Cette inscription devait transmettre le texte obituaire de Guillaume, même si le verbe obiit n’est plus lisible. Le nom du défunt est en tous les cas bien mis en valeur car il occupe, seul, toute la longueur de la deuxième ligne. Ce personnage, dont le statut n’est pas mentionné contrairement aux autres, pourrait être rapproché de Guillaume, prieur au temps de l’abbé Étienne, qui figure en 1164 dans la cession de la terre d’Ourscamps aux religieux de Font-Morigny. Il était neveu de l’archevêque de Bourges, Pierre de La Châtre. Cependant, comme pour les inscriptions précédentes, une datation dans la seconde moitié du XIIe siècle paraît tardive.
Buhot de Kersers lisait X et C au début de l’inscription et ne savait comment interpréter ces deux lettres, n’ayant pas reconnu l’abréviation de et. Par ailleurs, il reste difficile d’interpréter les deux lettres du début de la troisième ligne ; la fin de cette même ligne est d’une autre main et d’une autre époque.
Présentation du site et informations additionnelles
Située à une dizaine de kilomètres au sud de Bourges, l’abbaye Saint-Martin était une abbaye de chanoines réguliers de Saint-Augustin, fondée vers 1080 par l’archevêque de Bourges Richard II (1071-1093). L’église a été construite entre les dernières années du XIe siècle et le milieu du XIIe siècle. L’abbaye connaît un fort développement au cours du XIIe siècle. Le chapitre affirme son indépendance en élisant librement son premier abbé en 1100, tout en restant sous la juridiction ordinaire de l’archevêque de Bourges, et le roi Philippe Ier remet aux chanoines les droits seigneuriaux du territoire entourant l’église. Une bulle de Pascal II datée de 1110 confirme la possession de vingt-trois églises dans le sud-est du diocèse[1].La série d’inscriptions obituaires replacées dans le mur sud de la nef provenait du cloître. L’ensemble gravé évoque un obituaire manuscrit. On trouve de tels obituaires lapidaires par exemple en Charente dans l’ancien prieuré de Marcillac-Lanville[2]. La paléographie de l’ensemble de Plaimpied-Givaudins présente des traits originaux, notamment dans l’utilisation qu’elle fait des points, non comme élément de ponctuation, mais dans l’écriture même de la lettre. Des parentés graphiques entre une charte-chirographe de l’abbaye datée entre 1129 et janvier 1136 et les inscriptions ont été trouvées[3] ; elles inciteraient à penser qu’un copiste a travaillé à la gravure des épitaphes ou, du moins, qu’une culture graphique spécifique à cette abbaye était présente. Certains noms des signataires de cette charte (Umbertus, Radulfus, Giraudus) sont aussi ceux de chanoines défunts inscrits dans la pierre. La conjonction de ces indices incite à dater l’ensemble de la série dans le deuxième quart du XIIe siècle, ou plus largement au milieu du XIIe siècle.
L’ordre dans lequel sont présentées les inscriptions reprend celui de leur localisation actuelle dans le mur (de haut en bas et de gauche à droite). À côté de cette série, une dalle de grande taille se démarque, en offrant une sculpture et deux inscriptions d’une grande qualité plastique qui n’est pas sans rappeler le chapiteau de la Tentation. C’est par elle que débute la présentation de l’ensemble épigraphique de Plaimpied-Givaudins ; elle se clôt sur des textes de fonction et de supports très différents (chapiteaux, cloche).