Au-dessous du calendrier évoqué dans la notice précédente se trouve la signature de Girauld qui a réalisé les vantaux. L’histoire du portail de Saint-Ursin, avec son démontage et son remontage, amène toutefois à se demander si la clé du linteau est en place. La pierre vient rompre le tore et empiéter sur le champ épigraphique du mois julius du côté gauche, ce qui pourrait indiquer qu’elle n’est pas à sa place originale. Cependant, du côté droit, la clé ne touche pas au champ épigraphique du mois d’août. De plus, le rinceau de la partie inférieure de la clé s’intègre parfaitement avec les autres rinceaux. Selon Yves Christe, la plaque n’est pas solidaire du tympan et a été insérée, probablement en 1812, dans sa bordure inférieure. Sans pouvoir résoudre la question de l’emplacement, signalons que d’autres inscriptions dites de signature d’artiste sont localisées sur le tympan du portail occidental, particulièrement en vue, par exemple à la cathédrale Saint-Lazare d’Autun[1].
Présentation du site
L’église Saint-Ursin était une des collégiales de la ville de Bourges. Son portail roman est l’unique vestige monumental qui a survécu à sa vente comme Bien national en 1793 et à sa destruction en 1799. Il fut démonté et déplacé en 1810. Il se trouve actuellement dans le mur de la Préfecture (entre le n°10 et le n°12 de la rue du 95e de ligne). L’emplacement du portail à l’origine dans le bâtiment ecclésial est inconnu. S’agissait-il d’un portail latéral ou ornait-il la façade occidentale ? Cette seconde hypothèse est aujourd’hui privilégiée, mais il semble qu’il n’en était pas le portail principal, qui portait un agneau.Selon la légende, Saint Ursin (ou saint Ours) fonda la première église de Bourges vers le milieu du IIIe siècle ; il est considéré comme le premier évêque. Après avoir subi d’importants dommages lors des invasions normandes au cours du IXe siècle, le culte aurait été rétabli au début du XIe siècle avec l’installation d’une communauté de chanoines en 1012. L’église était le centre d’un bourg suburbain (au nord-est de la cathédrale, à l’actuelle place Montaigne)[2].
Le tympan de Saint-Ursin doit sa célébrité à son iconographie entièrement profane. Il est divisé en trois registres : sur la partie supérieure se trouvent des sujets empruntés aux fables médiévales inspirées de textes de l’Antiquité (l’âne maître d’école, le loup et la grue, le faux enterrement du goupil dans le Roman de Renart) ; puis au registre médian est sculptée une chasse à courre ; enfin la partie inférieure est occupée par les mois du calendrier. Les deux premiers registres sont anépigraphes.