noir, lettres jaunes) :
1 ​A ​ω ​ ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



Premier quadrilobe, quadrilobe central : Dieu tient le livre aux sept sceaux.
Sur l’épée à droite (scène du Christ juge) (lettres jaunes, fond noir) :
1 ​A ​ω ​


Deuxième quadrilobe :
En haut, lobe gauche : Les apôtres, bandeau en bas de la scène (fond noir, lettres vertes pour la première ligne et oranges pour la deuxième) :
1 ​S ​PTRVS ​
2 ​: ​CVS ​: ​

En haut, lobe droit : Les apôtres, bandeau en bas de la scène (fond noir, lettres vertes pour la première ligne et clair pour la deuxième) : [les lettres ATE sont à l’envers]
1 ​S̶ ​
ANCV ​S ​: ​
2 ​S ​M/AꞆ/VS ​


Troisième quadrilobe, lobe gauche : L’Agneau tenant l’étendard.
En haut à gauche, sur l’oriflamme de l’Agneau en gloire (fond noir, lettres jaunes) :
1 ​A ​ω ​ ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



Premier quadrilobe, quadrilobe central : Dieu tient le livre aux sept sceaux.
Sur l’épée à droite (scène du Christ juge) (lettres jaunes, fond noir) :
1 ​Aω


Deuxième quadrilobe :
En haut, lobe gauche : Les apôtres, bandeau en bas de la scène (fond noir, lettres vertes pour la première ligne et oranges pour la deuxième) :
1 ​SPTRVS
2 ​:CVS:

En haut, lobe droit : Les apôtres, bandeau en bas de la scène (fond noir, lettres vertes pour la première ligne et clair pour la deuxième) : [les lettres ATE sont à l’envers]
1 ​S̶
ANCVS:
2 ​SMFigureAꞆFigureVS


Troisième quadrilobe, lobe gauche : L’Agneau tenant l’étendard.
En haut à gauche, sur l’oriflamme de l’Agneau en gloire (fond noir, lettres jaunes) :
1 ​Aω

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Alpha, omega ; s(anctus) Petrus  ; s(anctus) Mateus ; alpha, omega, chrisme.

Traduction

Alpha, oméga ; saint Pierre ; saint Matthieu ; alpha, oméga, chrisme.

Commentaire

Les lettres grecques alpha et oméga sont une citation directe du livre de l’Apocalypse (Ap I, 8 ; XXI, 6 ; XXII, 13), surtout placées sur l’épée affilée à deux tranchants qui renvoie à un autre passage du dernier livre biblique (Ap II, 12) ou sur l’étendard de l’Agneau.

Les inscriptions peintes sur le deuxième quadrilobe sont plus difficiles à interpréter. Certaines sont à l’envers et de taille irrégulière ; elles ont été retouchées, ce qui rend une partie du texte incompréhensible. Néanmoins, la finesse de l’écriture – particulièrement sur l’oriflamme de l’Agneau – les ornementations végétales et volutes des bouts de ligne ainsi que le redoublement des traits rattachent clairement ce vitrail à l’atelier du Bon Samaritain, comme l’a proposé Louis Grodecki (voir les notices nº 17, 24, 28, 30).


Présentation du site

La cathédrale Saint-Étienne de Bourges constitue l'une des réalisations architecturales majeures du xiiie siècle. Commencée à la fin du xiie siècle par Henri de Sully, elle fut consacrée le 5 mai 1324 par l'archevêque Guillaume de Brosse. Les portails latéraux sont le témoignage de l'édifice immédiatement antérieur. Ses dimensions, ses formes, l'importance de sa vitrerie encore en place ont permis à l'édifice de bénéficier de nombreuses études auxquelles nous renvoyons le lecteur pour des informations plus détaillées[1]. Une soixantaine de textes épigraphiques connus ont été gravés ou peints à la cathédrale durant l’époque médiévale : inscriptions funéraires pour les archevêques de Bourges et un chanoine, textes en relation avec les personnages sculptés et surtout messages peints sur les vitraux.


Ensemble des inscriptions placées sur vitraux

Ayant conservé une grande partie de sa vitrerie d’origine, la cathédrale de Bourges abrite l’un des plus importants ensembles de vitraux du premier tiers du xiiie siècle. Cette église possède également une somptueuse collection de vitraux du Moyen âge tardif et des xvie -xviie siècles. Mis à part les quelques fragments du xiie siècle remontés dans des verrières composites (CV 28, 34, 36), on distingue trois ensembles différents dans les baies du xiiie siècle : les verrières « légendaires » dans les baies du déambulatoire et dans celles des chapelles rayonnantes (au nombre de vingt-deux), les verrières à grands personnages et en pleine couleur du déambulatoire intérieur et des fenêtres hautes du collatéral intérieur, les fenêtres à grisaille des parties hautes et des bas côtés de la nef où le décor figuré ne tient qu’une place secondaire. De nouvelles dispositions sont inaugurées à la cathédrale de Bourges dans le domaine du décor vitré. Lisibles sans peine du sol, centrées sur un programme ecclésial clair, tout en étant parfois complexe, les verrières réunissent autour d’une galerie des archevêques du diocèse, du légendaire Ursin à saint Guillaume tout juste canonisé, apôtres et prophètes, Christ-Juge et Vierge à l’Enfant. En d’autres termes, elles montrent une anticipation du décor sculpté de la façade occidentale[2].




[1] En attendant la publication des actes du colloque consacré la cathédrale de Bourges, on verra la monographie de Christe Y., Brugger L., Bourges : la cathédrale, Saint-Léger-Vauban, 2000.
[2] Pour une présentation d’ensemble des inscriptions des vitraux de la cathédrale de Bourges, voir Debiais, Messages de pierre, 2009, p. 362-370.