​ Plaimpied-Givaudins, ancienne abbatiale Saint-Martin ​- ​Inscription obituaire pour Gui  ​  ​


Plaimpied-Givaudins, ancienne abbatiale Saint-Martin ​- ​Inscription obituaire pour Gui

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. 26, nº162 ​  ​


Description générale

Inscription obituaire pour Gui, prêtre et chanoine. 
Bloc. ​ Pierre.  Dimensions du support : 13x 18cm. État de conservation : mauvais. Cette pierre est protégée au titre des Monuments Historiques (elle a été classée au titre objet le 18/09/1908, référence : PM18000299). Pierre déplacée. Provenance : mur extérieur sud de l’église, à l’emplacement du cloître. ​ Localisation actuelle : intérieur, nef, mur sud, troisième travée. Inscription gravée en creux. Hauteur des lignes : 2,8 cm. Double réglure : 0,4 cm.
Datation : milieu XIIe siècle [datation paléographique].

Bibliographie

Texte d’après l’original vu en place le 13 juin 2012.
Buhot de Kersers, « Inscriptions murales de l’église de Plaimpied », 1886-1887, p. 46 [texte et illustration] ; Roffignac, Guide-album de l’église Saint-Martin de Plaimpied, 1928, p. 15 [texte] ; Favière, Berry roman, 1970108 [illustration] ; Buhot de Kersers, Statistique monumentale du Cher, 1977, t. V, p. 84, pl. VII, fig. 2 [texte et illustration].

Description paléographique

Disposition horizontale sur cinq lignes. Réglures horizontales et verticales tracées à l’avance. 2,5 cm entre les réglures. Hauteur de la première lettre : 2,3 cm. Écriture irrégulière, mélange de capitales et d’onciales (le N de nonas, canonicus, Martini, le V de Guido, le D de sacerdos). A à plateau débordant et traverse brisée dans nonas, avec une traverse en pointillés dans sacerdos, O en losange, G arrondi se terminant en spirale. Ponctuation par trois ou quatre points verticaux. Abréviations par contraction signalées par un tilde droit pour sacerdos et sancti. Ce qui reste lisible de l’écriture montre des lettres assez élégantes, au tracé parfois doublé, aux extrémités se terminant par des volutes. Des points sur le tracé des lettres et à l’intérieur rendent parfois la lecture difficile. Jeux de lettres : enclavement du I dans le B de obiit.





Édition imitative


1 ​⁝ ​III ​NONAS ​⁝ ​IVL[..] ​
2 ​OBIIT ​: ​GVIDO ​: ​
3 ​SAC̅DO[.] ​ET ​C
4 ​[.]N ​: ​SC̅I ​: ​M[..]TINI ​

1 ​⁝ ​III ​ONAS ​⁝ ​IVL[..] ​
2 ​OBIIT ​: ​GUIDO ​: ​
3 ​SAC̅O[.] ​ET ​C
4 ​[.]N ​: ​S̅I ​: ​M[..]TII ​

1 ​⁝ ​III ​ONAS ​⁝ ​IVL[..] ​
2 ​OBIIT ​: ​GUIDO ​: ​
3 ​SAC̅O[.] ​ET ​C
4 ​[.]N ​: ​S̅I ​: ​M[..]TII ​

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​⁝ ​III ​ONAS ​⁝ ​IVL[..] ​
2 ​OBIIT ​: ​GUIDO ​: ​
3 ​SAC̅O[.] ​ET ​C
4 ​[.]N
 ​: ​S̅I ​: ​M[..]TII ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​⁝ ​III ​ONAS ​⁝ ​IVL[..] ​
2 ​OBIIT ​: ​GUIDO ​: ​
3 ​SAC̅O[.] ​ET ​C
4 ​[.]N ​: ​S̅I ​: ​M[..]TII ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​IIIONASIVL[..]
2 ​OBIIT:GUIDO:
3 ​SAC̅O[.]ETC
4 ​[.]N:S̅I:M[..]TII

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

III ​nonas jul[ii] obiit Guido sac(er)do[s] et can(onicus) s(an)c(t)i M[ar]tini.

