​ Angers, collégiale Saint-Martin ​- ​Inscription funéraire réutilisée pour Durant  ​  ​


Angers, collégiale Saint-Martin ​- ​Inscription funéraire réutilisée pour Durant

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. Hors-série I, nº26 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire à caractère tumulaire. 
Dalle funéraire. ​ Pierre, ardoise.  Cette inscription a été découverte dans les fouilles de la collégiale Saint-Martin à Angers, insérée à l’envers dans le sol du XIe siècle. Elle est aujourd’hui exposée contre le mur sud de l’absidiole nord, près de la porte donnant accès au chœur (n° d’inventaire : SM. L. 008). Cette inscription est gravée sur ardoise. La dalle est presque entière, mise à part une cassure à l’angle supérieur gauche. Dimensions de la dalle : hauteur = 41 cm à gauche et 32 à droite ; longueur = 164 cm ; épaisseur = 11, 5 cm. La pierre est relativement bien conservée, mais porte les traces d’un bûchage volontaire de certaines parties du texte (nom du défunt et date). Le nom de Durant (à la fin de la ligne 1) a lui-même été rajouté sur une surface retravaillée. Le champ épigraphique couvre pratiquement l’ensemble de la surface de la dalle. Des traces de la double réglure sont encore visibles. Le seul décor visible est un cadre à simple raie. Inscription partielle ; état de conservation : moyen.
Datation : 925 [datation interne].

Bibliographie

Texte établi d’après l’original vu en place en janvier 2008.
Prigent, Hunot, La mort en Anjou, 1996, p. 35 [mention ; dessin] ; Treffort, Mémoires carolingiennes, 2007, p. 314 [mention, bibliographie] ; Treffort, « Un témoin de la vie politique Ato », 2010, n°11 [texte] ; Debiais, « Taire ou pointer le traître ? », 2010, fig. 2 [photo] ; CIFM, 24, 2010, n°80, p. 101 [notice abrégée].

Description paléographique

Les lettres sont majoritairement des capitales romaines sauf quelques minuscules (Q de requiescit et de qui) et un G carré (dans legitis). Le module des lettres est très régulier (hauteur moyenne des lettres = 3, 5 cm) ; les mots ne sont pas espacés et il n’y a pas de points de ponctuation. On ne voit ni conjonction, ni enclavement, et une seule abréviation pour le nomen sacrum Domini, à la ligne 4. L’italique signale dans la transcription les parties reprises.





Édition imitative


1 ​HIC ​REQVIESCIT ​CORPVS ​NOMINE ​DVRANT ​
2 ​---] ​QVI ​ ​OBIIT ​[---] OMNES ​
3 ​QVI ​LEGITIS ​ORATE ​PRO ​EIVS ​ANIMA ​
4 ​ANNO ​INCARNACIONIS ​DN̅I ​DCCCCXXV ​

1 ​HIC ​REqVIESCIT ​CORPVS ​NOMINE ​DVRANT ​
2 ​---] ​qVI ​ ​OBIIT ​[---] OMNES ​
3 ​qVI ​LEITIS ​ORATE ​PRO ​EIVS ​ANIMA ​
4 ​ANNO ​INCARNACIONIS ​DN̅I ​DCCCCXXV ​

1 ​HIC ​REqVIESCIT ​CORPVS ​NOMINE ​DVRANT ​
2 ​---] ​qVI ​ ​OBIIT ​[---] OMNES ​
3 ​qVI ​LEITIS ​ORATE ​PRO ​EIVS ​ANIMA ​
4 ​ANNO ​INCARNACIONIS ​DN̅I ​DCCCCXXV ​

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​HIC ​REqVIESCIT ​CORPVS ​NOMINE ​DVRANT ​
2 ​---] ​qVI ​ ​OBIIT ​[---] OMNES ​
3 ​qVI ​LEITIS ​ORATE ​PRO ​EIVS ​ANIMA ​
4 ​ANNO ​INCARNACIONIS ​DN̅I ​DCCCCXXV ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​HIC ​REqVIESCIT ​CORPVS ​NOMINE ​DVRANT ​
2 ​---] ​qVI ​ ​OBIIT ​[---] OMNES ​
3 ​qVI ​LEITIS ​ORATE ​PRO ​EIVS ​ANIMA ​
4 ​ANNO ​INCARNACIONIS ​DN̅I ​DCCCCXXV ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​HICREqVIESCITCORPVSNOMINEDVRANT
2 ​---]qVIOBIIT[---] OMNES ​ ​
3 ​qVILEITISORATEPROEIVSANIMA ​ ​ ​
4 ​ANNOINCARNACIONISDN̅IDCCCCXXV ​ ​

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Hic requiescit corpus nomine Durant [---] qui obiit [---]. Omnes qui legitis orate pro ejus anima. Anno incarnacionis D(omi)ni DCCCCXXV.

Traduction

Ici repose le corps [d’un homme] du nom de Durant…qui mourut… [Vous] tous qui lisez, priez pour son âme. L’an de l’incarnation du Seigneur 925.

Commentaire

Le texte d’origine est écrit dans un latin réformé ; il est simple et ne relève pas d’une grande richesse littéraire. Les formules utilisées, notamment l’appel au lecteur, sont relativement courantes à Angers pour les IXe et Xe siècles. On peut supposer que dans les parties bûchées à la ligne 2, le texte original présentait soit la suite du nom du défunt, soit un qualificatif indiquant sa fonction, puis la date de décès à la suite du mot obiit.

La date est donnée : 925. L’analyse paléographique et la comparaison avec l’inscription d’Oulricus, trouvée place du Ralliement, la confirme. L’intérêt majeur de cette inscription réside dans le fait qu’elle ait été bûchée, indice d’une réutilisation, qui a dû être relativement rapide. En effet, la dalle a été trouvée dans un niveau de sol de la collégiale Saint-Martin datant du début du XIe siècle[1] ; en moins d’un siècle, elle avait donc été réalisée pour un défunt inconnu, mort en 925, réutilisée pour le dénommé Durant, puis réemployée comme dalle de pavement sur sa face antérieure. On remarquera en outre le nom de Durant, dont l’absence de -us final suggère une forme nominale déjà francisée, relativement précoce ; le même nom, avec la même graphie, apparaît sur une autre dalle trouvée à Saint-Martin d’Angers[2]. Qu’il s’agisse ou non du même personnage dans les deux cas, il n’est malheureusement pas connu par ailleurs.




[1] Données archéologiques aimablement transmises par D. Prigent.
[2] CIFM, HSI, n°28.