​ (CV baie 36) Bourges, cathédrale Saint-Étienne ​- ​ Commentaire de scène dans le vitrail de Marie Madeleine  ​  ​


(CV baie 36) Bourges, cathédrale Saint-Étienne ​- ​ Commentaire de scène dans le vitrail de Marie Madeleine

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº37 ​  ​


Description générale

Commentaire de scène. 
Vitrail.  Dimensions de la verrière : 270x 600 cm. État de conservation : restauré par Chigot en 1947 et 1955. Inscription conservée in situ. Localisation : nef, bas-côté sud, première baie à l'ouest de l'entrée sud. Caractères peints.
Datation : 3e quart du XIIe siècle [datation par le support en accord avec l’analyse paléographique] et XXe siècles.

Bibliographie

Texte d’après l’original vu en place le 11 juin 2012.
Les vitraux du Centre et des Pays de la Loire, 1981, p. 175 [description du vitrail].

Description paléographique

Disposition horizontale sur une ligne. Mélange de capitales et d’onciales (E, G et T). Module étroit et tracé fin. Pleins et déliés marqués, présence d’empattements. Pas d’abréviation. Ponctuation par deux points verticaux.





Édition imitative


Panneau représentant Marie Madeleine lavant les pieds de Jésus (fond sombre, lettres claires)
1 ​---]I ​: ​TERGEBA[.] ​CRIMNA ​: ​VIS ​: ​EST ​: ​

Panneau représentant Marie Madeleine lavant les pieds de Jésus (fond sombre, lettres claires)
1 ​---]I ​: ​ꞆRGBA[.] ​CRIMNA ​: ​VIS ​: ​ST ​: ​

Panneau représentant Marie Madeleine lavant les pieds de Jésus (fond sombre, lettres claires)
1 ​---]I ​: ​RGBA[.] ​CRIMNA ​: ​VIS ​: ​ST ​: ​

Légende

Violet : caractères allographes.



Panneau représentant Marie Madeleine lavant les pieds de Jésus (fond sombre, lettres claires)
1 ​---]I ​: ​ꞆRGBA[.] ​CRIMNA ​: ​VIS ​: ​ST ​: ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



Panneau représentant Marie Madeleine lavant les pieds de Jésus (fond sombre, lettres claires)
1 ​---]I ​: ​ꞆRGBA[.] ​CRIMNA ​: ​VIS ​: ​ST ​: ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



Panneau représentant Marie Madeleine lavant les pieds de Jésus (fond sombre, lettres claires)
1 ​---]I:ꞆRGBA[.]CRIMNA:VIS:ST:

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

[---]i tergeba[t]. Crim(i)na vis est.

Traduction

(...) elle essuyait. Ses crimes, c’est sa force.

Commentaire

Ce texte correspond en partie seulement à un passage de Luc VII, 38 : et stans retro ad pedes ejus fluens, lacrymis suis lavit pedes ejus, et capillis capitis sui tergebat. Le mot crimina, synonyme de peccata, peut faire allusion au verset 47 : Propter quod dico tibi : Remittuntur ei peccata multa. L’inscription est lacunaire et il ne reste qu’une scène de ce vitrail ; la traduction de la deuxième partie n’est qu’une proposition et il est donc difficile d’aller plus loin dans l’interprétation, d’autant plus que cette partie a été très restaurée. Un vitrail légendé est consacré à sainte Marie Madeleine à la cathédrale Saint-Étienne d’Auxerre[1], Notre-Dame de Chartres[2] et à la cathédrale de Clermont-Ferrand[3].


Présentation du site

La cathédrale Saint-Étienne de Bourges constitue l'une des réalisations architecturales majeures du xiiie siècle. Commencée à la fin du xiie siècle par Henri de Sully, elle fut consacrée le 5 mai 1324 par l'archevêque Guillaume de Brosse. Les portails latéraux sont le témoignage de l'édifice immédiatement antérieur. Ses dimensions, ses formes, l'importance de sa vitrerie encore en place ont permis à l'édifice de bénéficier de nombreuses études auxquelles nous renvoyons le lecteur pour des informations plus détaillées[4]. Une soixantaine de textes épigraphiques connus ont été gravés ou peints à la cathédrale durant l’époque médiévale : inscriptions funéraires pour les archevêques de Bourges et un chanoine, textes en relation avec les personnages sculptés et surtout messages peints sur les vitraux.


Ensemble des inscriptions placées sur vitraux

Ayant conservé une grande partie de sa vitrerie d’origine, la cathédrale de Bourges abrite l’un des plus importants ensembles de vitraux du premier tiers du xiiie siècle. Cette église possède également une somptueuse collection de vitraux du Moyen âge tardif et des xvie -xviie siècles. Mis à part les quelques fragments du xiie siècle remontés dans des verrières composites (CV 28, 34, 36), on distingue trois ensembles différents dans les baies du xiiie siècle : les verrières « légendaires » dans les baies du déambulatoire et dans celles des chapelles rayonnantes (au nombre de vingt-deux), les verrières à grands personnages et en pleine couleur du déambulatoire intérieur et des fenêtres hautes du collatéral intérieur, les fenêtres à grisaille des parties hautes et des bas côtés de la nef où le décor figuré ne tient qu’une place secondaire. De nouvelles dispositions sont inaugurées à la cathédrale de Bourges dans le domaine du décor vitré. Lisibles sans peine du sol, centrées sur un programme ecclésial clair, tout en étant parfois complexe, les verrières réunissent autour d’une galerie des archevêques du diocèse, du légendaire Ursin à saint Guillaume tout juste canonisé, apôtres et prophètes, Christ-Juge et Vierge à l’Enfant. En d’autres termes, elles montrent une anticipation du décor sculpté de la façade occidentale[5].




[1] CIFM 21, 20, p. 26-27.
[2] Corpus vitrearum 46.
[3] . CIFM 18, Puy-de-Dôme 22, p. 172-174
[4] En attendant la publication des actes du colloque consacré la cathédrale de Bourges, on verra la monographie de Christe Y., Brugger L., Bourges : la cathédrale, Saint-Léger-Vauban, 2000.
[5] Pour une présentation d’ensemble des inscriptions des vitraux de la cathédrale de Bourges, voir Debiais, Messages de pierre, 2009, p. 362-370.