​ Angers, Place du Ralliement (auj. : Musée des Beaux-Arts) ​- ​Inscription funéraire pour Audoenus  ​  ​


Angers, Place du Ralliement (auj. : Musée des Beaux-Arts) ​- ​Inscription funéraire pour Audoenus

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. Hors-série I, nº34 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire à caractère tumulaire. 
Dalle funéraire. ​ Pierre, calcaire.  Conservée à Angers. Musée des Beaux-Arts. N° inv. MA 3R71 (2008) ; découverte par M. Parrot sur la Place du Ralliement entre 1867 et 1869, mais on ignore où précisément et dans quelles conditions. Inscription sur calcaire (tuffeau très friable). Le bloc de pierre a visiblement été réemployé ; il est coupé à droite (il manque entre 5 et 7 cm) et deux trous carrés, assez profonds, sont creusés sur la face inscrite. Dimension actuelle du fragment : 60, 5 x 38 cm. La pierre très friable a été usée et on lit désormais très difficilement les lettres dont certaines ont entièrement disparu depuis sa découverte à la fin du XIXe siècle.
Datation : fin du VIIIe siècle [datation paléographique].

Bibliographie

Lecture d’après l’original (vu en place en 2008).
Godard-Faultrier, « Inscription chrétienne », 1877 [texte].Godard-Faultrier, Ville d'Angers, 1884, n°21, p. 101 [texte, traduction] ; Treffort, Mémoires carolingiennes, 2007, p. 176 [texte, traduction, dessin] et p. 314 [mention].

Description paléographique

L’inscription est très usée. Les lettres sont principalement composées de capitales romaines. On observe toutefois, à la l. 1, un Q minuscule et un U oncial, de même que quelques lettres carrées : les C des l. 2 et 4 ; à d’autres endroits (l. 1 not.), le C est resté rond. Les M ont les jambes très écartées. Hauteur des lettres : 3, 5 cm. Les parties restantes montrent des lettres régulières, même si aucune trace de réglure ne subsiste plus aujourd’hui. En revanche, le nom du défunt, écrit selon V. Godard-Faultrier sous forme de graffito a totalement disparu. Les mots ne sont pas espacés et on n’observe ni enclavement, ni conjonction de lettres sinon à la l. 1 (V et M de tumulum). Le seul nom abrégé est celui du Seigneur, D(omi)no, à la l. 5, l’absence de tilde abréviatif étant peut-être dû à la cassure.





Édition imitative


1 ​SVB ​HVNC ​TITVLVM ​REQVI[--- ​
2 ​ ​CVI ​ ​FVIT ​ ​ALMA ​ ​FIDES ​ ​V[--- ​ ​
3 ​TA ​[---] ​ ​ ​
4 ​ ​CARVIT ​ ​PRESENTEM ​ ​VITA[--- ​
5 ​ ​TE ​DN̅O ​ ​MVTA[...] ​ ​IN ​ ​ME[--- ​

1 ​SVB ​HVNC ​TITVLVM ​REqUI[--- ​
2 ​ ​VI ​ ​FVIT ​ ​ALMA ​ ​FIDES ​ ​V[--- ​ ​
3 ​TA ​[---] ​ ​ ​
4 ​ ​ARVIT ​ ​PRESENTEM ​ ​VITA[--- ​
5 ​ ​TE ​DN̅O ​ ​MVTA[...] ​ ​IN ​ ​ME[--- ​

1 ​SVB ​HVNC ​TITVLVM ​REqUI[--- ​
2 ​ ​VI ​ ​FVIT ​ ​ALMA ​ ​FIDES ​ ​V[--- ​ ​
3 ​TA ​[---] ​ ​ ​
4 ​ ​ARVIT ​ ​PRESENTEM ​ ​VITA[--- ​
5 ​ ​TE ​DN̅O ​ ​MVTA[...] ​ ​IN ​ ​ME[--- ​

