​ Orval, église Saint-Hilaire ​- ​Mentions de reliques sur une sur croix-reliquaire  ​  ​


Orval, église Saint-Hilaire ​- ​Mentions de reliques sur une sur croix-reliquaire

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº156 ​  ​


Description générale

Mentions de reliques sur une croix-reliquaire. 
Croix-reliquaire, terminées aux quatre extrémités par des fleurs de lys. ​ Vermeil.  Dimensions de la croix : 19 x 34 x cm. État de conservation : assez bon.  ​ Cette croix-reliquaire est protégée au titre des Monuments Historiques (elle a été classée au titre objet le 10/10/1891, référence : PM18000295).
Datation : vers 1260-1270 [datation stylistique et historique en accord avec l’analyse paléographique].

Bibliographie

Texte d’après l’original vu en place le 21 mai 1991.
Mély, « Reliques de Constantinople », 1899, p. 322 [commentaire et illustration] ; Buhot de Kersers, Statistique monumentale du Cher, t. VI, 1977, p. 160-161, pl. XVIII h.-t. [texte et illustration] ; Taburet-Delahaye, « Reliquaires de saintes Épines données par saint Louis », 1999, p. 209-210 [texte, commentaire, illustration] ; Trésors de vermeil et d’argent, 2003, n°5, p. 38-39 [texte, commentaire, illustration].

Description paléographique

Disposition horizontale sur deux lignes à chaque fois. Textes inscrits dans des cadres doubles. Lignes séparées par des lignes simples pour les inscriptions concernant la Vierge et par des lignes doubles pour l’inscription de la couronne d’épines. Hauteur des lignes : 3 mm. Écriture régulière. Mélange de capitales et d’onciales : tous les E, le N de spinis. Les C et les E sont fermés par un délié qui dépasse le corps de la lettre. Les empattements sont très marqués, le plus souvent en forme de crochets. Les A ont une traverse brisée et un plateau débordant. Croix grecque en début de chaque texte. Ponctuation irrégulière par un ou deux points. Abréviation par suspension de la finale dans le mot virginis marquée par une apostrophe.





Édition imitative


Au revers de la croix sur chaque branche :
À gauche :
1 ​✝DE ​LACTE ​
2 ​BEATE ​VIRG ​

À droite :
1 ​✝DE ​LATE ​· ​B
2 ​EATE ​VIRG ​

En haut :
1 ​✝DE ​LACTE ​
2 ​BEATE ​VIRG ​

Dessous (en biais) :
1 ​✝DE ​· ​SPINIS ​: ​CO
2 ​RONE ​: ​DOMINI ​

En bas :
1 ​✝DE ​LACTE ​B
2 ​EATE ​VIRG ​

Au revers de la croix sur chaque branche :
À gauche :
1 ​✝D ​LACT ​
2 ​BAT ​VIRG ​

À droite :
1 ​✝D ​LAT ​· ​B
2 ​AT ​VIRG ​

En haut :
1 ​✝D ​LACT ​
2 ​BAT ​VIRG ​

Dessous (en biais) :
1 ​✝D ​· ​SPIIS ​: ​CO
2 ​RO ​: ​DOMII ​

En bas :
1 ​✝D ​LACT ​B
2 ​AT ​VIRG ​

Au revers de la croix sur chaque branche :
À gauche :
1 ​D ​LACT ​
2 ​BAT ​VIRG ​

À droite :
1 ​D ​LAT ​· ​B
2 ​AT ​VIRG ​

En haut :
1 ​D ​LACT ​
2 ​BAT ​VIRG ​

Dessous (en biais) :
1 ​D ​· ​SPIIS ​: ​CO
2 ​RO ​: ​DOMII ​

En bas :
1 ​D ​LACT ​B
2 ​AT ​VIRG ​

Légende

Violet : caractères allographes.



