La forme littéraire de ce texte est recherchée et se rapproche, par les formules utilisées, de la poésie métrique contemporaine sans toutefois se plier précisément à ses règles. La formule initiale In hoc tumulo est relativement fréquente dans la production épigraphique contemporaine, y compris accompagnée de condita, rappelant le recondita d’Adalberga (par exemple épitaphe de Maria à Narbonne, In hoc tumulo condita requiescit…[4]) ou de membra (épitaphe du roi Boson, mort en 887 à Vienne, Regis in hoc tumulo requiescunt membra Bosonis[5]). L’utilisation du terme de membra pour désigner le corps est d’ailleurs courante, en particulier dans la poésie funéraire carolingienne, de Paul Diacre (épitaphe d’Adelaïde, sœur de Charlemagne[6]) à Micon de Saint-Riquier (épitaphe d’Asbertus [7]) ou à Walafrid Strabon (pour Bernold[8]) sans qu’on puisse déterminer un modèle unique pour l’inscription d’Adalberga. De même, si la formule cujus anima requiem mereatur habere ne semble pas se retrouver dans d’autres épitaphes contemporaines conservées, elle rappelle diverses formules épigraphiques inspirées, par ailleurs, de la liturgie funéraire.
Cette inscription ayant été découverte en réemploi, l’analyse historique est nécessairement réduite. En outre, aucun renseignement porté par la pierre ne permet d’identifier avec précision cette Adalberga, qui est seulement qualifiée de femina. Son nom, formé de la racine Adal- (variante Adel-) et du suffixe -berga[9], n’est pas assez significatif pour en inférer l’appartenance à un réseau aristocratique précis ou des liens de famille avec par exemple une Adélaïde (famille des Étichnides), fille d’Hugues de Tours, mort en 837, mariée en secondes noces à Robert le Fort, ou une Adeltrudis / Adda, fille du comte de Maine (famille des Rorgonides), devenue comtesse de Poitiers et dont on a conservé l’épitaphe[10].
La paléographie de l’inscription invite à placer cette dernière dans la première moitié du IXe siècle, ce qui rend difficile l’interprétation du chiffre XXL comme XX+L, qui donnerait comme date du décès 870. La forme numérique utilisée par cette épitaphe n’en reste pas moins étonante : on note habituellement le chiffre trente par XXX, et non par XXL. J.-B. de Rossi, le premier, a remarqué l’absence de plomb dans le X précédant le L (ce qui suggèrerait une erreur du lapicide) et propose de lire 840, suivi en cela par P. Deschamps. R. Favreau propose quant à lui de lire 850 moins 20, c’est-à-dire 830[11] ; si l’on suit cette hypothèse (sans toutefois d’équivalent connu), l’épitaphe d’Adalberga serait la plus ancienne inscription conservée à utiliser la datation par année de l’incarnation.