​ Angers, Place du Ralliement (auj. : Musée des Beaux-Arts) ​- ​Inscription funéraire perdue  ​  ​


Angers, Place du Ralliement (auj. : Musée des Beaux-Arts) ​- ​Inscription funéraire perdue

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. Hors-série I, nº40 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire à caractère obituaire. 
Dalle funéraire. ​ Pierre, ardoise.  Mentionnée par le chanoine Urseau en 1900 lors de sa découverte dans les ruines d’une maison en cours de démolition et située non loin de la place du Ralliement, la dalle avait été déposée au Musée des antiquités par son conservateur, Auguste Michel ; elle n’a pas pu être retrouvée lors de notre visite en mars 2002. D’après les descriptions anciennes, l’inscription était gravée sur une dalle d’ardoise dont les deux extrémités étaient brisées au moment de la découverte. La surface présentait une usure importante et certaines lettres, complètement effacées, étaient devenues illisibles. Le fragment subsistant présentait les mesures suivantes : hauteur = 37 cm ; largeur = 63 cm. L’épitaphe était primitivement entourée d’un encadrement à double raie, dont il restait quelques traces en 1900.
Datation : IXe siècle [datation par la paléographie telle qu’elle est décrite par le chanoine Urseau et par le style général de l’épitaphe].

Bibliographie

Texte établi d’après la lecture du chanoine Urseau.
Urseau, « Deux épitaphes carolingiennes », 1900, p. 200-202 [texte] ; Treffort, Mémoires carolingiennes, 2007, p. 315 [mention].

Description paléographique

Les seules indications paléographiques que nous possédions sont dues au chanoine Urseau qui écrivait : « Les lettres, qui ont la forme de capitales romaines, sont hautes de 0,35 m ». La transcription reprend le texte tel qu’il apparaît chez le chanoine Urseau, dépouillé toutefois de ses restitutions pour fournir un état de la dalle au moment de sa découverte, même si les ajouts du savant angevin semblent possibles sinon certains.


Édition imitative


1 ​---] ​AT ​ ​B[--- ​
2 ​---] ​I ​ ​PRIDIE ​ ​KLD ​ ​IA[--- ​
3 ​---] ​ECVLO ​ ​CORPVS ​[---
4 ​---] ​RA ​ ​PETIT ​ ​QVI ​ ​L[---] ​ ​D[---] ​ ​O[--- ​[1]

1 ​---] ​AT ​ ​B[--- ​
2 ​---] ​I ​ ​PRIDIE ​ ​KLD ​ ​IA[--- ​
3 ​---] ​ECVLO ​ ​CORPVS ​[---
4 ​---] ​RA ​ ​PETIT ​ ​QVI ​ ​L[---] ​ ​D[---] ​ ​O[--- ​[1]

1 ​---] ​AT ​ ​B[--- ​
2 ​---] ​I ​ ​PRIDIE ​ ​KLD ​ ​IA[--- ​
3 ​---] ​ECVLO ​ ​CORPVS ​[---
4 ​---] ​RA ​ ​PETIT ​ ​QVI ​ ​L[---] ​ ​D[---] ​ ​O[--- ​[1]

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​---] ​AT ​ ​B[--- ​
2 ​---] ​I ​ ​PRIDIE ​ ​KLD ​ ​IA[--- ​
3 ​---] ​ECVLO ​ ​CORPVS ​[---
4 ​---] ​RA ​ ​PETIT ​ ​QVI ​ ​L[---] ​ ​D[---] ​ ​O[--- ​[1]

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​---] ​AT ​ ​B[--- ​
2 ​---] ​I ​ ​PRIDIE ​ ​KLD ​ ​IA[--- ​
3 ​---] ​ECVLO ​ ​CORPVS ​[---
4 ​---] ​RA ​ ​PETIT ​ ​QVI ​ ​L[---] ​ ​D[---] ​ ​O[--- ​[1]

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​---]ATB[---
2 ​---]IPRIDIEKLDIA[---
3 ​---]ECVLOCORPVS[---
4 ​---]RAPETITQVIL[---]D[---]O[---[1]

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

[--- ​]at b [--- ]i pridie k(a)l(en)as ja[nuarii s]eculo corpus [--- ast]ra petit qui l[egitis] D[eum] o[rate---][1].

Traduction

… Atb… la veille des calendes de janvier [31 décembre]… du siècle, le corps…cherche à rejoindre les astres. Vous qui lisez, priez Dieu…

Commentaire

Les bribes qui subsistent de cette inscription suggèrent un texte versifié, ou au moins une certaine recherche littéraire. La formule astra petit se retrouve dans l’épitaphe d’Ingelsen, conservée au Musée des Beaux-Arts et datable de la fin du IXe siècle ; par cette formule emblématique de la poésie carolingienne, employée par Alcuin dans plusieurs poèmes à caractère épigraphique[2] et présente dans les inscriptions jusqu’au XIIe siècle[3], ou l’appel au lecteur de la fin, l’inscription disparue mentionnée par le chanoine Urseau s’insère parfaitement dans la série angevine carolingienne. Si l’on admet que les lettres ATB de la première ligne correspondent, comme le pensait le chanoine Urseau, aux premières lettres du nom du défunt (et non à la fin d’un verbe en –at et au début d’un autre mot en b-), il serait malheureusement tronqué. Marie-Thérèse Morlet a inventorié au moins deux formes pouvant correspondre à ATB : Atbertus et Atbrannus[4]. Les deux sont formées à partir de la même dérivation de la racine Ad- en At-, ce qui rend possible d’autres formes, composées avec d’autres suffixes commençant par b-.

L’usage de capitales romaines incite à placer cette inscription au IXe siècle, ce que ne dément pas la ressemblance stylistique avec l’épitaphe d’Ingelsen. Toutefois, l’absence de mention concernant l’éventuelle présence de quelques onciales ou lettres carrées interdit une plus grande précision.




[1] On ne peut pas assurer la restitution d’un appel au lecteur au pluriel, la formule qui legis ora étant tout à fait envisageable si le lapicide disposait d’un espace restreint sur la dalle. La disparition de celle-ci empêche toute assurance de côté-là.
[2] Voir par exemple l’inscription pour l’autel Saint-Étienne à Saint-Hilaire-le-Grand de Poitiers. CIFM, I, n°38, p. 42.
[3] On trouvait l’expression sur une statue de l’abbé Frowinus (1147-1174) réalisée à sa mort et conservée dans l’abbaye allemande d’Engelberg. Kraus F.X., Die christlichen Inschriften der Rheinlande…, II, p. 27 n°57 : Hac duce ceu pennis Daedalus astra petit.
[4] Morlet, Les noms de personne, 1972, t. I, p. 13.