Le texte est simple et sans grande recherche littéraire. On peut remarquer quelques erreurs de cas (bona memorie l. 2/3, ou in annum XVI regnante Carolo l. 4/5). À la différence de la formule hic requiescit, trop courante pour qu’on puisse en tirer quelque chose d’intéressant, l’expression sic obiit est une formule assez peu fréquente ; elle ne se retrouve qu’à l’époque carolingienne et seulement à Angers, Ligugé, Poitiers, Reims (épitaphe d’Hincmar pour lui-même) pour la France, et Barcelone, Gérone pour l’Espagne[4].
Une date est portée par l’inscription : la seizième année du règne du roi Charles. Le problème est de savoir qui est ce Charles. Les caractéristiques de l’écriture, en particulier le dépassement systématique des hastes verticales, les lettres carrées ou la forme de la double panse du B, formée de deux boucles tangentes, invitent à placer cette dalle avant la réforme de l’écriture attestée au début du IXe siècle. Ce Charles pourrait donc être Charlemagne, avant son couronnement impérial à la Noël 800. Si l’on suit la pratique diplomatique contemporaine[5], le début de son règne est fixé en 768 (couronnement à Noyon le 9 octobre). Le décès d’Autbertus daterait ainsi du 16 décembre 784, précédant vraisemblablement de peu la réalisation de son épitaphe.
Le nom d’Autbertus, dérivé de Audebertus, est formé à partir de la racine Aud-[6] qu’on retrouve également dans Audoenus[7], sans qu’une telle remarque puisse toutefois être significative. Les sources manuscrites angevines ne permettent malheureusement pas pour l’instant d’identifier ce personnage. C’est d’autant plus regrettable qu’il s’agit d’une des seules inscriptions (avec celle de Balthadus[8]) découvertes en contexte d’utilisation dans les fouilles de Saint-Martin. La plaque formait le couvercle d’une sépulture construite entièrement en dalles d’ardoise et située dans la nef centrale de l’église Saint-Martin. L’analyse stratigraphique tendrait à prouver que l’inscription, très rapidement après sa mise en place, n’était plus visible, car recouverte d’une couche de terre supportant le sol de l’église. De fait, il n’y a dans ce texte aucun appel explicite au lecteur, comme on trouve dans d’autres cas contemporains. On peut alors se poser la question de la date et des circonstances de la réalisation des graffitis, dont la datation ne serait pas incompatible avec la fin du VIIIe siècle et qui pourraient être contemporains de l’inscription principale.