​ Bourges, ancienne collégiale Saint-Ursin ​- ​Signature d'artiste  ​  ​


Bourges, ancienne collégiale Saint-Ursin ​- ​Signature d'artiste

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº69 ​  ​


Description générale


Tympan du portail. ​ Pierre.  Gravée en creux. Inscription conservée, mais déplacée. Petit portail, clé du linteau. Dimensions du champ épigraphique : 12 cm de hauteur. État de conservation : bon.
Datation : première moitié du XIIe [datation paléographique].

Bibliographie

Texte d’après l’original vu en place le 10 juin 2012.
Didron, «  Documents sur les artistes du Moyen Âge  », 1842-43, p. 337 [texte]  ; Raynal, Histoire du Berry, 1845, t. I , p. 428 [texte]  ; Vasseur, «  De Normandie en Nivernais  », 1868, p. 222 [texte]  ; Anonyme, «  Visite des monuments de Bourges  », 1900, p. 78 [texte]  ; Hardy, Gandhilon, Bourges et les abbayes et châteaux du Berry, 1912, p. 13 [texte]  ; Roffignac, «  Le tympan de la porte Saint-Ursin à Bourges », 1913, p. 48 [texte]  ; Porter, Romanesque Sculpture of the Pilgrimage Roads, t. VIII, 1923, pl. 1263 [illustration]  ; Deshoulières, Cher , Paris, 1932, p. 49 [texte fautif : Girardus] fig. p.48  ; Lapeyre, Des façades occidentales, 1960, p. 83, n°2 [texte]  ; Deschamps, Thibout, Souchal, Monuments français, 1965, p. 55 [illustration]  ; Cahn, The Romanesque Wooden Doors, 1974, p. 16 [texte]  ; Buhot de Kersers, Statistique monumentale du Cher, t. II, 1977, p. 227 [texte], fig. 5, pl. XIX  ; Favière, Berry roman, 1970, p. 215 [texte], fig. 106  ; Christe, «  La chasse du portail de Saint-Ursin à Bourges  », 1996, p. 100 [texte]  ; Le Luel, «  Images profanes et culture folklorique  », 2015, p. 438 [texte, commentaire, illustration]..

Description paléographique

Disposition horizontale sur deux lignes. Présence d’une double réglure (non seulement en haut et en bas, mais aussi sur les côtés, formant un cadre). Écriture capitale avec des formes très droites. Module irrégulier, (différence de taille des lettres entre les deux lignes, puis dans la deuxième ligne : les O et S sont plus petits), généralement assez large. C carré dans fecit ; les A sont à traverse brisée. O en losange dans portas et de petit module. Les panses des P et R sont petites et hautes. T et A sont conjoints dans istas et portas. Enclavement du I dans le C de fecit. Absence de ponctuation et de décor.





Édition imitative


1 ​GIRAVLDVS ​
2 ​FECIT ​ISTAS ​PORTAS ​

1 ​GIRAVLDVS ​
2 ​FEIT ​ISTAS ​PORTAS ​

1 ​GIRAVLDVS ​
2 ​FEIT ​ISTAS ​PORTAS ​

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​GIRAVLDVS ​
2 ​FEIT ​ISTAS ​PORTAS ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​GIRAVLDVS ​
2 ​FEIT ​ISTAS ​PORTAS ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​GIRAVLDVS
2 ​FEITISTASPORTAS

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Girauldus ​fecit istas portas.


Traduction

Girauld a fait ces portes.

Commentaire

Au-dessous du calendrier évoqué dans la notice précédente se trouve la signature de Girauld qui a réalisé les vantaux. L’histoire du portail de Saint-Ursin, avec son démontage et son remontage, amène toutefois à se demander si la clé du linteau est en place. La pierre vient rompre le tore et empiéter sur le champ épigraphique du mois julius du côté gauche, ce qui pourrait indiquer qu’elle n’est pas à sa place originale. Cependant, du côté droit, la clé ne touche pas au champ épigraphique du mois d’août. De plus, le rinceau de la partie inférieure de la clé s’intègre parfaitement avec les autres rinceaux. Selon Yves Christe, la plaque n’est pas solidaire du tympan et a été insérée, probablement en 1812, dans sa bordure inférieure. Sans pouvoir résoudre la question de l’emplacement, signalons que d’autres inscriptions dites de signature d’artiste sont localisées sur le tympan du portail occidental, particulièrement en vue, par exemple à la cathédrale Saint-Lazare d’Autun[1].


Présentation du site

L’église Saint-Ursin était une des collégiales de la ville de Bourges. Son portail roman est l’unique vestige monumental qui a survécu à sa vente comme Bien national en 1793 et à sa destruction en 1799. Il fut démonté et déplacé en 1810. Il se trouve actuellement dans le mur de la Préfecture (entre le n°10 et le n°12 de la rue du 95e de ligne). L’emplacement du portail à l’origine dans le bâtiment ecclésial est inconnu. S’agissait-il d’un portail latéral ou ornait-il la façade occidentale ? Cette seconde hypothèse est aujourd’hui privilégiée, mais il semble qu’il n’en était pas le portail principal, qui portait un agneau.


Selon la légende, Saint Ursin (ou saint Ours) fonda la première église de Bourges vers le milieu du IIIe siècle ; il est considéré comme le premier évêque. Après avoir subi d’importants dommages lors des invasions normandes au cours du IXe siècle, le culte aurait été rétabli au début du XIe siècle avec l’installation d’une communauté de chanoines en 1012. L’église était le centre d’un bourg suburbain (au nord-est de la cathédrale, à l’actuelle place Montaigne)[2].


Le tympan de Saint-Ursin doit sa célébrité à son iconographie entièrement profane. Il est divisé en trois registres : sur la partie supérieure se trouvent des sujets empruntés aux fables médiévales inspirées de textes de l’Antiquité (l’âne maître d’école, le loup et la grue, le faux enterrement du goupil dans le Roman de Renart) ; puis au registre médian est sculptée une chasse à courre ; enfin la partie inférieure est occupée par les mois du calendrier. Les deux premiers registres sont anépigraphes.




[1] CIFM, 19, n°4 Saône-et-Loire, p. 56-58, pl. XXIII-XXV, fig. 48-52.
[2] Péricard J., « Les communautés canoniales en Berry. L’exemple des chapitres Saint-Ursin et Saint-Outrille (XIe-XVIIIe siècle) », dans Collégiales et chanoines dans le centre de la France du Moyen Âge à la Révolution, dir. Anne Massoni, Limoges, 2010, p. 57-80.