Au revers de la croix sur chaque branche :
À gauche :
1 ​✝D ​LACT ​
2 ​BAT ​VIRG ​

À droite :
1 ​✝D ​LAT ​· ​B
2 ​AT ​VIRG ​

En haut :
1 ​✝D ​LACT ​
2 ​BAT ​VIRG ​

Dessous (en biais) :
1 ​✝D ​· ​SPIIS ​: ​CO
2 ​RO ​: ​DOMII ​

En bas :
1 ​✝D ​LACT ​B
2 ​AT ​VIRG ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



Au revers de la croix sur chaque branche :
À gauche :
1 ​✝D ​LACT ​
2 ​BAT ​VIRG ​

À droite :
1 ​✝D ​LAT ​· ​B
2 ​AT ​VIRG ​

En haut :
1 ​✝D ​LACT ​
2 ​BAT ​VIRG ​

Dessous (en biais) :
1 ​✝D ​· ​SPIIS ​: ​CO
2 ​RO ​: ​DOMII ​

En bas :
1 ​✝D ​LACT ​B
2 ​AT ​VIRG ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



Au revers de la croix sur chaque branche :
À gauche :
1 ​✝DLACT
2 ​BATVIRG

À droite :
1 ​✝DLAT·B
2 ​ATVIRG

En haut :
1 ​✝DLACT
2 ​BATVIRG

Dessous (en biais) :
1 ​✝D·SPIIS:CO
2 ​RO:DOMII

En bas :
1 ​✝DLACTB
2 ​ATVIRG

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

De lacte beate Virgi(inis) ; De late beate Virgi(inis) ; De lacte beate Virgi(inis) ; De spinis corone Domini ; De lacte beate Virgi(inis).

Traduction

Du lait de la sainte Vierge. Du lait de la sainte Vierge. Du lait de la sainte Vierge. Des épines de la couronne du Seigneur. Du lait de la sainte Vierge.

Commentaire

Cette croix-reliquaire aurait été offerte, selon la tradition, par saint Louis au seigneur d’Orval, Henri II de Sully[1]. Aux extrémités fleur-de-lysées de la croix se trouvent les emblèmes de saint Louis et de Blanche de Castille (d’azur à deux lis d’or et de gueules à deux châteaux). Les deux reliques mentionnées proviennent de Terre Sainte : un fragment de la couronne d’épines, dont Louis IX se porta acquéreur en 1238, et le lait de la Vierge, qui désignait la poussière que les pèlerins grattaient sur les parois badigeonnées de chaux de la grotte de Bethléem dite « grotte du lait »[2].

Les inscriptions mentionnent chaque type de reliques avec une disposition différente. Les mentions du lait de la Vierge (orthographié lacte ou late) sont situées aux extrémités des quatre branches de la croix, juste avant les petites châsses en cristal qui contiennent ces reliques. Le cadre qui accueille cette mention est ovale, tandis que celui identifiant les épines, en forme de parallélogramme, occupe la place habituelle du titulus de la croix.

L’étude d’E. Taburet-Delahaye a permis d’établir des rapprochements stylistiques et techniques avec d’autres reliquaires ; croisant ces indices avec le fait que la plupart des saintes Épines données par saint Louis l’ont été entre 1255 et 1270, elle propose de dater la croix d’Orval vers 1260-1270 et la rattache aux trois reliquaires d’Agaune, Assise et Arras, œuvres de l’orfèvrerie française des années 1260. L’analyse paléographique (fermeture des lettres, présence de crochets aux extrémités des déliés, tracé des T et des L) rejoint cette proposition de datation dans le troisième quart du XIIIe siècle.




[1] C’est pour cette raison qu’elle fit partie des œuvres exposées temporairement à la Conciergerie de Paris (d’octobre 2014 à janvier 2015), à l’occasion du huitième centenaire de la naissance de Louis IX.
[2] Voir Le trésor de la Sainte-Chapelle : [exposition], Paris, Musée du Louvre, 31 mai 2001-27 août 2001 , Paris, 2001, p. 78