​ Angers, Saint-Julien (auj. : Musée des Beaux-Arts) ​- ​Inscription tumulaire pour Fulcuinus  ​  ​


Angers, Saint-Julien (auj. : Musée des Beaux-Arts) ​- ​Inscription tumulaire pour Fulcuinus

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. Hors-série I, nº22 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire à caractère tumulaire. 
Dalle funéraire. ​ Pierre, ardoise.   ​ Plaque d’ardoise découverte en 1892 dans la démolition d’un mur ancien séparant l’église Saint-Julien de la sacristie. Elle est aujourd’hui conservée dans les réserves du Musée des Beaux-Arts sous le numéro d’inventaire MA GR 67. L’inscription prend place sur une dalle haute d’environ 155 cm pour 40 cm de large et une épaisseur de 5, 5 cm. La surface est très usée, vraisemblablement par la fréquence d’un passage qui n’a parfois laissé subsister que les extrémités des lettres, plus profondément creusées (par l’attaque de l’outil) que le reste. Inscription placée dans le sens vertical de la pierre. Inscription complète ; état de conservation : moyen.
Datation : IXe siècle [datation paléographique].

Bibliographie

Lecture d’après l’original vu en place au Musée des Beaux-Arts en 2008.
Robert, « [Communication inscription Angers] », 1896, p. 82-83 [texte] ; Treffort, Mémoires carolingiennes, 2007, p. 290 [dessin] et p. 315 [mention, bibliographie] ; Une société de pierre, 2009, p. 18 [photo] ; Treffort, « Un témoin de la vie politique », 2010, n°4 [texte] ; CIFM, 24, 2010, n°76, p. 97-98 [notice abrégée] ; Caldell, « Sull’iscrizione di Adriano I », 2016, p. 61 note 6 [mention].

Description paléographique

La disposition générale du texte sur la plaque, dans le sens vertical, est originale et ne se retrouve sur aucune autre dalle conservée d’époque carolingienne. Elle a obligé le lapicide à composer son texte par segment de un, deux ou trois mots maximum, sur un total de 19 lignes ; il a toutefois pris soin de ne couper aucun d’entre eux par un retour à la ligne, préférant laisser parfois un espace libre en bout de ligne. Les lettres, bien que très usées, paraissent d’une très grande régularité, impression renforcée par l’usage de C carrés ou de la forme onciale des Q qui multiplient les barres verticales au détriment des formes courbes. La ligne 20 est tracée d’une même écriture mais moins soignée. Sur le bas de la pierre, on voit également deux marelles gravées et quelques lettres graffitées. Sans pouvoir identifier à proprement parler des enclavements, le sculpteur a multiplié les petites lettres, le plus souvent des voyelles, en les calant sous les barres obliques des V, sur le jambage, lui aussi oblique, des R, ou dans les espaces libres ménagés par le tracé perpendiculaire des T ou des L, renforçant visuellement l’aspect de composition par module carré, malgré les tracés courbes très maîtrisés des O, du G de genere à la ligne 6 ou même des petites boucles des Q onciaux. Les abréviations sont rares et portent, de manière assez classique, sur le nom du Christ, le siècle et les calendes.





Édition imitative


1 ​✝HINC ​[..]NIS ​PED[.]S ​
2 ​REQVIESCVNT ​
3 ​FVLCVINI ​
4 ​MEMBRA ​SEPVLTA ​
5 ​QVI ​FVIT ​OPIMVS ​
6 ​GENERE ​HVMILIS
7 ​QVE ​SACERD[..] ​
8 ​PAVPERVM ​
9 ​QVI ​SINVS ​PRO ​[---
10 ​ ​QVIVIT ​ ​FVLCIR[--- ​
11 ​ ​NON ​ ​PIGVIT ​
12 ​O ​QVICVNQVE ​LEG[..] ​
13 ​TV ​QVAESO ​FVLCVINI ​
14 ​REMINISCERE ​MORTIS ​· ​
15 ​DICQVE ​VIVAT ​XPO ​
16 ​PERENNI ​IN ​GLORIA ​· ​
17 ​AMEN ​· ​
18 ​DECESSIT ​A ​SCL̅O ​
19 ​IIII ​KL ​OCTOBRIS ​· ​
20 ​IN ​NO ​[---

