Identification des personnages représentés. Vitrail. Dimensions de la verrière :
300x 425cm. État de conservation : baie restaurée par Bonnot après 1893, puis par Lorin entre
1944 et 1946. L’authenticité de l’inscription de la lancette ouest est douteuse. Ce vitrail est protégé au titre
des Monuments Historiques (il a été classé au titre immeuble en 1862, référence : PM18000440). Inscription conservée in situ. Localisation : vitrerie intermédiaire, collatéral intérieur, choeur, côté sud, deux lancettes. Caractères peints. Datation : vers 1210-1225 [datation par le support en accord avec l’analyse paléographique] et xixe - xxe siècles.
Bibliographie
Texte d’après l’original vu en place le 11 juin 2012. Les vitraux du Centre et des Pays de la Loire, 1981, p. 176 [description du vitrail].
Description paléographique
Disposition horizontale sur trois lignes. Mélange de capitales et d’onciales pour la première inscription, écriture onciale
ornée pour la deuxième. Abréviations : S barré pour sanctus. Ponctuation par trois points verticaux.
Lancette ouest : Aux pieds de Sulpice le Sévère (fond rouge, lettres blanches) : 1 S̅⁝SVLPI 2 CIVS⁝S 3 VRVS
Lancette est : Au pieds d’un archevêque (fond noir, lettres jaunes) : 1 SANCTFigureVSTR 2 ABIFigureSI 3 LVS
Légende
Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription. Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.
Édition normalisée
S(anctus) Sulpicius Severus. Sanct(us) [A]ustra{g}isilus.
Traduction
Saint Sulpice le Sévère. Saint Outrille.
Commentaire
La verrière de la lancette ouest, donnée par les bouchers, représente Sulpice le Sévère, archevêque de Bourges (581-584), comme le montrent ses attributs épiscopaux (crosse et mitre), mort sous le roi Gontran vers 591. Il est souvent confondu avec son homonyme, Sulpice Sévère, l’auteur d’une Vie de saint Martin dans la seconde moitié du ive siècle, qui connut un grand succès, et qui était honoré comme saint dans l’église de Tours. Un autre archevêque de Bourges porte le nom de Sulpice (624-647), mais il est surnommé « le Pieux ». Autrégisile ou Outrille fut archevêque de Bourges de 612 à 624, après avoir été évêque d’Auxerre entre 572 et 603, et abbé de Saint-Nizier[1].
Les techniques utilisées pour réaliser les inscriptions de ces deux lancettes sont différentes : la première, comme nombre des mentions épigraphiques de la partie haute, est formée d’un assemblage de morceaux de verre, tandis que la seconde, comme sur les baies du rez-de-chaussée, est peinte[2].
La cathédrale Saint-Étienne de Bourges constitue l'une des réalisations architecturales majeures du xiiie siècle. Commencée à la fin du xiie siècle par Henri de Sully, elle fut consacrée le 5 mai 1324 par l'archevêque Guillaume de Brosse. Les portails latéraux sont le témoignage de l'édifice immédiatement antérieur. Ses dimensions, ses formes, l'importance de sa vitrerie encore en place ont permis à l'édifice de bénéficier de nombreuses études auxquelles nous renvoyons le lecteur pour des informations plus détaillées[3]. Une soixantaine de textes épigraphiques connus ont été gravés ou peints à la cathédrale durant l’époque médiévale : inscriptions funéraires pour les archevêques de Bourges et un chanoine, textes en relation avec les personnages sculptés et surtout messages peints sur les vitraux.
Ayant conservé une grande partie de sa vitrerie d’origine, la cathédrale de Bourges abrite
l’un des plus importants ensembles de vitraux du premier tiers du xiiie siècle. Cette église possède
également une somptueuse collection de vitraux du Moyen âge tardif et des xvie
-xviie siècles.
Mis à part les quelques fragments du xiie siècle remontés dans des verrières composites (CV 28,
34, 36), on distingue trois ensembles différents dans les baies du xiiie siècle : les verrières « légendaires » dans les baies du déambulatoire et dans celles des chapelles rayonnantes (au nombre de
vingt-deux), les verrières à grands personnages et en pleine couleur du déambulatoire intérieur et
des fenêtres hautes du collatéral intérieur, les fenêtres à grisaille des parties hautes et des bas côtés
de la nef où le décor figuré ne tient qu’une place secondaire.
De nouvelles dispositions sont inaugurées à la cathédrale de Bourges dans le domaine du
décor vitré. Lisibles sans peine du sol, centrées sur un programme ecclésial clair, tout en étant
parfois complexe, les verrières réunissent autour d’une galerie des archevêques du diocèse, du
légendaire Ursin à saint Guillaume tout juste canonisé, apôtres et prophètes, Christ-Juge et
Vierge à l’Enfant. En d’autres termes, elles montrent une anticipation du décor sculpté de la
façade occidentale[4].
[1]VSB 5, p. 398-399 ; BS 2, col. 630 ; LCI 5, col. 294. [2] Sur l’ensemble de la vitrerie haute, voir l’étude de Karine Boulanger, « Les vitraux des parties hautes de la cathédrale de
Bourges : quelques observations sur leur réalisation » Autour de la cathédrale Saint-Étienne de Bourges (Bourges, Palais du
duc Jean, 28-30 octobre 2009), à paraître. [3] En attendant la publication des actes du colloque consacré la cathédrale de Bourges, on verra la monographie de Christe Y., Brugger L., Bourges : la cathédrale, Saint-Léger-Vauban, 2000. [4] Pour une présentation d’ensemble des inscriptions des vitraux de la cathédrale de Bourges, voir Debiais, Messages de pierre, 2009, p. 362-370.