Mention de construction. Inconnu. Inscription disparue (l’église a été détruite en 1831). On
ignore la nature du support de l'inscription. Datation : fin
du XIIIe siècle ou début XIVe siècle [datation par
identification du personnage].
Bibliographie
Texte d’après la lecture de Raynal. Patriarchium Bituricense, 1657,
II, p. 122 [texte] ; Thaumas de La Thaumassière, Histoire de
Berry, 1689,
livre
V, n°67, p. 391 [texte avec variantes
orthographiques] ; Raynal, Histoire du Berry, 1844,
II, p. 312
[texte].
Description paléographique
Disposition sur quatre lignes ; écriture reproduite en
minuscules gothiques chez Raynal.
Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription. Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.
Édition normalisée
Johane dame de Virzon, de Mazieres et Rochecorbon, ci fit l' une et l' autre maison. Diex lui face a l' ame pardon.
Traduction
Jeanne, dame de Vierzon, de Mézières et de Rochecorbon, fit ici l’une et l’autre
maisons. Que Dieu lui pardonne.
Commentaire
Le texte, rédigé en français, est composé de quatre octosyllabes, avec une rime
masculine unique. L’Ordre des frères mineurs n’eut d’église à Bourges que sous
le pontificat de Jean de Sully (1261-1272). L’église et les bâtiments des
Cordeliers furent commencés, dit-on, par Hervé III, seigneur de Vierzon. On ne
sait exactement ce que désigne l’expression « l’une et l’autre maisons » dans
cet ensemble. Le seigneur de Vierzon mourut à Tunis en 1270. Les travaux
continuèrent grâce aux libéralités de sa veuve, Jeanne de Vierzon. Jeanne légua
par son testament, daté de 1296, une rente de 200 livres parisis, pour
l’achèvement du chœur[1]. Cette inscription se rapporte peut-être à ce legs, mais peut-être aussi
à d’autre libéralités dont on n'a plus trace. Elle peut avoir été réalisée dès la
date du décès ou quelques années plus tard, au début du XIVe siècle. Au
quatrième octosyllabe est employée la formule Diex li face
a l’ame pardon, prière courante en fin d’épitaphe, et qui vient
remplacer la formule latine d’origine liturgique anima
requiescat in pace[2]. On la trouve
couramment avec des variantes dès la seconde moitié du XIIIe siècle, par
exemple en Normandie[3].
L’usage de la langue vernaculaire est à mettre en relation avec le statut laïc
de la défunte ; mais, outre la destinataire, le type des destinateurs – un Ordre
Mendiant – est également à prendre en compte dans ce choix linguistique. Un
texte un peu similaire rédigé en octosyllabes par des frères mineurs pour une
femme laïque, Ysabeau d’Avaugour, se trouvait dans l’église des Cordeliers
d’Angers au XIVe siècle[4].
[1]Lacour Fr., « L’implantation des
ordres mendiants en Berry du XIIIe au XVe siècle »,
Cahiers d’archéologie et d’histoire du Berry, n°173, 2008, p. 3-18. [2]Ingrand-Varenne E., « Formule épigraphique et langue : le cas de hic
jacet », in Louviot Élise, La formule au Moyen Âge , ed. Turnhout, 2012, p. 171-190. [3] Dans le corpus normand, cette expression est
particulièrement employée dans les épitaphes de femmes laïques
(CIFM 22, n°149, p. 232 ;
n°151, p. 233 ;
n°152, p. 234 ;
n°178, p. 267). [4]Debiais V., Écriture
monumentale, écriture publique et écriture personnelle : perceptions,
lectures et utilisations des inscriptions dans la communication médiévale
(Ouest de la France, XIIIe-XIVe siècles), thèse de doctorat en Histoire
médiévale sous la direction de Martin Aurell, Université de Poitiers, 2004,
2 n°75, p. 94.