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​SVB ​HVNC ​TITVLVM ​REqUI[--- ​
2 ​ ​VI ​ ​FVIT ​ ​ALMA ​ ​FIDES ​ ​V[--- ​ ​
3 ​TA ​[---] ​ ​ ​
4 ​ ​ARVIT ​ ​PRESENTEM ​ ​VITA[--- ​
5 ​ ​TE ​DN̅O ​ ​MVTA[...] ​ ​IN ​ ​ME[--- ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​SVB ​HVNC ​TITVLVM ​REqUI[--- ​
2 ​ ​VI ​ ​FVIT ​ ​ALMA ​ ​FIDES ​ ​V[--- ​ ​
3 ​TA ​[---] ​ ​ ​
4 ​ ​ARVIT ​ ​PRESENTEM ​ ​VITA[--- ​
5 ​ ​TE ​DN̅O ​ ​MVTA[...] ​ ​IN ​ ​ME[--- ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​SVBHVNCTITVLVMREqUI[---
2 ​VIFVITALMAFIDESV[---
3 ​TA[---]
4 ​ARVITPRESENTEMVITA[---
5 ​TEDN̅OMVTA[...]INME[---

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Sub hunc titulum requi[escit---] cui fuit alma fides v[ita bea]ta [Audoeni qu---] caruit presentem vita[m---] te D(omi)no muta[vit] in me[lius---].

Traduction

Sous cette inscription repose celui dont la foi fut douce, … Audoenus… qui quitta la présente vie… Par le Seigneur, que … te soit changé en mieux.

Commentaire

Lecture de V. Godard-Faultrier :

SUB HVNC TITVLUM REQUI

CVI FVIT ALMA FIDES V

TA AVDOENI QV

CARVIT PRESENTEM VITAM

TE DNO MUTAVIT IN ME

Sur ce texte très mutilé, il est difficile de faire des remarques linguistiques développées en dehors du fait qu’il paraît écrit en un latin carolingien réformé. On peut restituer presque entièrement la première partie de l’inscription par comparaison avec l’épitaphe découverte à Ligugé, où on trouve une formule proche (cui fuit alma fides vita beata satis[1]) ou avec celle de Giswalus à Bazouges (cujus fides vera et vita fuit beata[2]). La formule caruit presentem vitam se retrouve sur l’inscription d’Ato en 835[3]. La dernière phrase (mutavit in melius) est directement inspirée de la liturgie funéraire[4].

L’utilisation massive de belles capitales romaines malgré quelques onciales ou lettres carrées évoque l’époque carolingienne, contrairement à ce que pensait V. Godard-Faultrier, selon lequel « cette épitaphe, par la forme de ses lettres, peut bien remonter au VIe ou VIIe siècle ». On ne saurait donc désormais retenir la proposition qu’il faisait, avec prudence toutefois, de voir dans le défunt l’évêque d’Angers du même nom mort au VIe siècle. Les marques visibles de sa réutilisation minorent le regret de méconnaître l’origine exacte de cette inscription ; son intérêt principal pourrait résider dans l’important intervalle ménagé, dès l’origine, entre le l. 3 et la l. 4, suggérant une production en série qui permettait ensuite d’inscrire n’importe quel nom dans l’espace resté libre. L’usure totale de l’inscription à cet endroit ne permet d’ailleurs pas d’être totalement assuré de la lecture du nom Audoenus rapporté par le découvreur. Le piètre état de conservation de la pierre et la perte du moulage réalisé par V. Godard-Faultrier interdisent de s’avancer plus avant dans l’interprétation.




[1] Voir dans ce volume la notice n° 75.
[2] Voir dans ce volume la notice n° 57.
[3] Voir dans ce volume la notice n° 41.
[4] Voir Treffort, Mémoires carolingiennes, 2007, p. 176 n°33 citant Le Sacramentaire grégorien : ses principales formes d'après les plus anciens manuscrits, édition comparative, éd. J. Deshusses, , t. 1 : Le Sacramentaire, le supplément d'Aniane , Fribourg, 1971, n°1399.