​ Bruère-Allichamps, abbaye de Noirlac ​- ​Inscription funéraire pour Raoul de La Châtre le Vieux et sa femme  ​  ​


Bruère-Allichamps, abbaye de Noirlac ​- ​Inscription funéraire pour Raoul de La Châtre le Vieux et sa femme

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº123 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire pour un couple de laïcs. 
Pierre.  Inscription disparue, mais encore lisible à la fin du XVIIe siècle. Localisation : dans le cloître, près de l’église. ​
Datation : 1171 [par identification du personnage] ou XIVe siècle.

Bibliographie

Texte d’après Thaumas de La Thaumassière.
Thaumas de la Thaumassière, Histoire du Berry, 1689, livre XI, chap. XI, p. 852 [texte] ; Deshoulières, « Monuments funéraires relevés en Berry par dom Claude Estiennot », 1921, p. 189 [texte].

Description paléographique

Disposition inconnue.


Édition imitative


HIC ​IACENT ​NOBILES ​PERSONAE ​RADVLFVS ​DE ​CASTRA ​MILES ​SENIOR ​ET ​DOMINA ​ODA ​EIVS ​VXOR ​ANIMAE ​EORVM ​REQVIESCANT ​IN ​PACE ​

HIC ​IACENT ​NOBILES ​PERSONAE ​RADVLFVS ​DE ​CASTRA ​MILES ​SENIOR ​ET ​DOMINA ​ODA ​EIVS ​VXOR ​ANIMAE ​EORVM ​REQVIESCANT ​IN ​PACE ​

HIC ​IACENT ​NOBILES ​PERSONAE ​RADVLFVS ​DE ​CASTRA ​MILES ​SENIOR ​ET ​DOMINA ​ODA ​EIVS ​VXOR ​ANIMAE ​EORVM ​REQVIESCANT ​IN ​PACE ​

Légende

Violet : caractères allographes.



HIC ​IACENT ​NOBILES ​PERSONAE ​RADVLFVS ​DE ​CASTRA ​MILES ​SENIOR ​ET ​DOMINA ​ODA ​EIVS ​VXOR ​ANIMAE ​EORVM ​REQVIESCANT ​IN ​PACE ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



HIC ​IACENT ​NOBILES ​PERSONAE ​RADVLFVS ​DE ​CASTRA ​MILES ​SENIOR ​ET ​DOMINA ​ODA ​EIVS ​VXOR ​ANIMAE ​EORVM ​REQVIESCANT ​IN ​PACE ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



HICIACENTNOBILESPERSONAERADVLFVSDECASTRAMILESSENIORETDOMINAODAEIVSVXORANIMAEEORVMREQVIESCANTINPACE

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Hic jacent nobiles personae Radulfus de Castra miles senior, et domina Oda, ejus uxor. Animae eorum requiescant in pace.

Traduction

Ici gisent les nobles personnes Raoul de La Châtre le Vieux, chevalier, et dame Ode, sa femme. Que leurs âmes reposent en paix.

Commentaire

Cette épitaphe double suit une composition très commune, avec la formule funéraire liminaire hic jacent et la prière finale animae eorum requiescant in pace. Les deux expressions sont au pluriel, alors que l’habitude est de les trouver au singulier car destinées à un seul défunt. L’expression nobiles personae est une épithète d’honneur. Pas plus que dans les inscriptions funéraires destinées aux religieux la date de décès n’est donnée dans celles pour les laïcs. Cette absence de référence chronologique et la disparition de l’inscription ne permettent pas de dater avec précision le texte.

Raoul de La Châtre, dit le Vieux, et sa femme Ode moururent en 1171 d’après Thaumas de La Thaumassière qui se fonde sur le nécrologe de l’abbaye. Leur épitaphe a peut-être été réalisée au moment de leur décès, mais la présence d’une autre tombe semblable à celle-ci, portant un écu aux armoiries analogues (selon les propos de Deshoulières) invite à la prudence. En effet, elle était destinée à Jean de La Châtre, mort en 1300. Les deux inscriptions, concernant des membres de la même famille, ont pu être gravées en même temps, c’est-à-dire au début du XIVe siècle. Deux autres critères plaident en faveur d’une datation très postérieure au décès : l’aspect collectif de la tombe et la structure du texte avec la présence d’épithètes nombreuses donnant le statut des défunts. Ces éléments sont plus caractéristiques du XIVe siècle que du XIIe.


115-132 : Ensemble des inscriptions funéraires de l'abbaye

L’abbaye de Noirlac est une des onze abbayes de Cisterciens implantées dans le Berry. En 1136, une première communauté de douze moines de Clairvaux vient s’installer au lieu-dit « la Maison-Dieu », mais ce n’est que grâce à la donation d’Ebbes de Charenton en 1150, que la construction de l’abbaye commence. Le premier abbé est Robert de Châtillon. L’abbaye prend le nom de Noirlac en 1290.


Dix-sept inscriptions funéraires sont connues pour l’abbaye. Seize d’entre elles ont disparu et sont transmises pour la plupart grâce au manuscrit de dom Estiennot, qui a visité les monastères du Berry dans les années 1673-1674. Elles concernent soit des abbés, soit le fondateur du monastère et sa famille proche, soit des membres de l’aristocratie laïque. Un seul fragment d’inscription est conservé ; il a été retrouvé lors de fouilles récentes.


Dom Estiennot a regroupé les inscriptions suivant leur localisation : salle capitulaire, cloître, intérieur de l’église. L’habitude du CIFM est de suivre l’ordre chronologique, le lecteur trouvera donc d’abord les textes concernant les abbés suivant leur numéro d’odre dans la série, puis les inscriptions pour des laïcs suivant leur date de décès. Ces inscriptions sont difficilement datables à partir du seul texte transmis. Toutes les inscriptions sont composées de manière identique : hic jacet (ou jacet), nom et statut du défunt ; puis, à partir du n°121, formule de prière. Deux hypothèses peuvent être formulées : soit elles ont été gravées à chaque décès, au cours des XIIe et XIIIe siècles ; soit il s’agit d’une réalisation en série, faite a posteriori, peut-être au XIVe siècle.