Tout en reprenant des expressions conventionnelles, cette inscription présente un texte au contenu particulièrement original. Elle est encadrée par une double formule de repos : la première, hic requiescit (notamment accompagné de nomine), est une formule connue, utilisée déjà à la période mérovingienne, et qui continue d’être en usage au Moyen Âge central (on la trouve notamment à Bourges à plusieurs reprises dans la série des platestombes du haut Moyen Âge[2]) ; la seconde, requiescat in pace amen, formule liturgique de souhait pieux, est aussi très présente à l’époque carolingienne et connaît une grande fortune au Moyen Âge central et au bas Moyen Âge. Par ailleurs, le nom du défunt débute par A et s’achève en –us, ce qui est trop peu pour formuler des hypothèses.
Les circonstances du décès ont semblé assez exceptionnelles pour devoir être mentionnées et justifiées, dans une certaine mesure. L’homme a été tué pour son seigneur (pro seniore suo interfectus est). La mort violente par homicide évoquée par le verbe interficio est en opposition avec le vocabulaire des quatre premières lignes : l’adverbe pie, l’adjectif au superlatif umilissimus et le mot incomplet à la ligne 4 évoquant l’innocence. Il est donc probable que cette inscription garde la mémoire d’un événement tragique qui a justifié la réalisation d’une épitaphe pour un homme d’humble condition.
Il est difficile de proposer une datation précise pour cette pierre ; Kisch parle d’une épitaphe paléochrétienne et Guy Cobolet évoque le viiie siècle. Aucune date de décès n’est donnée, à moins qu’elle n’ait été prévue sur la ligne restée anépigraphe, et l’absence d’indication archéologique force à s’appuyer sur les critères linguistiques et paléographiques. L’analyse linguistique montre un état intermédiaire du latin, marqué par un usage fluctuant du H (il est systématiquement omis en position initiale des mots hic, humilis et homo) et une orthographe originale pour amen. Les formes carrées des lettres, l’emploi du O losangé et le module étroit incitent à proposer une datation peu avancée au viiie siècle, on ne peut néanmoins exclure une datation plus tardive au cours du viiie siècle, voire au début du ixe siècle[3].