​ Tours, Saint-Martin ​- ​Inscription funéraire pour Waltarius  ​  ​


Tours, Saint-Martin ​- ​Inscription funéraire pour Waltarius

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. Hors-série I, nº13 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire à caractère tumulaire. 
Dalle funéraire. ​ Pierre, calcaire.  Collection du Musée des Beaux-Arts, n° inv. 2004.1.5. Classée MH le 24/07/1963 – PM 370000762. En 2002, l’inscription était conservée dans les collections de l’ex-Musée martinien, situé dans la chapelle Saint-Grégoire, annexe de la crypte située sous la basilique moderne de Saint-Martin. Après avoir été présentée au château de Tours en 2004, elle est aujourd’hui exposée au Musée Saint-Martin. Comme celle du sous-diacre Erveus, cette inscription fut découverte par Mgr C. Chevalier « dans le mur méridional du baptistère, mur remanié au XIIe siècle, au-dessus d’une porte ». L’inscription est gravée à la pointe dans un calcaire assez tendre. La surface inscrite est à certains endroits en mauvais état de conservation, et plusieurs lettres ou groupes de lettres ont disparu. Une restitution est toutefois possible grâce à la lecture faite par Mgr C. Chevalier lors de la découverte de la pierre. Le bloc mesure 15 cm de haut pour 43 de large et 18 d’épaisseur. Sur la surface latérale droite, apparaît un texte mutilé (reste d’une ancienne inscription, ébauche ou brouillon), non remarqué jusqu’à présent. On ne voit pas de traces de lettres en dessous, mais on peut supposer qu’il y avait la fin de la date.
Datation : seconde moitié du IXe siècle - première moitié du Xe [datation paléographique].

Bibliographie

Texte d’après l’original (vérifié en 2015) ; lecture restituée à partir du dessin fait par Mgr C. Chevalier au moment de la découverte.
Chevalier, « Les fouilles de Saint-Martin », 1888, p. 99 ; Vieillard-Troiekouroff, « Les sculptures et objets préromans », 1962, p. 116 [texte], fig. 38 [photo] ; Treffort, Mémoires carolingiennes, 2007, p. 347 [mention] ; CIFM, 2014, 25, n°118, p. 136 [notice abrégée].

Description paléographique

L’inscription a été préalablement réglée ; les deux premières lignes sont sensiblement plus hautes (3,5 cm) que la troisième qui contient la datation (2,5 cm), d’où la différence de hauteur des lettres (3 cm pour les deux premières lignes et 2 cm pour la dernière). Les lettres sont majoritairement des capitales romaines aux proportions assez allongées, à l’exception de deux C carrés (pour un rond) à la ligne 1. Les mots ne sont pas séparés et il n’y a aucune ponctuation sinon, peut-être, le trait vertical qui suit presbiter et qui ne peut être compris comme un I de génitif, le nom qui le précède étant au nominatif. On remarque plusieurs abréviations, relativement classiques[1]. Sur la partie conservée, des enclavements sont visibles[2] ; la lecture de Mgr C. Chevalier laisse supposer qu’à la ligne 1, le A était également enclavé sous le P et le E dans le A pour former le mot pacem. Le texte commence par une croix.





Édition imitative



1 ​✝HIC ​R[.]QVIESCIT ​V[---]ARIVS ​
2 ​PR̅BT̅ ​ | CVI ​DET ​D̅S ​P[---] ​IIT ​
3 ​VIII ​KL ​APRL ​[---] ​IN[..]RNAT̅ ​
4 ​---

- - -]OC[- - -
- - -]BRIS[- - -
- - -]FUIT[- - -


1 ​✝HI ​R[.]QVIESIT ​V[---]ARIVS ​
2 ​PR̅BT̅ ​ | CVI ​DET ​D̅S ​P[---] ​IIT ​
3 ​VIII ​Kƚ ​APRƚ ​[---] ​IN[..]RNAT̅ ​
4 ​---


- - -]OC[- - -
- - -]BRIS[- - -
- - -]FUIT[- - -


1 ​HI ​R[.]QVIESIT ​V[---]ARIVS ​
2 ​PR̅BT̅ ​ | CVI ​DET ​D̅S ​P[---] ​IIT ​
3 ​VIII ​Kƚ ​APRƚ ​[---] ​IN[..]RNAT̅ ​
4 ​---

- - -]OC[- - -
- - -]BRIS[- - -
- - -]FUIT[- - -

Légende

Violet : caractères allographes.




1 ​✝HI ​R[.]QVIESIT ​V[---]ARIVS ​
2 ​PR̅BT̅ ​ | CVI ​DET ​D̅S ​P[---] ​IIT ​
3 ​VIII ​ ​APRƚ ​[---] ​IN[..]RNAT̅ ​
4 ​---

- - -]OC[- - -
- - -]BRIS[- - -
- - -]FUIT[- - -

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.




1 ​✝HI ​R[.]QVIESIT ​V[---]ARIVS ​
2 ​PR̅BT̅ ​ | CVI ​DET ​D̅S ​P[---] ​IIT ​
3 ​VIII ​Kƚ ​APRƚ ​[---] ​IN[..]RNAT̅ ​
4 ​---

- - -]OC[- - -
- - -]BRIS[- - -
- - -]FUIT[- - -

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.




1 ​✝HIR[.]QVIESITV[---]ARIVS
2 ​PR̅BT̅ | CVIDETD̅SP[---]IIT
3 ​VIIIKƚAPRƚ[---]IN[..]RNAT̅
4 ​---

- - -]OC[- - -
- - -]BRIS[- - -
- - -]FUIT[- - -

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Hic r[e]quiescit V[valat] arius pr(es)b(i)t(er), cui det D(eu)s p[acem. Ob]iit VIII k(a)l(endas) apr(i)l(is) [anno] incarnat(ionis) [---].

Traduction

Ici repose Waltarius, prêtre. Que Dieu lui donne la paix. Il est mort le 8 des calendes d’avril [25 mars], l’an de l’Incarnation…

Commentaire

Lecture du texte principal d’après le dessin réalisé au moment de la découverte :


1 ​+ HIC R[.]QVIESCIT VVALATAIVS
2 ​PRBT | CVI DET DS PACEM OBIIT
3 ​VIII KL APRL ANNO INCARNAT
4 ​- - -


Le latin de ce texte semble tout à fait correct. La formule Hic requiescit est parfaitement banale ; en revanche, la prière exprimée par cui det Deus pacem est plus originale ; même si elle rappelle bien d’autres formules contemporaines, voisines par le sens et la forme, elle n’a pas été reconnue ailleurs sous cette forme précise pour l’instant, elle rappelle assurément des formules liturgiques contemporaines.

L’inscription était datée de l’an de l’Incarnation ; malheureusement, la mutilation de la pierre dans sa partie basse nous prive du chiffre correspondant. Il est donc indispensable de recourir à l’analyse paléographique. Comme pour l’inscription d’Erveus, découverte dans les mêmes conditions, l’association entre des capitales romaines classiques ou un peu allongées et quelques C carrés permet de proposer comme datation la seconde moitié du IXe ou la première moitié du Xe siècle. Toutefois, la médiocre exécution de l’inscription invite à la prudence et Waltarius est un nom trop courant au haut Moyen Âge[3] pour qu’on puisse identifier précisément le personnage en question.




[1] Pr(es)b(i)t(er) et D(eu)s l. 2, et dans la date l. 3.
[2] I dans C de requiescit l. 1, V de C dans cui l. 2.
[3] Morlet, Les noms de personne, 1972, t. I, p. 213.