L’état linguistique de l’épitaphe de Balthadus est nettement pré-carolingien : in hunc tumulum pour in hoc tumulo, memoria pour memoriae, obiet pour obiit. On remarque le mélange de deux types de formules, in anno…obiit N et in hoc tumulo requiescit N, qui donne un texte un peu bancal quoique parfaitement compréhensible. Ce qui l’est moins est la manière de noter la date : l’octave (hoctava) correspond en effet normalement à la célébration liturgique qui suit, huit jours après, une fête (on parle de l’octave de Pâques par exemple). Si l’on imagine une contamination du système romain de datation par la logique des calendriers liturgique, le comptage rétrograde des jours pourrait avoir été remplacé par une progression chronologique. Dans ce cas, l’octave des calendes de juin pourrait alors correspondre au 8 juin, ce qui n’explique malheureusement pas la mention du mois de juillet. Si l’on applique la logique rétrograde du calendrier romain à la mention de l’octave, huit jours avant les calendes de juin correspondrait au 25 mai, ce qui n’explique toujours pas la mention du mois de juillet. On pourrait imaginer que le défunt est mort fin mai ou début juin et qu’il a été enterré en juillet, ce qui n’est pas impossible (en cas de décès au loin) mais serait exceptionnel. Nous laisserons ici la question ouverte, tout en signalant que la confusion qui règne dans la datation de l’inscription de Balthadus se retrouve dans d’autres inscriptions carolingiennes, y compris dans des productions de haut niveau artistique[1]. Remarquons pour finir l’usage de la formule très régionale sic obiit, qu’on retrouve à Angers, Poitiers ou encore Ligugé, et très rarement – sinon en Catalogne – ailleurs que dans l’Ouest de la France.
L’inscription est datée de la troisième année du règne du roi Charles ; la paléographie invite à reconnaître en celui-ci Charlemagne, roi des Francs depuis la mort de son père Pépin en 768 ; son couronnement à Noyon le 9 octobre de cette même année marque dans la pratique diplomatique le début de son règne ; on peut donc considérer que Balthadus est mort en 771. On ne connaît malheureusement pas par ailleurs ce personnage ; le nom est toutefois attesté dans la documentation carolingienne, notamment dans le polyptyque d’Irminon[2].