Après la formule liminaire de repos du défunt, cette inscription funéraire nomme le défunt et l’identifie, sans demande de prière, ni date de décès, comme dans nombre des épitaphes de Noirlac. Malgré les deux qualificatifs, Ebbes reste difficile à identifier au sein de la famille de Charenton. D’après la généalogie que dresse Thaumas de La Thaumassière pour les seigneurs de Charenton[1], Ebbes le Jeune est Ebbes VII, fils d’Ebbes VI et de Guiberge de Bourbon. Il serait mort jeune et sans enfant, noyé dans les eaux de Noirlac.
115-132 : Ensemble des inscriptions funéraires de l'abbaye
L’abbaye de Noirlac est une des onze abbayes de Cisterciens implantées dans le Berry. En 1136, une première communauté de douze moines de Clairvaux vient s’installer au lieu-dit « la Maison-Dieu », mais ce n’est que grâce à la donation d’Ebbes de Charenton en 1150, que la construction de l’abbaye commence. Le premier abbé est Robert de Châtillon. L’abbaye prend le nom de Noirlac en 1290.Dix-sept inscriptions funéraires sont connues pour l’abbaye. Seize d’entre elles ont disparu et sont transmises pour la plupart grâce au manuscrit de dom Estiennot, qui a visité les monastères du Berry dans les années 1673-1674. Elles concernent soit des abbés, soit le fondateur du monastère et sa famille proche, soit des membres de l’aristocratie laïque. Un seul fragment d’inscription est conservé ; il a été retrouvé lors de fouilles récentes.
Dom Estiennot a regroupé les inscriptions suivant leur localisation : salle capitulaire, cloître, intérieur de l’église. L’habitude du CIFM est de suivre l’ordre chronologique, le lecteur trouvera donc d’abord les textes concernant les abbés suivant leur numéro d’odre dans la série, puis les inscriptions pour des laïcs suivant leur date de décès. Ces inscriptions sont difficilement datables à partir du seul texte transmis. Toutes les inscriptions sont composées de manière identique : hic jacet (ou jacet), nom et statut du défunt ; puis, à partir du n°121, formule de prière. Deux hypothèses peuvent être formulées : soit elles ont été gravées à chaque décès, au cours des XIIe et XIIIe siècles ; soit il s’agit d’une réalisation en série, faite a posteriori, peut-être au XIVe siècle.