1 ​✝HIN ​[..]NIS ​PED[.]S ​
2 ​REqVIESVNT ​
3 ​FVLVINI ​
4 ​MEMBRA ​SEPVLTA ​
5 ​qVI ​FVIT ​OPIMVS ​
6 ​GENERE ​HVMILIS
7 ​qVE ​SAERD[..] ​
8 ​PAVPERVM ​
9 ​qVI ​SINVS ​PRO ​[---
10 ​ ​qVIVIT ​ ​FVLIR[--- ​
11 ​ ​NON ​ ​PIGVIT ​
12 ​O ​qVIVNqVE ​LEG[..] ​
13 ​TV ​qVAESO ​FVLVINI ​
14 ​REMINISERE ​MORTIS ​· ​
15 ​DIqVE ​VIVAT ​XPO ​
16 ​PERENNI ​IN ​GLORIA ​· ​
17 ​AMEN ​· ​
18 ​DEESSIT ​A ​SL̅O ​
19 ​IIII ​KŁ ​OTOBRIS ​· ​
20 ​IN ​NO ​[---

1 ​HIN ​[..]NIS ​PED[.]S ​
2 ​REqVIESVNT ​
3 ​FVLVINI ​
4 ​MEMBRA ​SEPVLTA ​
5 ​qVI ​FVIT ​OPIMVS ​
6 ​GENERE ​HVMILIS
7 ​qVE ​SAERD[..] ​
8 ​PAVPERVM ​
9 ​qVI ​SINVS ​PRO ​[---
10 ​ ​qVIVIT ​ ​FVLIR[--- ​
11 ​ ​NON ​ ​PIGVIT ​
12 ​O ​qVIVNqVE ​LEG[..] ​
13 ​TV ​qVAESO ​FVLVINI ​
14 ​REMINISERE ​MORTIS ​· ​
15 ​DIqVE ​VIVAT ​XPO ​
16 ​PERENNI ​IN ​GLORIA ​· ​
17 ​AMEN ​· ​
18 ​DEESSIT ​A ​SL̅O ​
19 ​IIII ​KŁ ​OTOBRIS ​· ​
20 ​IN ​NO ​[---

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​✝HIN ​[..]NIS ​PED[.]S ​
2 ​REqVIESVNT ​
3 ​FVLVINI ​
4 ​MEMBRA ​SEPVLTA ​
5 ​qVI ​FVIT ​OPIMVS ​
6 ​GENERE ​HVMILIS
7 ​qVE ​SAERD[..] ​
8 ​PAVPERVM ​
9 ​qVI ​SINVS ​PRO ​[---
10 ​ ​qVIVIT ​ ​FVLIR[--- ​
11 ​ ​NON ​ ​PIGVIT ​
12 ​O ​qVIVNqVE ​LEG[..] ​
13 ​TV ​qVAESO ​FVLVINI ​
14 ​REMINISERE ​MORTIS ​· ​
15 ​DIqVE ​VIVAT ​XPO ​
16 ​PERENNI ​IN ​GLORIA ​· ​
17 ​AMEN ​· ​
18 ​DEESSIT ​A ​SL̅O ​
19 ​IIII ​ ​OTOBRIS ​· ​
20 ​IN ​NO ​[---