Traduction

Le 3 des nones de juillet [5 juillet] mourut Gui, prêtre et chanoine de Saint-Martin.

Commentaire

L’inscription obituaire pour Gui est très similaire au reste de la série. La date occupe la première ligne ; la deuxième débute avec le verbe obiit, suivi du nom du défunt ; à la troisième et la quatrième son double statut de prêtre et chanoine est mentionné.

Après le second N de nonas, la gravure est beaucoup moins profonde ; la réalisation de l’inscription semble donc soit inachevée, soit d’une autre main. Cette pierre pose la question du ou des sculpteurs de ces textes épigraphiques. Le niveau de réalisation est variable et l’on peut supposer, comme Buhot de Kersers, que les plus élégantes sont du même artiste, tandis que les autres sont le fait de continuateurs ou imitateurs moins habiles.


Présentation du site et informations additionnelles

Située à une dizaine de kilomètres au sud de Bourges, l’abbaye Saint-Martin était une abbaye de chanoines réguliers de Saint-Augustin, fondée vers 1080 par l’archevêque de Bourges Richard II (1071-1093). L’église a été construite entre les dernières années du XIe siècle et le milieu du XIIe siècle. L’abbaye connaît un fort développement au cours du XIIe siècle. Le chapitre affirme son indépendance en élisant librement son premier abbé en 1100, tout en restant sous la juridiction ordinaire de l’archevêque de Bourges, et le roi Philippe Ier remet aux chanoines les droits seigneuriaux du territoire entourant l’église. Une bulle de Pascal II datée de 1110 confirme la possession de vingt-trois églises dans le sud-est du diocèse[1].


La série d’inscriptions obituaires replacées dans le mur sud de la nef provenait du cloître. L’ensemble gravé évoque un obituaire manuscrit. On trouve de tels obituaires lapidaires par exemple en Charente dans l’ancien prieuré de Marcillac-Lanville[2]. La paléographie de l’ensemble de Plaimpied-Givaudins présente des traits originaux, notamment dans l’utilisation qu’elle fait des points, non comme élément de ponctuation, mais dans l’écriture même de la lettre. Des parentés graphiques entre une charte-chirographe de l’abbaye datée entre 1129 et janvier 1136 et les inscriptions ont été trouvées[3] ; elles inciteraient à penser qu’un copiste a travaillé à la gravure des épitaphes ou, du moins, qu’une culture graphique spécifique à cette abbaye était présente. Certains noms des signataires de cette charte (Umbertus, Radulfus, Giraudus) sont aussi ceux de chanoines défunts inscrits dans la pierre. La conjonction de ces indices incite à dater l’ensemble de la série dans le deuxième quart du XIIe siècle, ou plus largement au milieu du XIIe siècle.


L’ordre dans lequel sont présentées les inscriptions reprend celui de leur localisation actuelle dans le mur (de haut en bas et de gauche à droite). À côté de cette série, une dalle de grande taille se démarque, en offrant une sculpture et deux inscriptions d’une grande qualité plastique qui n’est pas sans rappeler le chapiteau de la Tentation. C’est par elle que débute la présentation de l’ensemble épigraphique de Plaimpied-Givaudins ; elle se clôt sur des textes de fonction et de supports très différents (chapiteaux, cloche).




[1] Sur l’histoire de l’abbaye, nous renvoyons à l’article récent de Neil Stratford, qui, tout en étant centré sur le chapiteau de la Tentation, fournit une ample bibliographie (Stratford, « Le chapiteau de la Tentation du Christ à Plaimpied revisité », 2015).
[2] CIFM, I-3, n°30-55 Charente, p. 48-54, pl. XV-XVI, fig. 29-32.
[3] Arch. dép. Cher, 58 H 9 (Buhot de Kersers, Statistique monumentale du Cher, V, 1977, p. 132-133) ; voir aussi Gandilhon A., Catalogue des actes des archevêques de Bourges antérieurs à 1200 , Bourges - Paris, 1927, p. 70-71 ; Stratford, « Le chapiteau de la Tentation du Christ à Plaimpied revisité », 2015, p. 313).