​ Maisonnais, prieuré d’Orsan ​- ​Inscription sur la virole d’un bâton pastoral de la tombe de LégerNotice co-écrite avec Delphine Boyer-Gardner.  ​  ​


Maisonnais, prieuré d’Orsan ​- ​Inscription sur la virole d’un bâton pastoral de la tombe de Léger[1]

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº148 ​  ​


Description générale

Inscription sur ce qui était probablement la virole d’un bâton pastoral, trouvée dans la tombe de Léger, archevêque de Bourges. 
Bâton pastoral. ​ Métal doré.  Inscription disparue.  ​ Cet objet a été découvert en 1635 dans une tombe située à l’intérieur de l’église priorale d’Orsan, près du maître-autel. Le défunt – l’archevêque de Bourges, Léger (mort en 1120) – a été identifié grâce à la présence de son sceau auprès du corps.
Datation : entre 1097 et 1120 [par identification du personnage] ou XIe-XIIe siècles [datation large par comparaison avec d’autres viroles inscrites du même type].

Bibliographie

Texte d’après Raynal.
Raynal, Histoire du Berry, 1845, t. I, p. 461 [texte] ; Brimont, La Guère, « Léodagaire, archevêque de Bourges », 1881, p. 150 [texte] ; La Guère, « Geoffroy, évêque de Nantes (1198-1213) », 1887, p. 257 [texte] ; Deshoulières, « Le prieuré d’Orsan en Berry », 1901, p. 98 [variantes : punget, unguat].

Description paléographique

Disposition inconnue.


Édition imitative


 ​TERREAT ​. ​PVNGAT ​. ​SVPPORTET ​ET ​VNGAT ​. ​

 ​TERREAT ​. ​PVNGAT ​. ​SVPPORTET ​ET ​VNGAT ​. ​

 ​TERREAT ​. ​PVNGAT ​. ​SVPPORTET ​ET ​VNGAT ​. ​

Légende

Violet : caractères allographes.



 ​TERREAT ​. ​PVNGAT ​. ​SVPPORTET ​ET ​VNGAT ​. ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



 ​TERREAT ​. ​PVNGAT ​. ​SVPPORTET ​ET ​VNGAT ​. ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



 ​TERREAT.PVNGAT.SVPPORTETETVNGAT.

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Terreat, pungat, supportet et ungat.

Traduction

Qu’il menace, qu’il aiguillonne, qu’il soutienne et qu’il oigne.

Commentaire

Cette inscription se trouvait dans la tombe de Léger, archevêque de Bourges de 1099 à 1120 (voir la notice n°190). Elle est peut-être formée d’un hexamètre – quoiqu’avec une erreur de longueur pour la deuxième syllabe de terreat – et contient une rime riche léonine en -ungat. Elle est composée de quatre verbes au subjonctif présent évoquant la mission de l’évêque. Le sujet sous-entendu peut d’ailleurs être tant le bâton pastoral que l’évêque lui-même. Si ce texte met en valeur deux actions (la correction et le soutien), une troisième est souvent associée à la mission épiscopale : rassembler. La forme même de la crosse avec ses trois parties a été interprétée par les liturgistes comme le symbole des trois fonctions de l’évêque, notamment par Guillaume Durand (Rational, livre II, chapitre XV) : le bâton, qui est aigu à son extrémité inférieure, droit par le milieu et recourbé à son extrémité supérieure, marque que le pontife doit aiguillonner les paresseux, conduire les faibles dans le droit chemin, et rassembler ceux qui errent.

D’autres séries verbales synonymes sont parfois inscrites sur les bagues de bâton pastoral, comme la triade à l’impératif collige, sustenta, stimula ou encore collige per summum, medio rege, punge per imum, pour des abbés de Fleury à Saint-Benoît-sur-Loire[2].




[1] Notice co-écrite avec Delphine Boyer-Gardner.
[2] Voir CIFM, 27 (à paraître) et Favreau R., « L'épigraphie comme source pour la liturgie » Vom Quellenwert der Inschriften. Vorträge und Berichte der Fachtagung. Esslingen 1990 , Heidelberg, 1992, p. 65-137 ; Favreau R., Épigraphie médiévale , Turnhout, 1997, p. 230-233.