Inscription des mois. Tympan du
portail. Pierre. État de conservation : bon. Inscription gravée en creux, avec traces de peinture rouge.
Inscription conservée, mais déplacée. Petit portail, tympan, registre
inférieur, sous les personnages placés sous les treize arcades, sur
trois dalles distinctes. Datation : XIIe [datation paléographique].
Bibliographie
Texte d’après l'original vu en place le 10 juin 2012. Buhot De Kersers, Statistique monumentale du Cher, t.II, 1977, p. 227
[mention]fig. 5, pl. XIX ; Le Luel, Le portail Saint-Ursin de Bourges, 2008[texte, illustration et commentaire] ; Le Luel, « Comment christianiser un ours ? », 2012, p. 161-172 [illustration, commentaire] ; Le Luel, « Images profanes et culture folklorique », 2005438-441 [mention, illustrations].
Description paléographique
Disposition horizontale sur une ligne. Écriture capitale,
très droite, V oncial (le second de junius et
le premier de julius). Module étroit, ductus fin.
N avec barre transversale en retrait des hastes ;
O en navette ; les barres des E ont toutes la même
longueur. Présence d’empattements. Hauteur des lettres : 5 cm.
Abréviations nombreuses et variables par lettres barrées (L
de aprilis ; B de september, october,
november et december ; R de
januarius), par suspension (apostrophe pour la
finale de maius) et contraction (entre le B et
le R de februarius marquée par un tilde, et
entre le G et le S de augustus). Une
seule marque de ponctuation : trois points verticaux entre
october et november. Pas de jeu de
lettres, ni de décor.
Le calendrier sculpté à Saint-Ursin présente deux points d’intérêt particuliers.
Sa place de choix, qui l’intègre pleinement au décor historié, semble être un
cas unique, car les représentations du cycle calendaire se trouvent
habituellement sur les voussures ou les piédroits, quand elles sont placées sur
un portail.
De plus, il débute en février. Bien que tous les calendriers ne commencent pas
par le même mois, le mois de janvier introduit la majorité des cycles. Le mois
de février relève ici d’un choix, également fait au tympan du portail nord
aujourd’hui détruit de l’abbatiale Notre-Dame de Déols. Nathalie Le Luel a mis
en relation de façon très convaincante le nom du premier évêque de Bourges Ursin
(construit sur la racine du mot « ours ») et la fête d’origine païenne de la
sortie de l’ours qui avait lieu le 2 février, animal considéré dans la première
moitié du Moyen Âge comme le roi des animaux ; il s’agirait d’éradiquer, par le
calendrier chrétien, des pratiques populaires en le superposant au calendrier
rural.
Dix noms de mois sur douze sont abrégés ; seuls juin et juillet sont écrits en
toutes lettres, ce dernier mois occupant d’ailleurs l’espace de deux arcades[1].
Présentation du site
L’église Saint-Ursin était une des collégiales de la ville de Bourges. Son portail roman est l’unique vestige monumental qui a survécu à sa vente comme Bien national en 1793 et à sa destruction en 1799. Il fut démonté et déplacé en 1810. Il se trouve actuellement dans le mur de la Préfecture (entre le n°10 et le n°12 de la rue du 95e de ligne). L’emplacement du portail à l’origine dans le bâtiment ecclésial est inconnu. S’agissait-il d’un portail latéral ou ornait-il la façade occidentale ? Cette seconde hypothèse est aujourd’hui privilégiée, mais il semble qu’il n’en était pas le portail principal, qui portait un agneau.
Selon la légende, Saint Ursin (ou saint Ours) fonda la première église de Bourges vers le milieu du IIIe siècle ; il est considéré comme le premier évêque. Après avoir subi d’importants dommages lors des invasions normandes au cours du IXe siècle, le culte aurait été rétabli au début du XIe siècle avec l’installation d’une communauté de chanoines en 1012. L’église était le centre d’un bourg suburbain (au nord-est de la cathédrale, à l’actuelle place Montaigne)[2].
Le tympan de Saint-Ursin doit sa célébrité à son iconographie entièrement profane. Il est divisé en trois registres : sur la partie supérieure se trouvent des sujets empruntés aux fables médiévales inspirées de textes de l’Antiquité (l’âne maître d’école, le loup et la grue, le faux enterrement du goupil dans le Roman de Renart) ; puis au registre médian est sculptée une chasse à courre ; enfin la partie inférieure est occupée par les mois du calendrier. Les deux premiers registres sont anépigraphes.
[1] Pour d’autres études plus générales sur ce tympan, voir Le Luel N., « Approche
comparative entre deux programmes iconographiques profanes : le
portail Saint-Ursin de Bourges et le portail de Pescheria de la
cathédrale de Modène » dans Arte
Lombarda. Atti del Convegno internazionale di studi , Parma, 26-29 Settembre
2001 , ed. A. C. Quintavalle,
, Parme, Electa, 2004, p. 614-627; « L’âne, le loup, la grue et le renard : à propos
de la frise des fables du tympan de Saint-Ursin de
Bourges » Reinardus, 18, 2006, p. 53-68. [2]Péricard J., « Les communautés canoniales en Berry. L’exemple des chapitres Saint-Ursin et Saint-Outrille (XIe-XVIIIe siècle) », dans Collégiales et chanoines dans le centre de la France du Moyen Âge à la Révolution, dir. Anne Massoni, Limoges, 2010, p. 57-80.