​ Angers, ancienne église Saint-Maimbœuf (auj. : Musée des Beaux-Arts) ​- ​Inscription funéraire pour Ermenberga  ​  ​


Angers, ancienne église Saint-Maimbœuf (auj. : Musée des Beaux-Arts) ​- ​Inscription funéraire pour Ermenberga

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. Hors-série I, nº43 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire à caractère tumulaire. 
Dalle funéraire. ​ Pierre, ardoise.  Inscription exposée au Musée des Beaux-Arts d’Angers, parcours historique, salle 2, à la verticale dans une vitrine (numéro d’inventaire : MA 2R 321). Découverte lors des fouilles de la place du Ralliement en 1867, elle provient de l’emplacement de l’ancienne église Saint-Maimboeuf. L’inscription est gravée sur une dalle d’ardoise restaurée à l’occasion de son exposition permanente dans les collections du musée. Le champ épigraphique est décoré par un cadre et a bénéficié d’une quadruple réglure, volontairement apparente. L’inscription porte en outre trois croix dont deux sont emplies de plomb et apparaissent en relief. La dalle, brisée dans la partie inférieure, a les dimensions suivantes : hauteur = 137, 5 cm ; largeur en haut = 48 cm ; largeur en bas = 38, 5 cm ; épaisseur = 7, 5 cm. Les 4 lignes de textes sont situées dans la partie supérieure de la dalle. Inscription complète ; état de conservation bon (pierre restaurée).
Datation : fin du Xe ou début du XIe siècle [datation par la paléographie et le style générale de la pierre]

Bibliographie

Texte établi d’après l’original vu en place en janvier 2008.
Paris, Bibl. Institut, Arch. E. Le Blant, ms. 1723, fol. 10v° [dessin] ; Paris, BnF, ms. nouv. acq. fr. 6129 (collection Guilhermy, vol. 36), fol. 29 [notes] ; Paris, BnF, ms. nouv. acq. fr. 5569 (collection Ramé), liasse 1, VIII, n° 715-715 [estampage] ; Angers, AD 49, Arch. Godard-Faultrier, sans cote (« Études sur quelques pierres ») [dessin, étude] ; Soland, « Tablettes contemporaines », 1868, p. 281 [mention] ; Godard-Faultrier, Étude sur quelques pierres, 1869, n°2, p. 11-12 [texte, traduction, étude] ; Godard-Faultrier, Ville d’Angers, 1884, n°22, p. 102 [texte, traduction, étude] ; Treffort, « Un témoin de la vie politique Ato », n°4 [texte] ; Treffort, Mémoires carolingiennes, 2007, p. 102 [texte], p. 314 [mention, bibliographie].

Description paléographique

Les lettres sont majoritairement des capitales romaines mais on note également un O en losange à la ligne 1 et, surtout, des onciales : tous les E des lignes 3 et 4, et le G. Les mots du texte, extrêmement soignés, ne sont pas séparés les uns des autres, mais chaque ligne correspond à un ensemble logique. Le texte, court, ne montre aucune abréviation ; on note quelques enclavements : deux fois I dans H à la ligne 1 ; V et I dans un Q à double queue, I dans C et O dans C à la ligne 2. À la dernière ligne, les trois syllabes de femina sont séparées pour emplir la ligne.





Édition imitative


1 ​EPHITA✝PHION ​
2 ​HIC ​QVIESCIT ​CORPVS ​
3 ​ERMENBERGANE ​
4 ​FEMINA ​

1 ​EPHITA✝PHION ​
2 ​HI ​QVIESCIT ​CORPVS ​
3 ​RMNBRGAN ​
4 ​FMINA ​

1 ​EPHITAPHION ​
2 ​HI ​QVIESCIT ​CORPVS ​
3 ​RMNBRGAN ​
4 ​FMINA ​

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​EPHITA✝PHION ​
2 ​HI ​QVIESCIT ​CORPVS ​
3 ​RMNBRGAN ​
4 ​FMINA ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​EPHITA✝PHION ​
2 ​HI ​QVIESCIT ​CORPVS ​
3 ​RMNBRGAN ​
4 ​FMINA ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​EPHITA✝PHION
2 ​HIQVIESCITCORPVS
3 ​RMNBRGAN
4 ​ ​F ​ ​MI ​ ​ ​NA

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

Ephitaphion. Hic quiescit corpus Ermenbergane, femina.

Traduction

Épitaphe. Ici repose le corps d’Ermenberga, femme.

Commentaire

Le texte de cette inscription est très concis. On peut toutefois remarquer l’emploi (exceptionnel) d’un terme désignant l’épitaphe, et son orthographe, l’ion final étant hellénisant, l’ephi initial étant lui plus simplement fautif. Notons aussi le qualificatif de femina appliquée à la défunte et dont la traduction « femme » ne rend sans doute qu’imparfaitement la teneur sociale qui lui était accordée à l’époque carolingienne, comme en témoignent d’autres cas répertoriés dans le présent recueil (à Tours et Angers notamment). D’autre part, on remarque la similitude de formule avec l’inscription de Bernarius[1](epitaphium), peut-être lié à l’existence d’un modèle manuscrit.

La date du VIIIe siècle, proposée par V. Godard-Faultrier, est incompatible avec ce que l’on sait de la pratique épigraphique de cette période[2]. L’élégance et la qualité de cette inscription ainsi que l’usage d’enclavements, d’E onciaux et d’un O en losange, suggéreraient comme date de réalisation la fin du Xe ou le début du XIe siècle. Outre sa qualité graphique, cette inscription se distingue de l’ensemble de la série angevine par l’incrustation de plomb qui n’est pas sans rappeler la pratique reconnue à Melle et à Tours. L’absence de précisions biographiques et même de date pour le décès interdit d’identifier cette Ermenberga à d’autres femmes de même nom connues à travers la documentation contemporaine[3]. Formé à partir du radical Ermen-, son nom peut en rappeller d’autres qui, dans la région, ont également bénéficié d’inscriptions funéraires, preuve de leur statut privilégié dans la société du temps : Erdramnus[4] à Angers, Ermengardis[5] à Chef-Boutonne, Ermenbertus[6] et Ermeniardus[7] à Melle, sans qu’un quelconque lien de parenté entre tous ces personnages puisse être inféré de cette proximité onomastique.




[1] Voir dans ce volume l’inscription n° 35.
[2] Voir par exemple les épitaphes pour Autbertus (n° 24) et pour Ermdramnus (n° 27).
[3] Morlet, Les noms de personne, 1972, t. I, p. 82.
[4] Voir dans ce volume l’inscription n° 27.
[5] Voir dans ce volume l’inscription n° 56.
[6] Voir dans ce volume l’inscription n° 64.
[7] Voir dans ce volume l’inscription n° 65.