​ (CV baie 21) Bourges, cathédrale Saint-Étienne ​- ​Identification de personnage dans le vitrail de sainte Marie l’Égyptienne  ​  ​


(CV baie 21) Bourges, cathédrale Saint-Étienne ​- ​Identification de personnage dans le vitrail de sainte Marie l’Égyptienne

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº32 ​  ​


Description générale

Identification des personnages représentés. 
Vitrail.  Dimensions de la verrière : 120x 600 cm. État de conservation : restauré par Coffetier et Steinheil en 1857, et par Chigot entre 1947 et 1955. Les trois panneaux du premier registre, le pan de gauche du deuxième registre et le pan de gauche ainsi que le pan central du troisième registre sont modernes. Ce vitrail est protégé au titre des Monuments Historiques (il a été classé au titre immeuble en 1862, référence : PM18000439). Inscription conservée in situ. Localisation : déambulatoire, côté nord, deuxième chapelle, baie ouest. Caractères peints.
Datation : vers 1205-1214 [datation par le support en accord avec l’analyse paléographique] et xixe - xixe siècles.

Bibliographie

Texte d’après l’original vu en place le 11 juin 2012.
Les vitraux du Centre et des Pays de la Loire, 1981, p. 170 [description du vitrail].

Description paléographique

Disposition horizontale sur une ligne. Écriture principalement onciale. Le deuxième C de egipciaca au sixième niveau est à l’envers. Les C sont doublés d’un trait fin ondulé à l’intérieur de la boucle. Dans la deuxième mention, G et I sont peut-être conjoints. Dans chacune des mentions, le premier A est courbe et ondulé, alors que le second a des lignes droites, une traverse brisée et un plateau débordant. Absence de ponctuation et d’abréviation.





Édition imitative


Sixième registre :
Scène de droite : Vie de sainte Marie l’Égyptienne, au-dessus de la scène (fond noir, lettres blanches) :
1 ​EGIPCIACA ​

Septième registre :
Scène centrale : Sainte Marie l’Égyptienne arrive au désert, au-dessus de la scène (fond noir, lettres jaunes) :
1 ​E[.]IPCIACA ​

Sixième registre :
Scène de droite : Vie de sainte Marie l’Égyptienne, au-dessus de la scène (fond noir, lettres blanches) :
1 ​GIPCIACA ​

Septième registre :
Scène centrale : Sainte Marie l’Égyptienne arrive au désert, au-dessus de la scène (fond noir, lettres jaunes) :
1 ​[.]IPCIACA ​

Sixième registre :
Scène de droite : Vie de sainte Marie l’Égyptienne, au-dessus de la scène (fond noir, lettres blanches) :
1 ​GIPCIACA ​

Septième registre :
Scène centrale : Sainte Marie l’Égyptienne arrive au désert, au-dessus de la scène (fond noir, lettres jaunes) :
1 ​[.]IPCIACA ​

Légende

Violet : caractères allographes.



Sixième registre :
Scène de droite : Vie de sainte Marie l’Égyptienne, au-dessus de la scène (fond noir, lettres blanches) :
1 ​GIPCIACA ​

Septième registre :
Scène centrale : Sainte Marie l’Égyptienne arrive au désert, au-dessus de la scène (fond noir, lettres jaunes) :
1 ​[.]IPCIACA ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



Sixième registre :
Scène de droite : Vie de sainte Marie l’Égyptienne, au-dessus de la scène (fond noir, lettres blanches) :
1 ​GIPCIACA ​

Septième registre :
Scène centrale : Sainte Marie l’Égyptienne arrive au désert, au-dessus de la scène (fond noir, lettres jaunes) :
1 ​[.]IPCIACA ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



Sixième registre :
Scène de droite : Vie de sainte Marie l’Égyptienne, au-dessus de la scène (fond noir, lettres blanches) :
1 ​GIPCIACA

Septième registre :
Scène centrale : Sainte Marie l’Égyptienne arrive au désert, au-dessus de la scène (fond noir, lettres jaunes) :
1 ​[.]IPCIACA

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Egipciaca ; E[g] ipciaca.

