​ Chalivoy-Milon, église Saint-Sylvain ​- ​Identifications géographiques  ​  ​


Chalivoy-Milon, église Saint-Sylvain ​- ​Identifications géographiques

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº140 ​  ​


Description générale

Identifications géographiques. 
Peintures murales.  État de conservation : certaines inscriptions ont disparu, une autre a été restaurée. Inscription conservée in situ. ​ Localisation : intérieur, nef, mur sud, extrémité est. L’inscription conservée se trouve au-dessus d’un personnage, dans un bandeau.
Datation : deuxième quart du XIIe siècle [d’après la bibliographie].

Bibliographie

Texte cité d’après l’original vu en place le 6 novembre 2012 et d’après Buhot de Kersers.
Lenoir, De la peinture murale dans les monuments religieux du Moyen Âge, p. 92-93 [texte et description] ; Lelièvre, Vilaire, « Monographie de Chalivoy-Milon », 1908, p. 33 [texte d’après Buhot de Kersers] ; Deshoulières, « Chalivoy-Milon », 1932, p. 459 [texte] ; Buhot de Kersers, Statistique monumentale du Cher, t. IV, 1977, p. 72 [texte] ; Kupfer, « The Lost Mappamundi at Chalivoy-Milon », 1991, p. 548 [texte d’après Buhot de Kersers] ; Franzé, « Une œuvre de la Renaissance du XIIe siècle : les peintures de Chalivoy-Milon (Cher) », 2010, p. 163 [illustration] ; Franzé, « Entre fonction ornementale et objet d’enseignement, les représentations du monde comme thème de décoration ecclésiale », 2013, p. 144 [illustration].

Description paléographique

Disposition horizontale sur une ligne, sans aucun aménagement. Lettres noires sur fond clair pour le texte conservé. Les lettres ont visiblement été restaurées : capitales, écriture régulière, tracé épais, module étroit. Selon Buhot de Kersers, les inscriptions disparues étaient en « lettres majuscules romaines ». Absence de ponctuation et de décor.





Édition imitative


Texte conservé et restauré :
 ​PATAR[---] ​

Texte disparu :
 ​EVPHRATVS ​
 ​BABYLONIA ​
 ​OCEANVS ​
 ​AEGYPTIACVS ​

Texte conservé et restauré :
 ​PATAR[---] ​

Texte disparu :
 ​EVPHRATVS ​
 ​BABYLONIA ​
 ​OCEANVS ​
 ​AEGYPTIACVS ​

Texte conservé et restauré :
 ​PATAR[---] ​

Texte disparu :
 ​EVPHRATVS ​
 ​BABYLONIA ​
 ​OCEANVS ​
 ​AEGYPTIACVS ​

Légende

Violet : caractères allographes.



Texte conservé et restauré :
 ​PATAR[---] ​

Texte disparu :
 ​EVPHRATVS ​
 ​BABYLONIA ​
 ​OCEANVS ​
 ​AEGYPTIACVS ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



Texte conservé et restauré :
 ​PATAR[---] ​

Texte disparu :
 ​EVPHRATVS ​
 ​BABYLONIA ​
 ​OCEANVS ​
 ​AEGYPTIACVS ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



Texte conservé et restauré :
 ​PATAR[---]

Texte disparu :
 ​EVPHRATVS
 ​BABYLONIA
 ​OCEANVS
 ​AEGYPTIACVS

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Patar[---] Euphratus ; Babylonia ; Oceanus ; Aegyptiacus.

Traduction

[Pas de traduction proposée].
L’Euphrate. Babylone. L’Océan. L’Égyptien.

Commentaire

Au mur sud de l’église de Chalivoy-Milon, en face de l’entrée des laïcs, se trouvait une mappa mundi, détruite en 1885 lors de travaux, et dont il ne reste aujourd’hui qu’un fragment. Des cartes du monde étaient souvent peintes à l’époque médiévale sur du tissu, le mur ou le pavement, et possédait une valeur à la fois spirituelle, didactique et géographique. À Chalivoy-Milon, l’artiste y avait tracé en abrégé l’histoire des générations humaines depuis Adam et de leur pérégrination sur la terre, mêlant figures mythologiques et bibliques, selon l’abbé Lenoir qui avait participé à la découverte des peintures en 1868.

D’après sa description et celle de Buhot de Kersers, on distinguait au sommet Dieu créant Adam et Ève, régnant sur un grand nombre d’animaux, puis leur chute. Devant Dieu se trouvait l’arbre de vie, des racines duquel jaillissaient quatre sources, formant quatre grands fleuves irriguant le jardin d’Éden. L’Euphrate, désigné par une inscription, fait partie de ces fleuves dans la Genèse (II, 10-14). Sur les bords des fleuves apparaissaient des villes crénelées dont les habitants portaient des costumes antiques, accompagnés d’animaux ; des créatures fantastiques ou exotiques (cyapodes, sirènes, crocodiles) sont également décrites ; la présence de Nemrod, armé de flèches et d’une lance, est enfin signalée.

Babylone, qui avait également une mention épigraphique, pouvait avoir deux localisations possibles, en Égypte ou sur les bords de l’Euphrate. L’abbé Lenoir signale qu’on pouvait aussi lire le nom de la ville Hippoton ou Hippos sur les rives du Jourdain. Le globe est entouré de plusieurs océans, dont le nom est inscrit. L’abbé Lenoir lit ensemble oceanus aegyptiacus.

Alors que les indications géographiques (ville, nom de fleuve, océan) mentionnées dans la bibliographie ont aujourd’hui disparu, le début de mot Patar[---], encore existant (mais il s’agit d’une restauration), n’a en revanche été relevé ni par Lenoir, ni par Buhot de Kersers. Il est difficile de savoir ce qu’il désignait exactement ; l’hypothèse la plus plus probable est qu’il s’agissait également d’un lieu, la ville antique de Patare en Lycie.


136-140 : Ensemble des inscriptions peintes

Le prieuré de Chalivoy-Milon était une possession de l’abbaye bénédictine de Saint-Sulpice de Bourges dès le IXe siècle. Primitivement dédiée à saint Sulpice, la dédicace de l’église évolue en 1127, date à laquelle elle est placée sous le patronage de la Vierge et de saint Sylvain, et sert à la fois au culte paroissial et monastique. L’église possède un vaste ensemble de peintures murales datées du second quart du XIIe siècle, ornant principalement le chœur et l’abside, c’est-à-dire l’espace monastique. La nef porte encore quelques traces de décor.