​ Bourges, Musée du Berry ​- ​ Fragment d'inscription funéraire ...nibus  ​  ​


Bourges, Musée du Berry ​- ​ Fragment d'inscription funéraire ...nibus

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº94 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire. 
Fragment droit d’une plate-tombe. ​ Pierre.  Dimensions de la pierre : 32,5 x 53 x cm. État de conservation : médiocre. Découverte avant 1870. Provenance exacte inconnue. ​ Localisation actuelle : scellée dans le mur de la maison des sœurs de Marie-Immaculée. Gravée en creux.
Datation : Fin du IXe ou début du XIe siècle [datation paléographique et par le formulaire].

Bibliographie

Texte d’après le cliché de l'original.
Buhot de Kersers, « Épigraphie romaine dans le département du Cher », 1870-1872, n°62, p. 166 [texte] ; Ruffier, « Les plates-tombes inscrites de Saint-Outrille-du-Château », 1986, p. 69 [texte, commentaire, illustration].

Description paléographique

Disposition horizontale sur quatre lignes. Lettres capitales très droites. Écriture élégante et claire. Hauteur des lettres : 7,5 cm. Traces d’une double réglure ; ponctuation triple et triangulaire à deux reprises. Aucune abréviation (le trait horizontal au-dessus du V à la troisième ligne est dû à un choc reçu par la pierre). Absence de liaison de lettres et de décor.





Édition imitative


1 ​---]NIBVS ​TV[--- ​
2 ​---] ​ISTI ​⁝ ​ ​MO ​[---
3 ​---] ​S ​ ​VIVAT ​[---
4 ​---] ​RELIS ​⁝ ​[---

1 ​---]NIBVS ​TV[--- ​
2 ​---] ​ISTI ​⁝ ​ ​MO ​[---
3 ​---] ​S ​ ​VIVAT ​[---
4 ​---] ​RELIS ​⁝ ​[---

1 ​---]NIBVS ​TV[--- ​
2 ​---] ​ISTI ​⁝ ​ ​MO ​[---
3 ​---] ​S ​ ​VIVAT ​[---
4 ​---] ​RELIS ​⁝ ​[---

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​---]NIBVS ​TV[--- ​
2 ​---] ​ISTI ​⁝ ​ ​MO ​[---
3 ​---] ​S ​ ​VIVAT ​[---
4 ​---] ​RELIS ​⁝ ​[---

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​---]NIBVS ​TV[--- ​
2 ​---] ​ISTI ​⁝ ​ ​MO ​[---
3 ​---] ​S ​ ​VIVAT ​[---
4 ​---] ​RELIS ​⁝ ​[---

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​---]NIBVSTV[---
2 ​---]ISTIMO[---
3 ​---]SVIVAT[---
4 ​---]RELIS[---

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

[---]nibus tu [---] isti mo [---] s vivat [--- ap]relis [---]

Traduction

[Pas de traduction proposée].

Commentaire

Il est difficile de retrouver des formules présentes à Bourges dans ce court fragment. Le verbe vivere n’apparaît jamais sous cette forme sur les autres plates-tombes. Cette inscription se rapproche par son écriture davantage de la précédente que de la série provenant de Saint-Outrille-du-Château, bien qu’il y ait quelques différences paléographiques (le ductus de M dont les barres obliques ne descendent pas ici jusqu’à la ligne). Françoise Jenn attribue cette épitaphe à l’époque carolingienne.


Présentation du site et informations additionnelles

Le Musée du Berry possède une collection de vingt-cinq inscriptions funéraires du haut Moyen Âge, gravées essentiellement sur des plates-tombes, mais aussi sur des couvercles de sarcophage et peut-être des stèles. Elles proviennent pour la plupart de Saint-Outrille-du-Château où se trouvait un ensemble monastique urbain de Bourges, fondé probablement avant le VIe siècle. Le monastère reçut les sépultures de cinq évêques entre la fin du VIe siècle et le premier quart du VIIe siècle ; son rôle déclina par la suite et seul Étienne y encore est inhumé vers 830. Le nombre particulièrement élevé de ces épitaphes semble indiquer le statut particulier du site à l’époque. La découverte de ces textes épigraphiques s’est faite en quatre étapes, plus ou moins bien documentées pour les plus anciennes : la première avant 1870, puis en 1874, en 1934 et en 1981 lors de fouilles de sauvetage. Ces inscriptions sont classées ici par ordre de découverte la plus récente, qui est le classement adopté par Françoise Jenn et Oliver Ruffier dans leur article très détaillé sur lequel s’appuient ces notices[1]. La mission du CIFM dans les réserves du Musée du Berry à Bourges a permis de mettre au jour un nouveau fragment (notice n°95), ainsi que de découvrir une plate-tombe bûchée (non publiée puisqu’elle est désormais anépigraphe).


Il est difficile de dater avec précision ces textes, la confrontation de plusieurs critères permet de les attribuer aux époques mérovingienne (notices n°84-88 selon Olivier Ruffier) ou carolingienne, et peut-être certains d’entre eux relèvent-ils davantage du RICG que du CIFM. Sans être assuré de la datation haute et afin de respecter la cohérence de l’ensemble, il est préférable d’éditer toute la collection. Pour mieux comprendre la production épigraphique de ces périodes, nous renvoyons le lecteur au volume Hors Série n°1 du CIFM consacré aux épitaphes carolingiennes du Centre Ouest de la France (Poitou, Touraine, Anjou, Maine)[2].


Les défunts commémorés par ces inscriptions sont des hommes, des femmes et des enfants, dont le statut social n’est jamais mentionné ; on ne sait donc s’il s’agit de clercs ou de laïcs. Ces personnages sont, sans nul doute, des lettrés appartenant à une élite cultivée. Leur lien avec Saint-Outrille n’est pas connu. Les similitudes repérables dans la dizaine d’épitaphes découvertes en 1981 laissent penser à l’existence d’un atelier ayant travaillé pour la nécropole de Saint-Outrille, sur une période de temps assez brève. La composition formulaire de cette série a été étudiée par Cécile Treffort[3]. Les rédacteurs, qui pouvaient être les lapicides eux-mêmes, avaient sans doute à leur disposition plusieurs membres de phrases, dont certains étaient versifiés, et ils les associaient comme ils l’entendaient.




[1] Jenn, Ruffier, « Les plates-tombes de Saint-Outrille-du-Château », 1986, p. 33-74.
[2] Voir aussi Treffort C., Mémoires carolingiennes. L’épitaphe entre célébration mémorielle, genre littéraire et manifeste politique (milieu VIIIe-début XIe siècle) , Rennes, 2007.
[3] Sur la composition des inscriptions carolingiennes de Saint-Outrille, voir Treffort C., « Corps individuel, corps social, corps eschatologique. Le discours sur le corps dans les épitaphes carolingiennes » Actes du colloque du XXXVe Congrès international de l'Association des Professeurs de Langues Anciennes de l'Enseignement supérieur. Poitiers, 24-26 mai 2002 , Poitiers, 2004, p. 37-38 ; Treffort C., Mémoires carolingiennes, op. cit., p. 188-203, particulièrement et 194-195.