​ Saint-Philbert-de-Grand-Lieu ​- ​Inscription funéraire pour Guntarius  ​  ​


Saint-Philbert-de-Grand-Lieu ​- ​Inscription funéraire pour Guntarius

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. Hors-série I, nº18 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire à caractère tumulaire. 
Dalle funéraire. ​ Pierre.  Anciennement fixée dans un cadre en bois, cette inscription a été restaurée récemment ; elle est aujourd’hui présentée dans une vitrine près du pilier situé au sud de l’entrée du chœur, dans l’ancienne église abbatiale Saint-Philibert. Elle a été découverte dans la crypte à la fin du XIXe siècle, dans des travaux qui ne furent accompagnés d’aucune observation archéologique. Cette épitaphe est inscrite sur une pierre mesurant 40 x 28 cm. Le texte prend place dans les quatre angles laissés libres par la sculpture d’une croix centrale à branches égales allant jusqu’au bord. L’inscription est pratiquement complète ; la pierre est fendue dans l’angle supérieur droit et il manque quelques centimètres à gauche. La partie basse, plus grossièrement taillée, laisse supposer qu’il s’agissait d’une stèle, même si l’aménagement actuel interdit de vérifier cette hypothèse.
Datation : seconde moitié du IXe ou Xe siècle [datation paléographique].

Bibliographie

Lecture d’après l’original (vérifié en 2015).
Guilhermy, Inscriptions de la France, 1873-1877, p. 102 [texte] ; Maitre, « Rapport Déas », 1896, p. 535 [texte] et pl. 8 [dessin] ; Maitre, « Église carolingienne », 1898, p. 195-196 [texte] et pl. 8 [reproduction] ; Treffort, Mémoires carolingiennes, 2007, p. 135 [texte] et ill. 29 [photo] ; CIFM, 23, n°104, p. 107-108 [texte, traduction, photo, commentaire] ; Treffort, « L’abbatiale carolingienne », 2015, p. 152-153 [photo, texte, commentaire].

Description paléographique

La pierre semble avoir été parfaitement préparée pour recevoir le texte : de part et d’autre des branches de la croix, une double réglure – encore perceptible par endroits – a présidé à la mise en page du texte qui respecte les césures logiques du texte : en haut à gauche, on trouve la formule introductive, en haut à droite, le nom du défunt, en bas à gauche, sa fonction dans le monastère, en bas à droite enfin, la date de sa mort. Le texte ne se lit donc pas par ligne mais par section. L’écriture est composée de capitales romaines assez amples, mises à part quelques exceptions, comme le G carré ; un O (sur 5) est en losange. On peut remarquer aussi les M aux hastes latérales très écartées. Les lettres, assez régulières, mesurent environ 2,5 cm de haut. Sous l’angle inférieur gauche, après monachus, la suite, et sacerdos, a été gravée de manière plus légère ; bien que le champ épigraphique ait été préparé dès le départ pour recevoir cette formule, on peut se demander si elle a été gravée en même temps. Les mots ne sont pas séparés par des espaces, mais une ponctuation par trois points superposés est visible dans l’expression de la date, seule également à utiliser des abréviations marquées par des tildes droits (dans idus, junii et Domino). Aucune lettre n’est décorée, mais l’usage de nombreux enclavements (V dans Q, I dans C, O sur L, I sur R, I sur M, H dans C), entrelacements (H et I, N et I, M et O, N et I) et conjonctions (MV et AN) montre une réelle recherche graphique.





Édition imitative


Partie supérieure gauche (1)
1 ​HIC ​REQVI
2 ​ESCIT ​IN ​
3 ​TVMVLO ​

Partie supérieure droite (2)
1 ​GVNTA
2 ​RIVS ​NO
3 ​MINE ​

Partie inférieure gauche (3)
1 ​MONACHVS ​
2 ​ET ​[.]ACE ​
3 ​---

Partie inférieure droite (4)
1 ​QVI ​⁝ ​V ​⁝ ​ID̅ ​
2 ​IVN̅ ​⁝ ​OBI
3 ​[.]T ​IN ​DN̅O ​