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​✝HIN ​[..]NIS ​PED[.]S ​
2 ​REqVIESVNT ​
3 ​FVLVINI ​
4 ​MEMBRA ​SEPVLTA ​
5 ​qVI ​FVIT ​OPIMVS ​
6 ​GENERE ​HVMILIS
7 ​qVE ​SAERD[..] ​
8 ​PAVPERVM ​
9 ​qVI ​SINVS ​PRO ​[---
10 ​ ​qVIVIT ​ ​FVLIR[--- ​
11 ​ ​NON ​ ​PIGVIT ​
12 ​O ​qVIVNqVE ​LEG[..] ​
13 ​TV ​qVAESO ​FVLVINI ​
14 ​REMINISERE ​MORTIS ​· ​
15 ​DIqVE ​VIVAT ​XPO ​
16 ​PERENNI ​IN ​GLORIA ​· ​
17 ​AMEN ​· ​
18 ​DEESSIT ​A ​SL̅O ​
19 ​IIII ​KŁ ​OTOBRIS ​· ​
20 ​IN ​NO ​[---

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​✝HIN[..]NISPED[.]S
2 ​REqVIESVNT ​
3 ​FVLVINI ​ ​ ​
4 ​MEMBRASEPVLTA
5 ​qVIFVITOPIMVS
6 ​GENEREHVMILIS
7 ​qVESAERD[..]
8 ​PAVPERVM ​ ​ ​
9 ​qVISINVSPRO[---
10 ​qVIVITFVLIR[---
11 ​NONPIGVIT ​ ​
12 ​OqVIVNqVELEG[..]
13 ​TVqVAESOFVLVINI
14 ​REMINISEREMORTIS·
15 ​DIqVEVIVATXPO
16 ​PERENNIINGLORIA·
17 ​AMEN·
18 ​DEESSITASL̅O
19 ​IIIIKŁOTOBRIS·
20 ​INNO[---

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Hinc [..]nis ped[e]s requiescunt Fulcuini membra sepulta ; qui fuit opimus genere, humilisque sacerd[os] ; pauperum qui sinus pro [---] quivit fulcir [---] non piguit. O quicunque leg[is], tu quaeso Fulcuini reminiscere mortis dicque : vivat Chr(ist)o perenni in gloria. Amen. Decessit a s(e)c(u)lo IIII k(a)l(endas) octobris. In no [---]

Traduction

Ici…reposent, ensevelis, les membres de Fulcuinus, lui qui, d’une haute lignée, fut humble prêtre ; il fut…le giron … et ne contraria pas… O, qui que tu sois qui lis, rappelle-toi, je te le demande, la mort de Fulcuinus et dis au Christ ; « Qu’il vive dans la gloire éternelle, amen ». Il est parti du siècle le quatre des calendes d’octobre [28 septembre].

Commentaire

Bien que non métrique, le texte utilise des formules à la tonalité littéraire : l’opposition entre la haute lignée (avec opimus pour optimis sans doute) et l’humilité sacerdotale, une autre moins évidente à comprendre du fait de l’altération du texte, opposant quivit et piguit. La recherche littéraire est d’autant plus évidente que le rédacteur, tout en privilégiant le lieu commun, n’a pas choisi des formules stéréotypées connues par ailleurs. Peut-être Fulcuinus lui-même, vraisemblablement lettré du fait de sa fonction sacerdotale sinon de son extraction aristocratique, a-t-il commandé cette épitaphe dont l’originalité se marque d’un point de vue formel. Dans la deuxième partie de l’inscription, l’appel au lecteur et la demande de prière sont eux aussi très fréquents à l’époque carolingienne. Toutefois, dans cette inscription l’appel à se souvenir de la mort est à nouveau original et la formule de prière, vivat Christo perenni in gloria n’est pas utilisée sur d’autres épitaphes de la région, tout comme l’expression decessit a saeculo, évoquant la mort de Fulcuinus dont par ailleurs on ne sait rien. Ironie du sort, le début de son épitaphe, dont les lettres ped[-]s suggèrent une expression mentionnant les pieds des passants (pedes), a disparu, usé par la fréquence du passage sur la dalle…

Appartenant éventuellement au Xe siècle par la présence des lettres carrées, cette inscription pourrait remonter au IXe siècle, date à laquelle les tituli des manuscrits peuvent présenter ce type d’écriture.