Identification de personnages. Vitrail. Dimensions de la verrière :
250x 680 cm. État de conservation : baie restaurée par Steinheil et Leprévost en 1883-1884, puis par Lorin entre
1944 et 1946. Le début de la deuxième ligne de la lancette ouest est peut-être moderne. Ce vitrail est protégé au titre des Monuments
Historiques (il a été classé au titre immeuble en 1862, référence : PM18000442). Inscription conservée in situ. Localisation : vitrerie haute, chœur, côté nord, deux lancettes. Lettres formées par des morceaux de verre teinté ou non. Datation : vers 1210-1225 [datation par le support en accord avec l’analyse paléographique] et xixe - xxe siècles.
Bibliographie
Texte d’après l’original vu en place le 11 juin 2012. Les vitraux du Centre et des Pays de la Loire, 1981, p. 178 [description du vitrail].
Description paléographique
Disposition horizontale sur une ou deux lignes. Lettres capitales de gros module. Abréviations : S pour sanctus,
apostrophe pour la finale -us, tilde pour la contraction de Dei. Ponctuation par trois points verticaux entre les mots et
parfois à l’intérieur d’un mot.
Lancette ouest : Aux pieds de David (fond rouge, lettres blanches) : 1 DAV 2 IT · REX
Lancette est : Aux pieds de saint Jean (fond rouge, lettres
blanches) : 1 S IOHAN⁝ NES Sur le phylactère (fond rouge, lettres blanches) : 1 ECCE : AGN : DI̅
Lancette ouest : Aux pieds de David (fond rouge, lettres blanches) : 1 DAV
2 IT · REX
Lancette est : Aux pieds de saint Jean (fond rouge, lettres
blanches) : 1 S IOAN⁝ NS
Sur le phylactère (fond rouge, lettres blanches) : 1 CC : AGN : DI̅
Lancette ouest : Aux pieds de David (fond rouge, lettres blanches) : 1 DAV 2 IT · REX
Lancette est : Aux pieds de saint Jean (fond rouge, lettres
blanches) : 1 S IOAN⁝ NS Sur le phylactère (fond rouge, lettres blanches) : 1 CC : AGN : DI̅
Légende
Violet : caractères allographes.
Lancette ouest : Aux pieds de David (fond rouge, lettres blanches) : 1 DAV 2 IT · REX
Lancette est : Aux pieds de saint Jean (fond rouge, lettres
blanches) : 1 S IOAN⁝ NS Sur le phylactère (fond rouge, lettres blanches) : 1 CC : AGN : DI̅
Légende
Bleu : mot abrégé. Violet : signe d'abréviation.
Lancette ouest : Aux pieds de David (fond rouge, lettres blanches) : 1 DAV 2 IT · REX
Lancette est : Aux pieds de saint Jean (fond rouge, lettres
blanches) : 1 S IOAN⁝ NS Sur le phylactère (fond rouge, lettres blanches) : 1 CC : AGN : DI̅
Lancette ouest : Aux pieds de David (fond rouge, lettres blanches) : 1 DAV 2 IT·REX
Lancette est : Aux pieds de saint Jean (fond rouge, lettres
blanches) : 1 SIOAN⁝NS Sur le phylactère (fond rouge, lettres blanches) : 1 CC:AGN:DI̅
Légende
Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription. Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.
Édition normalisée
Davit rex. S(anctus) Johannes. Ecce agn(us) D(ei).
Traduction
Le roi David. Saint Jean. Voici l’Agneau de Dieu.
Commentaire
David et Jean Baptiste inaugurent la série des prophètes (voir l’explication générale ci-dessous autour des vitraux concernant saint Étienne). Jean
est considéré comme le dernier des prophètes ; « Voici l’Agneau de Dieu » est une citation de l’évangile de Jean
(I, 36), prononcée par saint Jean Baptiste.
