​ Bruère-Allichamps, abbaye de Noirlac ​- ​Inscription funéraire pour Ebbes de Charenton l’Ancien  ​  ​


Bruère-Allichamps, abbaye de Noirlac ​- ​Inscription funéraire pour Ebbes de Charenton l’Ancien

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº124 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire pour un laïc. 
Tombe avec effigie du défunt en tenue de chevalier. ​ Pierre.  Inscription disparue. Localisation : salle du chapitre, près de l’entrée. ​
Datation : seconde moitié du XIIe siècle [par identification du personnage]

Bibliographie

Texte d’après Deshoulières.
Thaumas de la Thaumassière, Histoire du Berry, 1689, livre X, chap. XV, p. 798 [texte] ; Deshoulières, « Monuments funéraires relevés en Berry par dom Claude Estiennot », 1921, p. 186-187 [texte incomplet].

Description paléographique

Disposition inconnue.


Édition imitative


HIC ​IACET ​EBO ​MILES ​DOMINVS ​DE ​CHARENTONIO ​ANIMA ​EIVS ​REQVIESCAT ​IN ​PACE ​

HIC ​IACET ​EBO ​MILES ​DOMINVS ​DE ​CHARENTONIO ​ANIMA ​EIVS ​REQVIESCAT ​IN ​PACE ​

HIC ​IACET ​EBO ​MILES ​DOMINVS ​DE ​CHARENTONIO ​ANIMA ​EIVS ​REQVIESCAT ​IN ​PACE ​

Légende

Violet : caractères allographes.



HIC ​IACET ​EBO ​MILES ​DOMINVS ​DE ​CHARENTONIO ​ANIMA ​EIVS ​REQVIESCAT ​IN ​PACE ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



HIC ​IACET ​EBO ​MILES ​DOMINVS ​DE ​CHARENTONIO ​ANIMA ​EIVS ​REQVIESCAT ​IN ​PACE ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



HICIACETEBOMILESDOMINVSDECHARENTONIOANIMAEIVSREQVIESCATINPACE

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Hic jacet Ebo, miles, dominus de Charentonio. Anima ejus requiescat in pace.

Traduction

Ci-gît Ebbes, chevalier, seigneur de Charenton. Que son âme repose en paix.

Commentaire

L’épitaphe latine est composée des deux formules funéraires de début et de fin, hic jacet et anima requiescat in pace. Le défunt est Ebbes V, seigneur de Charenton, grâce à la donation duquel l’abbaye fut fondée. Dom Estiennot ajoute que les mots effacés donnaient : Ebo de Calvianiaco, dominus de Carentonio, fundatos [sic] istius domus, et que ce texte aurait été altéré par les seigneurs de La Châtre qui prétendaient être les fondateurs de l’abbaye. Deshoulières précise que dom Estiennot commet une erreur, car aucun seigneur de Chauvigny (Calviniaco) n’a porté le nom d’Ebbes. Thaumas de La Thaumassière indique, quant à lui, que c’est la date qui est effacée.

Dans les premiers temps de l'ordre cistercien et en réaction aux pratiques clunisiennes, les statuts précisent qu’aucune personne extérieure à la communauté monastique ne peut être inhumée dans l'abbaye. En 1157, le Chapitre général de l'Ordre autorise toutefois les rois, les reines, les évêques, les seigneurs fondateurs et leurs familles à être inhumés dans l'église. Au XIIIe siècle, ces pratiques se banalisent largement et les sépultures de laïcs, notamment de fondateurs, se multiplient dans les cimetières, cloîtres et églises. De nombreuses sépultures de la famille d’Ebbes de Charenton se trouvaient à l’abbaye et forment ensemble une sorte de nécropole familiale.


115-132 : Ensemble des inscriptions funéraires de l'abbaye

L’abbaye de Noirlac est une des onze abbayes de Cisterciens implantées dans le Berry. En 1136, une première communauté de douze moines de Clairvaux vient s’installer au lieu-dit « la Maison-Dieu », mais ce n’est que grâce à la donation d’Ebbes de Charenton en 1150, que la construction de l’abbaye commence. Le premier abbé est Robert de Châtillon. L’abbaye prend le nom de Noirlac en 1290.


Dix-sept inscriptions funéraires sont connues pour l’abbaye. Seize d’entre elles ont disparu et sont transmises pour la plupart grâce au manuscrit de dom Estiennot, qui a visité les monastères du Berry dans les années 1673-1674. Elles concernent soit des abbés, soit le fondateur du monastère et sa famille proche, soit des membres de l’aristocratie laïque. Un seul fragment d’inscription est conservé ; il a été retrouvé lors de fouilles récentes.


Dom Estiennot a regroupé les inscriptions suivant leur localisation : salle capitulaire, cloître, intérieur de l’église. L’habitude du CIFM est de suivre l’ordre chronologique, le lecteur trouvera donc d’abord les textes concernant les abbés suivant leur numéro d’odre dans la série, puis les inscriptions pour des laïcs suivant leur date de décès. Ces inscriptions sont difficilement datables à partir du seul texte transmis. Toutes les inscriptions sont composées de manière identique : hic jacet (ou jacet), nom et statut du défunt ; puis, à partir du n°121, formule de prière. Deux hypothèses peuvent être formulées : soit elles ont été gravées à chaque décès, au cours des XIIe et XIIIe siècles ; soit il s’agit d’une réalisation en série, faite a posteriori, peut-être au XIVe siècle.