​ Mehun-sur-Yèvre, collégiale Notre-Dame ​- ​Inscription funéraire pour un prêtre  ​  ​


Mehun-sur-Yèvre, collégiale Notre-Dame ​- ​Inscription funéraire pour un prêtre

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº150 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire pour un prêtre. 
Pierre.  Dimensions de la plaque de pierre : 130 cm de longueur, 56 cm de hauteur. État de conservation : médiocre. Inscription conservée, mais déplacée. Localisation : intérieur, déambulatoire, côté sud, deuxième travée, mur-bahut. Cette inscription est protégée au titre des Monuments Historiques (elle a été classée au titre objet le 01/03/1977, référence : PM18000920). Inscription gravée en creux.
Datation : viiie siècle [critère paléographique].

Bibliographie

Texte d’après l’original vu en place le 30 novembre 2010.
Martin, Les premiers chevets à déambulatoire et chapelles rayonnantes de la Loire moyenne, 2010, t. 2 fig. 179 p. 105 [illustration].

Description paléographique

Disposition horizontale sur six lignes. Absence de réglure. Écriture capitale très irrégulière ; la dimension, le module et la profondeur de la gravure sont très variables d’un caractère à l’autre. La gravure de certaines lettres est très peu profonde. Le tracé est fin, on relève peu d’empattements. Les A ont une traverse brisée, le B de febroarii est de forme minuscule, les traits horizontaux des E ont la même dimension, les G sont arrondis, les jambages des M sont écartés, la traverse du N de kalendas ne rejoint pas les deux extrémités des hastes, les O sont ronds et de petite taille, les Q sont de forme minuscule, la boucle et le trait du R ne touchent pas la haste. Abréviation par contraction signalée par un tilde ondulé pour presbyter, par élision de la finale marquée par une apostrophe dans quisquis, par un P barré pour pro. Dimensions du B de presbyter : 6 cm de hauteur et 3 cm de largeur. Absence de ponctuation, si ce n’est les deux croix qui encadrent l’amen final.





Édition imitative


1 ​---] ​REQVIEVIT ​ ​[--- ​
2 ​---] ​KALENDAS ​ ​FEBRO[--- ​
2 ​---] ​DVS ​ ​PRB̅T ​ ​FILIV[--- ​
2 ​---] ​PIVS ​ ​ROGITVS ​
5 ​---QVIQV ​LEGERIT ​ORA ​P ​ANIM[--- ​
2 ​---]✝AMEN ​✝

1 ​---] ​REQVIEVIT ​ ​[--- ​
2 ​---] ​KALENDAS ​ ​FEBRO[--- ​
2 ​---] ​DVS ​ ​PRB̅T ​ ​FILIV[--- ​
2 ​---] ​PIVS ​ ​ROGITVS ​
5 ​---QVIQV ​LEGERIT ​ORA ​Ꝓ ​ANIM[--- ​
2 ​---]✝AMEN ​✝

1 ​---] ​REQVIEVIT ​ ​[--- ​
2 ​---] ​KALENDAS ​ ​FEBRO[--- ​
2 ​---] ​DVS ​ ​PRB̅T ​ ​FILIV[--- ​
2 ​---] ​PIVS ​ ​ROGITVS ​
5 ​---QVIQV ​LEGERIT ​ORA ​ ​ANIM[--- ​
2 ​---]AMEN ​

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​---] ​REQVIEVIT ​ ​[--- ​
2 ​---] ​KALENDAS ​ ​FEBRO[--- ​
2 ​---] ​DVS ​ ​PRB̅T ​ ​FILIV[--- ​
2 ​---] ​PIVS ​ ​ROGITVS ​
5 ​---QVIQV ​LEGERIT ​ORA ​ ​ANIM[--- ​
2 ​---]✝AMEN ​✝

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​---] ​REQVIEVIT ​ ​[--- ​
2 ​---] ​KALENDAS ​ ​FEBRO[--- ​
2 ​---] ​DVS ​ ​PRB̅T ​ ​FILIV[--- ​
2 ​---] ​PIVS ​ ​ROGITVS ​
5 ​---QVIQV ​LEGERIT ​ORA ​Ꝓ ​ANIM[--- ​
2 ​---]✝AMEN ​✝

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​---]REQVIEVIT[---
2 ​---]KALENDASFEBRO[---
2 ​---]DVSPRB̅TFILIV[---
2 ​---]PIVSROGITVS
5 ​---QVIQVLEGERITORAꝒANIM[---
2 ​---]✝AMEN✝

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

 [---] ​requievit [---] kalendas febro[arii ---]dus pr(es)b(y)t(er) filiu[s---] pius rogitus [---] Quiqu(is) legerit ora p(ro) anim[a ejus---] Amen.

Traduction

(...) reposa (...) les calendes de février, prêtre, fils (...) pieux (...) quiconque lira, prie pour son âme (...). Amen.

Commentaire

Cette inscription est gravée sur une pierre antique, la présence d’un trou de louve l’atteste. Malgré les lacunes, le contenu du texte indique qu’il s’agit d’une épitaphe. Le texte débute par une formule de repos du défunt, sans doute hic requievit. Le verbe est ici au passé, alors que ces formules liminaires sont plus habituellement au présent (hic requiescit, hic jacet, hic quiescit)[1]. Puis vient la date ; le mot kalendas, que l’on trouve le plus souvent abrégé, a été écrit en toutes lettres. Ensuite, le nom du défunt devait être donné, suivi de sa fonction (prêtre), de son statut et de ses qualités. Un appel au lecteur et une demande de prière viennent clore l’épitaphe. Ces expressions se lisent tout au long du Moyen Âge ; on les trouve dans des inscriptions carolingiennes conservées aux musées de Poitiers[2] et de Niort[3], et avec des variantes plus importantes dans l’épitaphe d’Ildia au Musée du Berry (notice nº 81).

Il est difficile de proposer une datation assurée pour cette pierre. L’écriture porte des caractéristiques paléographiques de l’époque mérovingienne et du début de l’époque carolingienne[4].




[1] On trouve quelques autres exemples de l’emploi de ce verbe au parfait : sur le tombeau de saint Léger à Saint-Maixent-l’École, vers 1059 (CIFM I-3, Deux-Sèvres, 30, p. 163-164, pl. LXI, LXIII, fig. 124, 130-134), dans une inscription mentionnant le premier sarcophage de saint Martial à Limoges au xie siècle (CIFM II, Haute-Vienne, 53, p. 156-157), sur le tombeau du chevalier Hugues dans l’église de Troarn au milieu du xie siècle (CIFM 22, Calvados, 59, p. 104-105, fig. 24-25).
[2] CIFM I-1, 83, p. 100-102, pl. XVIII, fig. 37.
[3] CIFM I-3, Deux-Sèvres 14, p. 143-145, pl. L, fig. 97-98 ; CIFM I-3, Deux-Sèvres 15, p. 143-145, pl. LI, fig. 99-100.
[4] Voir la série funéraire du Musée du Berry à Bourges, notices nº 70 à 95, et l’inscription de Saint-Satur, notice nº 173.