Saint Étienne est représenté tenant entre ses mains la maquette de la cathédrale, en face de la Vierge Marie présente sur l’autre lancette. Saint Étienne, à qui est dédiée l’église cathédrale de Bourges, est représenté avec son nom inscrit dans plusieurs baies. Celle-ci est située dans l’axe et à partir d’elle se font face les prophètes dans les baies du côté nord et les apôtres au côté sud. Dans cet ensemble de quinze baies, rassemblant quarante personnages, le Credo prophétique fait ainsi pendant au Symbole des Apôtres, sans que celui-ci soit inscrit. Dans une conception typologique, les prophètes sont non seulement annonciateurs du Messie, mais peuvent être considérés comme des préfigurations apostoliques. La représentation identique de tous les personnages en pied, avec une inscription nominative située au-dessous sur une ou deux lignes, rend le parallèle encore plus évident entre les figures vétéro- et néotestamentaires.
Cependant le discours des vitraux de Bourges différent quelque peu du schéma habituel où l’on oppose les
quatre grands prophètes (Daniel, Ézéchiel, Isaïe et Jérémie) aux quatre évangélistes (Matthieu, Marc, Luc et
Jean), et les douze petits prophètes (Abdias, Aggée, Amos, Habacuc, Joël, Jonas, Malachie, Michée, Nahum,
Osée, Sophonie et Zacharie) aux douze apôtres. À la cathédrale Saint-Étienne, les trois figures prophétiques de
Jean Baptiste, David et Moïse, sont ajoutées, tandis que Paul, Barnabé et Silas ainsi que Cléophas sont inclus
dans l’ensemble apostolique.
La cathédrale Saint-Étienne de Bourges constitue l'une des réalisations architecturales majeures du xiiie siècle. Commencée à la fin du xiie siècle par Henri de Sully, elle fut consacrée le 5 mai 1324 par l'archevêque Guillaume de Brosse. Les portails latéraux sont le témoignage de l'édifice immédiatement antérieur. Ses dimensions, ses formes, l'importance de sa vitrerie encore en place ont permis à l'édifice de bénéficier de nombreuses études auxquelles nous renvoyons le lecteur pour des informations plus détaillées[1]. Une soixantaine de textes épigraphiques connus ont été gravés ou peints à la cathédrale durant l’époque médiévale : inscriptions funéraires pour les archevêques de Bourges et un chanoine, textes en relation avec les personnages sculptés et surtout messages peints sur les vitraux.
Ayant conservé une grande partie de sa vitrerie d’origine, la cathédrale de Bourges abrite
l’un des plus importants ensembles de vitraux du premier tiers du xiiie siècle. Cette église possède
également une somptueuse collection de vitraux du Moyen âge tardif et des xvie
-xviie siècles.
Mis à part les quelques fragments du xiie siècle remontés dans des verrières composites (CV 28,
34, 36), on distingue trois ensembles différents dans les baies du xiiie siècle : les verrières « légendaires » dans les baies du déambulatoire et dans celles des chapelles rayonnantes (au nombre de
vingt-deux), les verrières à grands personnages et en pleine couleur du déambulatoire intérieur et
des fenêtres hautes du collatéral intérieur, les fenêtres à grisaille des parties hautes et des bas côtés
de la nef où le décor figuré ne tient qu’une place secondaire.
De nouvelles dispositions sont inaugurées à la cathédrale de Bourges dans le domaine du
décor vitré. Lisibles sans peine du sol, centrées sur un programme ecclésial clair, tout en étant
parfois complexe, les verrières réunissent autour d’une galerie des archevêques du diocèse, du
légendaire Ursin à saint Guillaume tout juste canonisé, apôtres et prophètes, Christ-Juge et
Vierge à l’Enfant. En d’autres termes, elles montrent une anticipation du décor sculpté de la
façade occidentale[2].
[1] En attendant la publication des actes du colloque consacré la cathédrale de Bourges, on verra la monographie de Christe Y., Brugger L., Bourges : la cathédrale, Saint-Léger-Vauban, 2000. [2] Pour une présentation d’ensemble des inscriptions des vitraux de la cathédrale de Bourges, voir Debiais, Messages de pierre, 2009, p. 362-370.