Par comparaison avec d’autres inscriptions contemporaines, notamment celle d’Adalberga, on peut proposer, dans l’édition critique, la restitution suivante : ✝ Hic requie[scunt membra - - - (début du nom)]di diaconi cu[jus anima requiem me]reatu[r] habe[re. - - - (jour et mois)] obiit [in p]ac[e anno Domini incarnationis --- (800 + décimales)] Hludov[i]co re[gnante].
Si la proposition de restitution proposée est bonne, ce texte n’est pas d’une très grande qualité littéraire. Ni versifié, ni même marqué par une recherche poétique quelconque, il se présente en revanche en latin réformé. La restitution met en lumière l’importance de l’usage de formules stéréotypées, y compris dans un grand centre de culture comme Saint-Martin de Tours. La formule cujus anima requiem mereatur habere est inspirée de la liturgie funéraire sans en être directement extraite. Elle peut se retrouver sous forme d’incipit en d’autres lieux pour la même période[3].
Les capitales romaines très amples sont proches de celles utilisées dans l’inscription d’Adalberga dont la technique d’exécution (lettres incrustées de plomb) est identique. On a le choix entre plusieurs Louis, le premier, dit le Pieux, roi d’Aquitaine depuis 778 et qui régna comme empereur de 814 à 840 ; le suivant appelé Louis, dit le Bègue, a régné entre 877 et 878, ce qui s’accorde mal avec la paléographie ; dans le dernier quart du IXe siècle en effet, on aurait au moins quelques lettres carrées et des modules plus allongés. Le roi Louis mentionné à la dernière ligne ne peut donc guère être que Louis le Pieux[4], ce qui permet de placer l’inscription sous son règne. On ne connaît pas le nom de ce diacre et, dans l’ignorance du jour précis de sa mort, on ne doit guère cultiver l’espoir de le retrouver un jour dans un document quelconque. Le commentaire historique est donc nécessairement réduit. Il convient toutefois ici de préciser que l’interprétation proposée par Mgr C. Chevalier et reprise par M. Vieillard-Troiekouroff de voir en ce diacre un personnage chargé de la diaconie et d’une probité louée par l’inscription ne reposait que sur une restitution fautive du texte[5], et qu’elle ne saurait désormais être retenue.