​ Bruère-Allichamps, abbaye de Noirlac ​- ​Inscription funéraire pour Gui  ​  ​


Bruère-Allichamps, abbaye de Noirlac ​- ​Inscription funéraire pour Gui

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº132 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire pour un homme. 
Plate-tombe fragmentaire, avec effigie. ​ Pierre.  État de conservation : médiocre, seul le haut de la plate-tombe est conservé, en trois fragments, et l’écriture est assez effacée, tout particulièrement au grand côté gauche. Provenance : Tombe découverte hors contexte, dans le comblement d’une sépulture, lors de fouilles réalisées en 2011[1]. ​
Datation : XIIIe siècle ou XIVe siècle [datation par l’analyse paléographique et par le support].

Description paléographique

Disposition horizontale, sur une seule ligne autour de la dalle, placée entre deux lignes finement gravées qui délimitent le champ épigraphique. Écriture très majoritairement onciale (T, H, E). Les E sont fermés pas un trait fin. Module étroit, ductus simple, alternance des pleins et des déliés. L’examen paléographique est toutefois rendu difficile par l’état de conservation médiocre de la dalle. Hauteur des lettres : 5 cm. Des restes de peinture noire sont encore visibles dans les lettres gravées. On ne note pas d’abréviation présente dans le fragment, si ce n’est peut-être un tilde au-dessus de Thao qui pourrait signaler une contraction, mais sans certitude. Ponctuation régulière entre chaque mot par deux points. Absence de décor.





Édition imitative


Grand côté gauche :
1 ​[.]IC ​: ​IAC[.]T ​: ​G

Petit côté supérieur :
1 ​VIDO ​: ​THAO ​: ​DE ​: ​VEV

Grand côté droit :
1 ​R[--- ​

Grand côté gauche :
1 ​[.]IC ​: ​IAC[.]T ​: ​G

Petit côté supérieur :
1 ​VIDO ​: ​ꞆhAO ​: ​D ​: ​VV

Grand côté droit :
1 ​R[--- ​

Grand côté gauche :
1 ​[.]IC ​: ​IAC[.]T ​: ​G

Petit côté supérieur :
1 ​VIDO ​: ​hAO ​: ​D ​: ​VV

Grand côté droit :
1 ​R[--- ​

Légende

Violet : caractères allographes.



Grand côté gauche :
1 ​[.]IC ​: ​IAC[.]T ​: ​G

Petit côté supérieur :
1 ​VIDO ​: ​ꞆhAO ​: ​D ​: ​VV

Grand côté droit :
1 ​R[--- ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



Grand côté gauche :
1 ​[.]IC ​: ​IAC[.]T ​: ​G

Petit côté supérieur :
1 ​VIDO ​: ​ꞆhAO ​: ​D ​: ​VV

Grand côté droit :
1 ​R[--- ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



Grand côté gauche :
1 ​[.]IC:IAC[.]T:G

Petit côté supérieur :
1 ​VIDO:ꞆhAO:D:VV

Grand côté droit :
1 ​R[---

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

[H] ic jac[e]t Guido Thao de Veur [---].

Traduction

Ici gît Gui Thao de Veur(…).

Commentaire

Dans la série des tombes avec inscriptions de l’abbaye de Noirlac, celle-ci est la seule à être conservée. Le personnage mentionné n’a pas été identifié ; on ne peut savoir s’il s’agissait d’un clerc ou d’un laïc. Après le nom de Gui est inscrit un autre mot, peut-être abrégé. Au grand côté droit, après le R, se trouve une lettre arrondie qui pourrait être un C ou un E. Sans plus d’information, il n’est pas possible de dire s’il s’agit d’un clerc ou d’un laïc. Le texte débute par la formule tumulaire habituelle, hic jacet.

Cette dalle présente deux originalités. La première est le fait que l’arcature trilobée (elle aussi récurrente) empiète sur le champ épigraphique qui court d’habitude en lisière de la tombe de manière continue, formant un cadre pour la représentation du défunt. Le second élément, lié au premier, est la localisation du départ du texte. Les épitaphes sur plates-tombes commencent le plus souvent au-dessus de la tête du défunt sur le petit côté supérieur (au début de la ligne ou au milieu et la présence d’une croix en est la marque graphique habituelle).


115-132 : Ensemble des inscriptions funéraires de l'abbaye

L’abbaye de Noirlac est une des onze abbayes de Cisterciens implantées dans le Berry. En 1136, une première communauté de douze moines de Clairvaux vient s’installer au lieu-dit « la Maison-Dieu », mais ce n’est que grâce à la donation d’Ebbes de Charenton en 1150, que la construction de l’abbaye commence. Le premier abbé est Robert de Châtillon. L’abbaye prend le nom de Noirlac en 1290.


Dix-sept inscriptions funéraires sont connues pour l’abbaye. Seize d’entre elles ont disparu et sont transmises pour la plupart grâce au manuscrit de dom Estiennot, qui a visité les monastères du Berry dans les années 1673-1674. Elles concernent soit des abbés, soit le fondateur du monastère et sa famille proche, soit des membres de l’aristocratie laïque. Un seul fragment d’inscription est conservé ; il a été retrouvé lors de fouilles récentes.


Dom Estiennot a regroupé les inscriptions suivant leur localisation : salle capitulaire, cloître, intérieur de l’église. L’habitude du CIFM est de suivre l’ordre chronologique, le lecteur trouvera donc d’abord les textes concernant les abbés suivant leur numéro d’odre dans la série, puis les inscriptions pour des laïcs suivant leur date de décès. Ces inscriptions sont difficilement datables à partir du seul texte transmis. Toutes les inscriptions sont composées de manière identique : hic jacet (ou jacet), nom et statut du défunt ; puis, à partir du n°121, formule de prière. Deux hypothèses peuvent être formulées : soit elles ont été gravées à chaque décès, au cours des XIIe et XIIIe siècles ; soit il s’agit d’une réalisation en série, faite a posteriori, peut-être au XIVe siècle.




[1] Isabelle Pignot, responsable d’opération au bureau d’études EVEHA, a porté à notre connaissance cette découverte. Le rapport de fouilles et les clichés photographiques qu’elle a bien voulu nous transmettre ont grandement contribué à l’élaboration de cette notice. Qu’elle reçoive ici tous nos remerciements.