​ Bourges, couvent des Cordeliers ​- ​Mention de construction.  ​  ​


Bourges, couvent des Cordeliers ​- ​Mention de construction.

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº64 ​  ​


Description générale

Mention de construction. 
Inconnu.  Inscription disparue (l’église a été détruite en 1831). On ignore la nature du support de l'inscription.
Datation : fin du XIIIe siècle ou début XIVe siècle [datation par identification du personnage].

Bibliographie

Texte d’après la lecture de Raynal.
Patriarchium Bituricense, 1657, II, p. 122 [texte] ; Thaumas de La Thaumassière, Histoire de Berry, 1689, livre V, n°67, p. 391 [texte avec variantes orthographiques] ; Raynal, Histoire du Berry, 1844, II, p. 312 [texte].

Description paléographique

Disposition sur quatre lignes ; écriture reproduite en minuscules gothiques chez Raynal.


Édition imitative


1 ​JOHANE ​DAME ​DE ​VIRZON ​
2 ​DE ​MAZIERES ​ET ​ROCHECORBON ​
3 ​CI ​FIT ​L' ​UNE ​ET ​L' ​AUTRE ​MAISON ​
4 ​DIEX ​LUI ​FACE ​A ​L' ​AME ​PARDON ​

1 ​JOHANE ​DAME ​DE ​VIRZON ​
2 ​DE ​MAZIERES ​ET ​ROCHECORBON ​
3 ​CI ​FIT ​L' ​UNE ​ET ​L' ​AUTRE ​MAISON ​
4 ​DIEX ​LUI ​FACE ​A ​L' ​AME ​PARDON ​

1 ​JOHANE ​DAME ​DE ​VIRZON ​
2 ​DE ​MAZIERES ​ET ​ROCHECORBON ​
3 ​CI ​FIT ​L' ​UNE ​ET ​L' ​AUTRE ​MAISON ​
4 ​DIEX ​LUI ​FACE ​A ​L' ​AME ​PARDON ​

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​JOHANE ​DAME ​DE ​VIRZON ​
2 ​DE ​MAZIERES ​ET ​ROCHECORBON ​
3 ​CI ​FIT ​L' ​UNE ​ET ​L' ​AUTRE ​MAISON ​
4 ​DIEX ​LUI ​FACE ​A ​L' ​AME ​PARDON ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​JOHANE ​DAME ​DE ​VIRZON ​
2 ​DE ​MAZIERES ​ET ​ROCHECORBON ​
3 ​CI ​FIT ​L' ​UNE ​ET ​L' ​AUTRE ​MAISON ​
4 ​DIEX ​LUI ​FACE ​A ​L' ​AME ​PARDON ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​JOHANEDAMEDEVIRZON
2 ​DEMAZIERESETROCHECORBON
3 ​CIFITL'UNEETL'AUTREMAISON
4 ​DIEXLUIFACEAL'AMEPARDON

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Johane ​dame de Virzon,
de Mazieres et Rochecorbon,
ci fit l' une et l' autre maison.
Diex lui face a l' ame pardon.


Traduction

Jeanne, dame de Vierzon, de Mézières et de Rochecorbon, fit ici l’une et l’autre maisons. Que Dieu lui pardonne.

Commentaire

Le texte, rédigé en français, est composé de quatre octosyllabes, avec une rime masculine unique. L’Ordre des frères mineurs n’eut d’église à Bourges que sous le pontificat de Jean de Sully (1261-1272). L’église et les bâtiments des Cordeliers furent commencés, dit-on, par Hervé III, seigneur de Vierzon. On ne sait exactement ce que désigne l’expression « l’une et l’autre maisons » dans cet ensemble. Le seigneur de Vierzon mourut à Tunis en 1270. Les travaux continuèrent grâce aux libéralités de sa veuve, Jeanne de Vierzon. Jeanne légua par son testament, daté de 1296, une rente de 200 livres parisis, pour l’achèvement du chœur[1]. Cette inscription se rapporte peut-être à ce legs, mais peut-être aussi à d’autre libéralités dont on n'a plus trace. Elle peut avoir été réalisée dès la date du décès ou quelques années plus tard, au début du XIVe siècle. Au quatrième octosyllabe est employée la formule Diex li face a l’ame pardon, prière courante en fin d’épitaphe, et qui vient remplacer la formule latine d’origine liturgique anima requiescat in pace[2]. On la trouve couramment avec des variantes dès la seconde moitié du XIIIe siècle, par exemple en Normandie[3].

L’usage de la langue vernaculaire est à mettre en relation avec le statut laïc de la défunte ; mais, outre la destinataire, le type des destinateurs – un Ordre Mendiant – est également à prendre en compte dans ce choix linguistique. Un texte un peu similaire rédigé en octosyllabes par des frères mineurs pour une femme laïque, Ysabeau d’Avaugour, se trouvait dans l’église des Cordeliers d’Angers au XIVe siècle[4].




[1] Lacour Fr., « L’implantation des ordres mendiants en Berry du XIIIe au XVe siècle », Cahiers d’archéologie et d’histoire du Berry, n°173, 2008, p. 3-18.
[2] Ingrand-Varenne E., « Formule épigraphique et langue : le cas de hic jacet », in Louviot Élise, La formule au Moyen Âge , ed. Turnhout, 2012, p. 171-190.
[3] Dans le corpus normand, cette expression est particulièrement employée dans les épitaphes de femmes laïques (CIFM 22, n°149, p. 232 ; n°151, p. 233 ; n°152, p. 234 ; n°178, p. 267).
[4] Debiais V., Écriture monumentale, écriture publique et écriture personnelle : perceptions, lectures et utilisations des inscriptions dans la communication médiévale (Ouest de la France, XIIIe-XIVe siècles), thèse de doctorat en Histoire médiévale sous la direction de Martin Aurell, Université de Poitiers, 2004, 2 n°75, p. 94.