​ Angers, ancienne abbaye Saint-Aubin ​- ​Fragment d’inscription funéraire à caractère obituaire  ​  ​


Angers, ancienne abbaye Saint-Aubin ​- ​Fragment d’inscription funéraire à caractère obituaire

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. Hors-série I, nº21 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire à caractère obituaire. 
Dalle funéraire. ​ Pierre, ardoise.  Inscription conservée dans l’ancienne abbaye Saint-Aubin (aujourd’hui Hôtel du Département), dans la crypte, fixée à la verticale contre un mur. On ignore le lieu et les conditions exactes de la découverte de cette inscription (trouvée dans des remblais antérieurs à la reconstruction au XIIe siècle, elle provient vraisemblablement de l’abbaye Saint-Aubin). Dalle d’ardoise fragmentaire ; il manque l’angle en haut à gauche et une partie du texte ; la partie restante présente une importante cassure. Dimension actuelle de la dalle : hauteur = 43, 5 cm ; longueur = 156 cm ; épaisseur = 8, 5 cm. Pas de décor particulier. Réglure double à l’état de trace dans le haut de la dalle. Inscription partielle ; état de conservation : moyen.
Datation : seconde moitié du IXe siècle [datation paléographique].

Bibliographie

Lecture d’après l’original (vérifié en 2009).
Treffort, Mémoires carolingiennes, 2007, p. 315 [mention] ; Treffort, « Un témoin de la vie politique Ato », 2010, n°2 [texte] ; CIFM, 24, 2010, n°7, p. 96 [notice abrégée] ; Caldell, « Sull’iscrizione di Adriano I », 2016, p. 61, note 6 [mention].

Description paléographique

Les lettres sont exclusivement des capitales romaines. Le module des lettres est relativement régulier. Les mots ne sont pas séparés et on note l’emploi d’une seule lettre plus petite (M enclavée dans O, l. 2). Hauteur moyenne des lettres = 4,9 cm. Une ponctuation constituée de trois petits points disposés en triangle, tête en bas, est visible à la fin des l. 1, 2 et 5 ; une autre précède le mot potens à la l. 2.





Édition imitative


1 ​---] ​O ​ ​NI ​⁖ ​
2 ​---] ​O ​⁖ ​ ​[.]OTENS ​⁖ ​
3 ​---] ​QVIEM ​ ​DONARE ​
4 ​---] ​QVI ​ ​LEGITIS ​ ​ORATE ​ ​PRO ​ ​[..]LO ​
5 ​ ​DECEMBRS ​ ​OB[.]T ​ ​IN ​ ​PACE ​⁖ ​

1 ​---] ​O ​ ​NI ​⁖ ​
2 ​---] ​O ​⁖ ​ ​[.]OTENS ​⁖ ​
3 ​---] ​QVIEM ​ ​DONARE ​
4 ​---] ​QVI ​ ​LEGITIS ​ ​ORATE ​ ​PRO ​ ​[..]LO ​
5 ​ ​DECEMBRS ​ ​OB[.]T ​ ​IN ​ ​PACE ​⁖ ​

1 ​---] ​O ​ ​NI ​⁖ ​
2 ​---] ​O ​⁖ ​ ​[.]OTENS ​⁖ ​
3 ​---] ​QVIEM ​ ​DONARE ​
4 ​---] ​QVI ​ ​LEGITIS ​ ​ORATE ​ ​PRO ​ ​[..]LO ​
5 ​ ​DECEMBRS ​ ​OB[.]T ​ ​IN ​ ​PACE ​⁖ ​

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​---] ​O ​ ​NI ​⁖ ​
2 ​---] ​O ​⁖ ​ ​[.]OTENS ​⁖ ​
3 ​---] ​QVIEM ​ ​DONARE ​
4 ​---] ​QVI ​ ​LEGITIS ​ ​ORATE ​ ​PRO ​ ​[..]LO ​
5 ​ ​DECEMBRS ​ ​OB[.]T ​ ​IN ​ ​PACE ​⁖ ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​---] ​O ​ ​NI ​⁖ ​
2 ​---] ​O ​⁖ ​ ​[.]OTENS ​⁖ ​
3 ​---] ​QVIEM ​ ​DONARE ​
4 ​---] ​QVI ​ ​LEGITIS ​ ​ORATE ​ ​PRO ​ ​[..]LO ​
5 ​ ​DECEMBRS ​ ​OB[.]T ​ ​IN ​ ​PACE ​⁖ ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​---]ONI
2 ​---]O ​[.]OTENS
3 ​---]QVIEM ​DONARE
4 ​---]QVILEGITISORATEPRO[..]LO
5 ​DECEMBRSOB[.]TINPACE

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

 [---] ​o ni [---] o [p]otens [--- re]quiem donare [---] qui legitis orate pro [il]lo ; [---] decembr(i)s ob[i]t in pace.

Traduction

…tout puissant… [daigne lui] donner le repos… [O vous] qui lisez, priez pour lui. Le…de décembre, il est mort en paix.

Commentaire

L’édition du texte est rendue difficile par l’état de conservation de l’inscription. Si la formulation ne semble pas originale, en particulier en ce qui concerne le souhait pieux et la demande de prière, il est impossible d’en restituer exactement la teneur. Il est tentant de lire le mot omnipotens à la fin de la ligne 2 ; la lettre O placée avant la ponctuation, effectivement tracée sur la dalle, rend pourtant difficile cette lecture, le mot potens se trouvant d’ailleurs appliqué lui aussi à Dieu, au Christ ou à la Vierge dans des poèmes épigraphiques de l’époque carolingienne[1].

Les remarques littéraires et linguistiques sont limitées par la conservation fragmentaire de la pierre. On peut soupçonner dans les quelques fragments restant une influence de la liturgie funéraire. Malheureusement, nous avons perdu, avec une partie de la pierre, l’identité du défunt et une éventuelle mention de date.

Malgré la présence d’une ponctuation, son caractère encore en partie aléatoire, de même que l’absence de toute onciale et l’extrême rareté des enclavements incitent à placer cette inscription dans la seconde moitié du IXe siècle. Les conditions de découverte, de même que le caractère anonyme de l’épitaphe, interdisent toute analyse historique trop précise.




[1] On verra par exemple, chez Alcuin, le texte pour l’église de l’abbaye Saint-Amand (Clavis 61.88.3, MGH, Poet. lat., I, n°88.3), le poème pour l’autel de la Vierge et de Saint-Clément (Clavis 61.89.13, MGH, Poet. lat., I, n°89.13), la composition pour l’église d’une abbaye non identifiée (Clavis 61.112, MGH, Poet. lat., I, n°112). On verra aussi le poème Omnipotens Dominus d’Angilbert (MGH, Poet. lat., I, p. 365).