​ Bourges ​- ​Troisième inscription funéraire pour l’archevêque Audebert par Baudri de Bourgueil  ​  ​


Bourges ​- ​Troisième inscription funéraire pour l’archevêque Audebert par Baudri de Bourgueil

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº108 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire pour un archevêque de Bourges. 
Sans doute cette inscription n’a-t-elle jamais été gravée. ​ Localisation inconnue. Datation : 1097 [par identification du personnage et de l’auteur : Baudri de Bourgueil compose la majorité de ses « épitaphes » durant son abbatiat à Bourgueil (1078/82-1107)].

Bibliographie

Baudri de Bourgueil, Poèmes, éd. 1998, t. II, p. 98-99 n°157 [texte, traduction].

Édition

Audeberte ​pater, pater et sanctissime presul,
te Dolis ecce dolet, te dolet urbs Biturix.
His pater, his presul loca sic prefata regebas,
ut neuter vacuus esset amore tuo.
Ecce jacet corpus, si sit cinis ossaque corpus,
in Domino requiem spiritus inveniat.

Traduction

Vénérable Audebert, père et très saint évêque, Déols te déplore, te déplore la ville de Bourges. Père pour les uns, évêque pour les autres, tu dirigeais les établissements nommés précédemment, de telle manière qu’aucun des deux ne soit privé de ton amour. Voici que gît son corps, si cendre et os forment un corps, que son esprit trouve le repos dans le Seigneur.

Commentaire

Dans cette troisième épitaphe pour Audebert, composée de trois distiques élégiaques, Baudri met en avant la déploration commune du défunt de la part de Bourges et de Déols. Comme dans les épitaphes précédentes et les suivantes (la cinquième et la septième mises à part), il réunit les deux villes dans le même vers. De plus, au vers 2, elles sont le sujet du même verbe (dolet) répété deux fois, qui permet un jeu de sonorités avec le nom Dolis. Le poète joue avec les répétitions dans ce texte à caractère épigraphique dès le premier vers, avec le mot pater deux fois à la suite, au vers 4 avec corpus.


106-112 : Ensemble des sept inscriptions funéraires pour l’archevêque Audebert par Baudri de Bourgueil.

Audebert de Montmorillon fut archevêque de Bourges (1092-1097) et abbé de Déols (nommé en 1087). Il meurt à la fin de 1096 ou au début de 1097. Audebert fait l’objet de plusieurs écrits de la part de Baudri de Bourgueil : deux poèmes évoquant les rouleaux des morts (poèmes n° 22-23) et sept épitaphes retranscrites ici. Chacune est différente, que ce soit dans les formes poétiques employées (hexamètres, distiques élégiaques) ou la longueur du poème (de six à douze vers) et propose une variation sur deux sujets : la biographie d’Audebert avec son double statut, et la réalité présente de son corps mort. D’autres variations d’inscription funéraire pour un même défunt ont été éditées dans les volumes 24 et 25 du CIFM, mais il s’agissait au maximum de quatre textes[1]. Audebert est donc particulièrement privilégié par l’abbé de Bourgueil. Les deux hommes semblent avoir été proches. Les raisons du cumul peu canonique des deux statuts, qui sont parfois évoquées dans les épitaphes, ne sont pas claires : peut-être Urbain II a-t-il voulu régler de cette façon habile le différend qui avait opposé les moines de Déols à l’archevêque de Bourges, Richard, prédécesseur d’Audebert. Selon la Gallia christiana, la nomination d’Audebert comme archevêque aurait servi à résoudre un conflit entre les moines de Déols et les chanoines de Limoges.




[1] CIFM, 24, n°42-43 pour Noël et n°73 pour Frodon et n°130 pour Guillaume de Montsoreau et n°225-230 pour Hoël ; CIFM, 25, n°13-17 pour Pierre, prieur de l’abbaye de Déols et n°105-108 pour Alexandre, un jeune homme.