Traduction

L’Égyptienne ; l’Égyptienne.

Commentaire

La verrière est consacrée à sainte Marie l’Égyptienne (la sainte devant la statue de la Vierge, sa vie dans le désert, sa mort, son ensevelissement et son âme dans le sein d’Abraham), dont la légende est connue par Hildebert du Mans et Jacques de Voragine[1].

Contrairement à d’autres saints, son nom apparaît uniquement dans deux scènes capitales de sa conversion : lorsqu’après avoir supplié la Vierge, elle peut enfin pénétrer dans la basilique de la Résurrection à Jérusalem ; puis dans la scène après le passage du Jourdain qui inaugure sa nouvelle vie dans le désert. Un vitrail de la cathédrale Saint-Étienne d’Auxerre, datant du deuxième quart du xiiie siècle, est également consacré à saint Marie l’Égyptienne ; toutefois, ce n’est pas son nom qui y a été peint, mais celui de l’ermite Zosime[2].


Présentation du site

La cathédrale Saint-Étienne de Bourges constitue l'une des réalisations architecturales majeures du xiiie siècle. Commencée à la fin du xiie siècle par Henri de Sully, elle fut consacrée le 5 mai 1324 par l'archevêque Guillaume de Brosse. Les portails latéraux sont le témoignage de l'édifice immédiatement antérieur. Ses dimensions, ses formes, l'importance de sa vitrerie encore en place ont permis à l'édifice de bénéficier de nombreuses études auxquelles nous renvoyons le lecteur pour des informations plus détaillées[3]. Une soixantaine de textes épigraphiques connus ont été gravés ou peints à la cathédrale durant l’époque médiévale : inscriptions funéraires pour les archevêques de Bourges et un chanoine, textes en relation avec les personnages sculptés et surtout messages peints sur les vitraux.


Ensemble des inscriptions placées sur vitraux

Ayant conservé une grande partie de sa vitrerie d’origine, la cathédrale de Bourges abrite l’un des plus importants ensembles de vitraux du premier tiers du xiiie siècle. Cette église possède également une somptueuse collection de vitraux du Moyen âge tardif et des xvie -xviie siècles. Mis à part les quelques fragments du xiie siècle remontés dans des verrières composites (CV 28, 34, 36), on distingue trois ensembles différents dans les baies du xiiie siècle : les verrières « légendaires » dans les baies du déambulatoire et dans celles des chapelles rayonnantes (au nombre de vingt-deux), les verrières à grands personnages et en pleine couleur du déambulatoire intérieur et des fenêtres hautes du collatéral intérieur, les fenêtres à grisaille des parties hautes et des bas côtés de la nef où le décor figuré ne tient qu’une place secondaire. De nouvelles dispositions sont inaugurées à la cathédrale de Bourges dans le domaine du décor vitré. Lisibles sans peine du sol, centrées sur un programme ecclésial clair, tout en étant parfois complexe, les verrières réunissent autour d’une galerie des archevêques du diocèse, du légendaire Ursin à saint Guillaume tout juste canonisé, apôtres et prophètes, Christ-Juge et Vierge à l’Enfant. En d’autres termes, elles montrent une anticipation du décor sculpté de la façade occidentale[4].




[1] VSB 4, p. 30-36 ; BS 8, col. 981-994 ; LCI 7, col. 507-511.
[2] CIFM 21, 19, p. 26.
[3] En attendant la publication des actes du colloque consacré la cathédrale de Bourges, on verra la monographie de Christe Y., Brugger L., Bourges : la cathédrale, Saint-Léger-Vauban, 2000.
[4] Pour une présentation d’ensemble des inscriptions des vitraux de la cathédrale de Bourges, voir Debiais, Messages de pierre, 2009, p. 362-370.