​ (CV baie 101) Bourges, cathédrale Saint-Étienne ​- ​Identification de personnages dans les verrières de saint Laurent et saint Ursin  ​  ​


(CV baie 101) Bourges, cathédrale Saint-Étienne ​- ​Identification de personnages dans les verrières de saint Laurent et saint Ursin

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº38 ​  ​


Description générale

Identification des personnages représentés. 
Vitrail.  Dimensions de la verrière : 425x 300 cm. État de conservation : baie restaurée par Bonnot après 1893 et par Lorin entre 1944 et 1946. Ce vitrail est protégé au titre des Monuments Historiques (il a été classé au titre immeuble en 1862, référence : PM18000440). Inscription conservée in situ. Localisation : viterie intermédiaire, collatéral intérieur, choeur, côté nord, deux lancettes.Lettres formées par des morceaux de verre tenité ou non.
Datation : vers 1210-1225 [datation par le support en accord avec l’analyse paléographique] et XIXe - XXe siècles.

Bibliographie

Texte d’après l’original vu en place le 11 juin 2012.
Les vitraux du Centre et des Pays de la Loire, 1981, p. 175 [description du vitrail].

Description paléographique

Disposition horizontale sur deux lignes. Capitales pour la première, mélange de capitales et d’onciales pour la seconde. A à plateau débordant et à chevron dans sanctus et Laurencius. Le R de Laurencius a une forme proche du S. Abréviations : apostrophe après le S pour signaler l’abréviation de sanctus, pour la finale -us de Ursinus et pour le S final de Laurencius. Absence de ponctuation. N perlé avec une barre transversale à l’envers dans Laurencius.





Édition imitative


Lancette ouest :
De part et d’autre des épaules de saint Ursin (fond marron, lettres blanches) :
1 ​S ​V
2 ​RSI/N ​


Lancette est :
Aux pieds de saint Laurent (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​SANCTVS ​L
2 ​AVRENCIV ​

Lancette ouest :
De part et d’autre des épaules de saint Ursin (fond marron, lettres blanches) :
1 ​S ​V
2 ​RSI/N ​

Lancette est :
Aux pieds de saint Laurent (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​SANCTVS ​L
2 ​AVRENCIV ​

Lancette ouest :
De part et d’autre des épaules de saint Ursin (fond marron, lettres blanches) :
1 ​S ​V
2 ​RSI/N ​


Lancette est :
Aux pieds de saint Laurent (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​SANCTVS ​L
2 ​AVRENCIV ​

Légende

Violet : caractères allographes.



Lancette ouest :
De part et d’autre des épaules de saint Ursin (fond marron, lettres blanches) :
1 ​S ​V
2 ​RSI/N
 ​


Lancette est :
Aux pieds de saint Laurent (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​SANCTVS ​L
2 ​AVRENCIV
 ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



Lancette ouest :
De part et d’autre des épaules de saint Ursin (fond marron, lettres blanches) :
1 ​S ​V
2 ​RSI/N ​


Lancette est :
Aux pieds de saint Laurent (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​SANCTVS ​L
2 ​AVRENCIV ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



Lancette ouest :
De part et d’autre des épaules de saint Ursin (fond marron, lettres blanches) :
1 ​SV
2 ​RSIFigureN


Lancette est :
Aux pieds de saint Laurent (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​SANCTVSL
2 ​AVRENCIV

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

S(anctus) Ursin(us). Sanctus Laurenciu(s).

Traduction

Saint Ursin. Saint Laurent.

Commentaire

La technique utilisée pour réaliser les inscriptions dans la vitrerie des parties hautes du chœur est différente de celle des baies du rez-de-chaussée. Dans ces verrières à grands personnages, les caractères ne sont pas peints, mais formés d’un assemblage de morceaux de verre. Il n’y a que des mentions nominatives, placées dans la majorité des cas au bas du personnage représenté. Les lancettes sont regroupées par deux ou par trois.

Saint Ursin est le premier évêque de Bourges[1] ; un des portails de la cathédrale lui est consacré, mais il semble que sa représentation sur ce vitrail soit plus ancienne[2]. Saint Laurent apparaît aussi dans une baie légendée d’une chapelle du déambulatoire (notice no 19).


Présentation du site

La cathédrale Saint-Étienne de Bourges constitue l'une des réalisations architecturales majeures du xiiie siècle. Commencée à la fin du xiie siècle par Henri de Sully, elle fut consacrée le 5 mai 1324 par l'archevêque Guillaume de Brosse. Les portails latéraux sont le témoignage de l'édifice immédiatement antérieur. Ses dimensions, ses formes, l'importance de sa vitrerie encore en place ont permis à l'édifice de bénéficier de nombreuses études auxquelles nous renvoyons le lecteur pour des informations plus détaillées[3]. Une soixantaine de textes épigraphiques connus ont été gravés ou peints à la cathédrale durant l’époque médiévale : inscriptions funéraires pour les archevêques de Bourges et un chanoine, textes en relation avec les personnages sculptés et surtout messages peints sur les vitraux.


Ensemble des inscriptions placées sur vitraux

Ayant conservé une grande partie de sa vitrerie d’origine, la cathédrale de Bourges abrite l’un des plus importants ensembles de vitraux du premier tiers du xiiie siècle. Cette église possède également une somptueuse collection de vitraux du Moyen âge tardif et des xvie -xviie siècles. Mis à part les quelques fragments du xiie siècle remontés dans des verrières composites (CV 28, 34, 36), on distingue trois ensembles différents dans les baies du xiiie siècle : les verrières « légendaires » dans les baies du déambulatoire et dans celles des chapelles rayonnantes (au nombre de vingt-deux), les verrières à grands personnages et en pleine couleur du déambulatoire intérieur et des fenêtres hautes du collatéral intérieur, les fenêtres à grisaille des parties hautes et des bas côtés de la nef où le décor figuré ne tient qu’une place secondaire. De nouvelles dispositions sont inaugurées à la cathédrale de Bourges dans le domaine du décor vitré. Lisibles sans peine du sol, centrées sur un programme ecclésial clair, tout en étant parfois complexe, les verrières réunissent autour d’une galerie des archevêques du diocèse, du légendaire Ursin à saint Guillaume tout juste canonisé, apôtres et prophètes, Christ-Juge et Vierge à l’Enfant. En d’autres termes, elles montrent une anticipation du décor sculpté de la façade occidentale[4].




[1] VSB 11, p. 282 ; BS 12, col. 861-863 ; LCI 8, col. 518-520.
[2] IAC, t. III-3, p. 1295-1296.
[3] En attendant la publication des actes du colloque consacré la cathédrale de Bourges, on verra la monographie de Christe Y., Brugger L., Bourges : la cathédrale, Saint-Léger-Vauban, 2000.
[4] Pour une présentation d’ensemble des inscriptions des vitraux de la cathédrale de Bourges, voir Debiais, Messages de pierre, 2009, p. 362-370.