​ (CV baie 200) Bourges, cathédrale Saint-Étienne ​- ​Identification de personnages dans les verrières de la Vierge et de saint Étienne  ​  ​


(CV baie 200) Bourges, cathédrale Saint-Étienne ​- ​Identification de personnages dans les verrières de la Vierge et de saint Étienne

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº41 ​  ​


Description générale

Identification de personnages. 
Vitrail.  Dimensions de la verrière : 250x 680 cm. État de conservation : baie restaurée par Steinheil et Leprévost en 1883-1884, puis par Lorin entre 1944 et 1946, enfin par Lorin et Petit entre 2001 et 2003. Ce vitrail est protégé au titre des Monuments Historiques (il a été classé au titre immeuble en 1862, référence : PM18000442). Inscription conservée in situ. Localisation : vitrerie haute, baie d'axe, deux lancettes. Lettres formées par des morceaux de verre teinté ou non.
Datation : vers 1210-1225 [datation par le support en accord avec l’analyse paléographique] et xixe - xxe siècles.

Bibliographie

Texte d’après l’original vu en place le 11 juin 2012.
Les vitraux du Centre et des Pays de la Loire, 1981, p. 178 [description du vitrail].

Description paléographique

Disposition horizontale sur deux lignes. Mélange de capitales et d’onciales pour la première inscription, écriture onciale ornée pour la deuxième. Module large et ductus épais. Abréviations : S suivi d’une apostrophe pour sanctus et Stephanus. Une seule marque de ponctuation par trois points verticaux.





Édition imitative


Lancette nord :
Aux pieds de la Vierge (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​SANCTA ​
2 ​MARIA ​


Lancette sud :
Aux pieds de saint Étienne (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​S ​⁝ ​STE
2 ​PHAN ​

Lancette nord :
Aux pieds de la Vierge (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​SANCTA ​
2 ​MARIA ​

Lancette sud :
Aux pieds de saint Étienne (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​S ​⁝ ​SꞆ
2 ​PAN ​

Lancette nord :
Aux pieds de la Vierge (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​SANCTA ​
2 ​MARIA ​


Lancette sud :
Aux pieds de saint Étienne (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​S ​⁝ ​S
2 ​PAN ​

Légende

Violet : caractères allographes.



Lancette nord :
Aux pieds de la Vierge (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​SANCTA ​
2 ​MARIA ​


Lancette sud :
Aux pieds de saint Étienne (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​S ​⁝ ​SꞆ
2 ​PAN
 ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



Lancette nord :
Aux pieds de la Vierge (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​SANCTA ​
2 ​MARIA ​


Lancette sud :
Aux pieds de saint Étienne (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​S ​⁝ ​SꞆ
2 ​PAN ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



Lancette nord :
Aux pieds de la Vierge (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​SANCTA
2 ​MARIA


Lancette sud :
Aux pieds de saint Étienne (fond rouge, lettres blanches) :
1 ​SSꞆ
2 ​PAN

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Sancta Maria. S(anctus) Stephan(us).

Traduction

Sainte Marie. Saint Étienne.

Commentaire

Ensemble des vitraux concernant saint Étienne

Saint Étienne est représenté tenant entre ses mains la maquette de la cathédrale, en face de la Vierge Marie présente sur l’autre lancette. Saint Étienne, à qui est dédiée l’église cathédrale de Bourges, est représenté avec son nom inscrit dans plusieurs baies. Celle-ci est située dans l’axe et à partir d’elle se font face les prophètes dans les baies du côté nord et les apôtres au côté sud. Dans cet ensemble de quinze baies, rassemblant quarante personnages, le Credo prophétique fait ainsi pendant au Symbole des Apôtres, sans que celui-ci soit inscrit. Dans une conception typologique, les prophètes sont non seulement annonciateurs du Messie, mais peuvent être considérés comme des préfigurations apostoliques. La représentation identique de tous les personnages en pied, avec une inscription nominative située au-dessous sur une ou deux lignes, rend le parallèle encore plus évident entre les figures vétéro- et néotestamentaires. Cependant le discours des vitraux de Bourges différent quelque peu du schéma habituel où l’on oppose les quatre grands prophètes (Daniel, Ézéchiel, Isaïe et Jérémie) aux quatre évangélistes (Matthieu, Marc, Luc et Jean), et les douze petits prophètes (Abdias, Aggée, Amos, Habacuc, Joël, Jonas, Malachie, Michée, Nahum, Osée, Sophonie et Zacharie) aux douze apôtres. À la cathédrale Saint-Étienne, les trois figures prophétiques de Jean Baptiste, David et Moïse, sont ajoutées, tandis que Paul, Barnabé et Silas ainsi que Cléophas sont inclus dans l’ensemble apostolique.


Présentation du site

La cathédrale Saint-Étienne de Bourges constitue l'une des réalisations architecturales majeures du xiiie siècle. Commencée à la fin du xiie siècle par Henri de Sully, elle fut consacrée le 5 mai 1324 par l'archevêque Guillaume de Brosse. Les portails latéraux sont le témoignage de l'édifice immédiatement antérieur. Ses dimensions, ses formes, l'importance de sa vitrerie encore en place ont permis à l'édifice de bénéficier de nombreuses études auxquelles nous renvoyons le lecteur pour des informations plus détaillées[1]. Une soixantaine de textes épigraphiques connus ont été gravés ou peints à la cathédrale durant l’époque médiévale : inscriptions funéraires pour les archevêques de Bourges et un chanoine, textes en relation avec les personnages sculptés et surtout messages peints sur les vitraux.


Ensemble des inscriptions placées sur vitraux

Ayant conservé une grande partie de sa vitrerie d’origine, la cathédrale de Bourges abrite l’un des plus importants ensembles de vitraux du premier tiers du xiiie siècle. Cette église possède également une somptueuse collection de vitraux du Moyen âge tardif et des xvie -xviie siècles. Mis à part les quelques fragments du xiie siècle remontés dans des verrières composites (CV 28, 34, 36), on distingue trois ensembles différents dans les baies du xiiie siècle : les verrières « légendaires » dans les baies du déambulatoire et dans celles des chapelles rayonnantes (au nombre de vingt-deux), les verrières à grands personnages et en pleine couleur du déambulatoire intérieur et des fenêtres hautes du collatéral intérieur, les fenêtres à grisaille des parties hautes et des bas côtés de la nef où le décor figuré ne tient qu’une place secondaire. De nouvelles dispositions sont inaugurées à la cathédrale de Bourges dans le domaine du décor vitré. Lisibles sans peine du sol, centrées sur un programme ecclésial clair, tout en étant parfois complexe, les verrières réunissent autour d’une galerie des archevêques du diocèse, du légendaire Ursin à saint Guillaume tout juste canonisé, apôtres et prophètes, Christ-Juge et Vierge à l’Enfant. En d’autres termes, elles montrent une anticipation du décor sculpté de la façade occidentale[2].




[1] En attendant la publication des actes du colloque consacré la cathédrale de Bourges, on verra la monographie de Christe Y., Brugger L., Bourges : la cathédrale, Saint-Léger-Vauban, 2000.
[2] Pour une présentation d’ensemble des inscriptions des vitraux de la cathédrale de Bourges, voir Debiais, Messages de pierre, 2009, p. 362-370.