Cette inscription est composée de six hexamètres léonins à rimes riches, disposés ligne à ligne, que l’on peut rétablir grâce à la métrique, malgré l’état de mutilation du texte. Ce texte est avant tout une prière comme le montrent les trois verbes obsecro, peto et queso dans les deux premiers vers, ainsi que les adresses aux personnes divines, le Père, la Vierge Mère, le Fils réunis au vers 5 et déjà présents dans les vers 1 et 2 (nate pouvant être interprété comme un synonyme de filius). La rime des vers 1 et 5 rassemble d’ailleurs les figures paternelle et maternelle (au vers 5 il s’agit d’une proposition de restitution). Le Christ est également nommé scelerum vindex, expression que l’on trouve chez Prosper d’Aquitaine (Epigrammata ex sententiis sancti Augustini, 12, 2). Cette inscription est d’ailleurs placée sous l’image du Christ en gloire dans une mandorle, que l’on peut identifier par son nimbe crucifère. Le donateur était lui-même représenté agenouillé en bas en droite, mais le tout s’est dégradé et cette partie de la peinture murale n’est plus visible aujourd’hui. L’inscription fait entendre sa prière et supplique à la première personne.
Ce texte peint évoque aussi une donation pour le rachat de ses fautes (sedes prebebo decoras). L’emplacement de ce texte très personnel, peint à hauteur de vue dans un bas côté de l’église, lui confère un réel caractère public. Le donateur ne se nomme pas et rien ne permet de l’identifier. Il pourrait s’agir de l’inscription d’un seigneur de Charenton, Raoul, fils d’Ebbes qui, vers 1187, avait mis à feu et à sang plusieurs villages, dont ceux d’Epineuil et de La Celle, et en avait chassé les moines[1]. L’écriture n’est pas en contradiction avec une telle datation, mais elle pourrait également être antérieure dans le cours du XIIe siècle, voire dater de la fin du XIe.