​ Angers, collégiale Saint-Martin ​- ​Inscription funéraire pour Ermdramnus  ​  ​


Angers, collégiale Saint-Martin ​- ​Inscription funéraire pour Ermdramnus

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. Hors-série I, nº27 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire à caractère tumulaire. 
Dalle funéraire. ​ Pierre, ardoise.  Cette inscription a été découverte dans les fouilles de la collégiale Saint-Martin à Angers ; elle était utilisée en remploi, écriture et décor vers l’intérieur d’une tombe (US 2591) située dans le vaisseau central de la nef, sous le sol du XIe siècle. Elle est aujourd’hui exposée contre le mur sud de l’absidiole nord, près de la porte donnant accès au chœur (n° d’inventaire : SM. L. 014). Inscription sur ardoise. La dalle est presque entièrement conservée, mis à part aux extrémités. En haut de l’inscription, une ligne horizontale ornée d’un trait ondulé est surmontée d’une croix ornée et entourée d’un cadre décoré d’entrelacs. Les dimensions de la dalle sont les suivantes : H = 127 cm ; l. = 54 cm ; ép. = 5,5 cm. Le texte est inscrit dans la partie supérieure de la dalle ; une réglure horizontale double (l. 1/4) puis simple (l. 4/6) sépare les lignes. Comme dans le cas d’Autbertus, la dalle n’a été que sommairement préparée pour recevoir le texte, d’où une légère irrégularité de l’ensemble de la composition. Inscription complète ; état de conservation : bon.
Datation : 771 [datation interne correspondant à la paléographie].

Bibliographie

Texte établi d’après l’original vu en place en janvier 2008.
Prigent, Hunot, La mort en Anjou, 1996, p. 35 [mention ; dessin] ; Treffort, Mémoires carolingiennes, 2007, p. 144 [dessin] et p. 314 [mention, bibliographie] ; Treffort, « Le dossier épigraphique de Vouneuil », 2009, p. 107 [dessin] ; Treffort, « Un témoin de la vie politique », 2010, n°15 [texte] ; CIFM, 24, 2010, n°80, p. 101 [notice abrégée].

Description paléographique

L’écriture présente certaines particularités qui ne sont pas sans rappeler l’inscription d’Autbertus, en particulier les caractères anguleux ou les hastes verticales qui dépassent. À deux reprises, on trouve des lettres minuscules (H à la l. 2, G à la l. 5). Les enclavements sont toutefois plus nombreux (I dans G l. 2, I dans C et O dans B l. 3, I dans C deux fois l. 5, I dans D l. 6), de même que les lettres conjointes (T et E l. 1, M et U l. 2, N et E de même que M et E l. 3, D et R l. 3, A et C l. 5). Deux abréviations sont également à noter, celles des mots clericus l. 4 et quod l. 5. Certaines lettres sont particulièrement originales et ne se trouvent nulle part ailleurs à la même période, comme le O (rond avec quatre triangles, dérivé vraisemblablement d’un O losange) ou le G.





Édition imitative


1 ​IN ​ANNO ​III ​REGNANTE ​KARO
2 ​LO ​REGI ​IN ​HVNC ​TVMVLO ​HIC ​
3 ​QVIESCIT ​BONE ​MEMORIA ​ERM
4 ​DRAMNUS ​CLS ​OBIIT ​IN ​PACE ​
5 ​AMEN ​MINS ​MARCIO ​QD ​FACIT ​
6 ​DIES ​VIII ​

1 ​IN ​ANNO ​III ​REGNANTE ​KARO
2 ​LO ​REGI ​IN ​hVN ​TVMVLO ​HI ​
3 ​QVIESIT ​BONE ​MEMORIA ​ERM
4 ​DRAMNUS ​ƚS ​OBIIT ​IN ​PAE ​
5 ​AMEN ​MINS ​MARIO ​qĐ ​FAIT ​
6 ​DIES ​VIII ​

1 ​IN ​ANNO ​III ​REGNANTE ​KARO
2 ​LO ​REGI ​IN ​hVN ​TVMVLO ​HI ​
3 ​QVIESIT ​BONE ​MEMORIA ​ERM
4 ​DRAMNUS ​ƚS ​OBIIT ​IN ​PAE ​
5 ​AMEN ​MINS ​MARIO ​qĐ ​FAIT ​
6 ​DIES ​VIII ​

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​IN ​ANNO ​III ​REGNANTE ​KARO
2 ​LO ​REGI ​IN ​hVN ​TVMVLO ​HI ​
3 ​QVIESIT ​BONE ​MEMORIA ​ERM
4 ​DRAMNUS ​ƚS ​OBIIT ​IN ​PAE ​
5 ​AMEN ​MINS ​MARIO ​ ​FAIT ​
6 ​DIES ​VIII ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​IN ​ANNO ​III ​REGNANTE ​KARO
2 ​LO ​REGI ​IN ​hVN ​TVMVLO ​HI ​
3 ​QVIESIT ​BO NE ​MEMORIA ​ERM
4 ​DRAMNUS ​ƚS ​OBIIT ​IN ​PAE ​
5 ​AMEN ​MINS ​MARIO ​qĐ ​FAI T ​
6 ​DIES ​VIII ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​INANNOIIIREGNANTEKARO
2 ​LOREGIINhVNTVMVLOHI
3 ​QVIESITBONEMEMORIAERM
4 ​DRAMNUSƚSOBIITINPAE
5 ​AMENMINSMARIOqĐFAIT
6 ​DIESVIII

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

In anno III regnante Karolo regi in hunc tumulo hic quiescit bone memoria Ermdramnus cl(ericu)s obiit in pace. Amen. Mins marcio q(uo)d facit dies VIII.

Traduction

En la troisième année du règne du roi Charles est mort en paix Ermdramnus, clerc de bonne mémoire, en ce tombeau. Amen. C’était le huitième jour du mois de mars.

Commentaire

Le texte est court et ne relève pas d’une grande recherche littéraire. Sa forme latine montre en revanche plusieurs particularités, comme des erreurs de cas (in hunc tumulo ou bone memoria) ou de mutations linguistiques et/ou orthographiques (mins marcio notamment). La construction de l’ensemble du texte est étonnante et ressemble à un assemblage de bouts de formulaires pas totalement maîtrisés, notamment avec la redondance in hunc tumulo hic quiescit.

Comme les inscriptions d’Autbertus et de Balthadus, celle d’Ermdramnus présente une graphie non réformée ; le roi Charles mentionné par la formule de datation ne peut donc qu’être Charlemagne, couronné le 9 octobre 768 ; Ermdramnus derait donc mort le 8 mai 771. On ignore tout de lui, sinon qu’il était clerc. La racine de son nom Ermen- (qui ailleurs a donné Ermendramnus[1]) se retrouve dans ceux d’Ermenberga à Angers[2], d’Ermengardis à Chef-Boutonne[3], d’Ermenbertus[4] et Ermeniardus[5] à Melle dans le Poitou, preuve sans doute de sa diffusion importante dans l’aristocratie du temps.

On remarquera la formule finale qui exprime le jour du décès non selon le système romain des calendes, ides et nones mais selon une formule faisant référence au quantième du mois.




[1] Morlet, Les noms de personne, 1971-1972, t. I, p. 84.
[2] CIFM, HSI, n°43.
[3] CIFM, HSI, n°56.
[4] CIFM, HSI, n°64.
[5] CIFM, HSI, n°65.