Partie supérieure gauche (1)
1 ​HIC ​REQVI
2 ​ESCIT ​IN ​
3 ​TVMVLO ​

Partie supérieure droite (2)
1 ​VNTA
2 ​RIVS ​NO
3 ​MINE ​

Partie inférieure gauche (3)
1 ​MONACHVS ​
2 ​ET ​[.]ACE ​
3 ​---

Partie inférieure droite (4)
1 ​QVI ​⁝ ​V ​⁝ ​ID̅ ​
2 ​IVN̅ ​⁝ ​OBI
3 ​[.]T ​IN ​DN̅O ​

Partie supérieure gauche (1)
1 ​HIC ​REQVI
2 ​ESCIT ​IN ​
3 ​TVMVLO ​

Partie supérieure droite (2)
1 ​VNTA
2 ​RIVS ​NO
3 ​MINE ​

Partie inférieure gauche (3)
1 ​MONACHVS ​
2 ​ET ​[.]ACE ​
3 ​---

Partie inférieure droite (4)
1 ​QVI ​⁝ ​V ​⁝ ​ID̅ ​
2 ​IVN̅ ​⁝ ​OBI
3 ​[.]T ​IN ​DN̅O ​

Légende

Violet : caractères allographes.



Partie supérieure gauche (1)
1 ​HIC ​REQVI
2 ​ESCIT ​IN ​
3 ​TVMVLO ​

Partie supérieure droite (2)
1 ​VNTA
2 ​RIVS ​NO
3 ​MINE ​

Partie inférieure gauche (3)
1 ​MONACHVS ​
2 ​ET ​[.]ACE ​
3 ​---

Partie inférieure droite (4)
1 ​QVI ​⁝ ​V ​⁝ ​ID̅ ​
2 ​IVN̅ ​⁝ ​OBI
3 ​[.]T ​IN ​DN̅O ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



Partie supérieure gauche (1)
1 ​HIC ​REQVI
2 ​ESCIT ​IN ​
3 ​TVMV LO ​

Partie supérieure droite (2)
1 ​VNTA
2 ​RIVS ​NO
3 ​MINE ​

Partie inférieure gauche (3)
1 ​MO NA CHVS ​
2 ​ET ​[.]ACE ​
3 ​---

Partie inférieure droite (4)
1 ​QVI ​⁝ ​V ​⁝ ​ID̅ ​
2 ​IVN̅ ​⁝ ​OBI
3 ​[.]T ​IN ​DN̅O ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



Partie supérieure gauche (1)
1 ​HICREQVI
2 ​ESCITIN
3 ​TVMVLO

Partie supérieure droite (2)
1 ​VNTA
2 ​RIVSNO
3 ​MINE

Partie inférieure gauche (3)
1 ​MONACHVS
2 ​ET[.]ACE
3 ​---

Partie inférieure droite (4)
1 ​QVIVID̅
2 ​IVN̅OBI
3 ​[.]TINDN̅O

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Hic requiescit in tumulo Guntarius nomine monachus et sace(rdos) [---] qui V id(us) jun(ii) obi[i]t in D(omi)no.

Traduction

Ici repose dans ce tombeau Guntarius, moine et prêtre, qui est mort dans le Seigneur le 5 des ides de juin [9 juin].

Commentaire

La forme de la pierre, élargie à sa base et présentant une sorte de biseau, est inédite. Qu’elle soit liée à la réutilisation d’un bloc déjà travaillé ou à un aménagement spécifique, elle évoque en tous cas une installation indépendante, fichée dans le sol à la verticale. Bien que rarement attesté à l’époque carolingienne, l’usage de stèles funéraires se retrouve par exemple à Châtellerault[1]. Initialement décorée par une croix latine en relief aujourd’hui grossièrement bûchée, elle devait marquer l’emplacement de la tombe de ce Guntarius dont on ne sait rien par ailleurs, mais dont la qualité de moine et prêtre permet d’attester la présence d’une communauté religieuse en ce lieu à l’époque carolingienne[2]. La formule tumulaire (hic requiescit in tumulo) est classique pour la période, et l’annonce de l’identité du défunt par la précision nomine se retrouve au moins à quatre reprises à Angers[3]. L’originalité de l’inscription réside donc essentiellement dans sa mise en page en quartier, comme on le trouve à Melle pour Arnulfus[4] mais avec une maîtrise graphique et technique bien supérieure.




[1] Voir dans le présent volume la notice n° 70.
[2] Cartron, Les pérégrinations, 2009, p. 357-359.
[3] Voir dans le présent volume les notices n° n° 23, 27, 45 et 47.
[4] Voir dans le présent volume la notice n° 59.