Le texte de cette inscription est très concis. On peut toutefois remarquer l’emploi (exceptionnel) d’un terme désignant l’épitaphe, et son orthographe, l’ion final étant hellénisant, l’ephi initial étant lui plus simplement fautif. Notons aussi le qualificatif de femina appliquée à la défunte et dont la traduction « femme » ne rend sans doute qu’imparfaitement la teneur sociale qui lui était accordée à l’époque carolingienne, comme en témoignent d’autres cas répertoriés dans le présent recueil (à Tours et Angers notamment). D’autre part, on remarque la similitude de formule avec l’inscription de Bernarius[1](epitaphium), peut-être lié à l’existence d’un modèle manuscrit.
La date du VIIIe siècle, proposée par V. Godard-Faultrier, est incompatible avec ce que l’on sait de la pratique épigraphique de cette période[2]. L’élégance et la qualité de cette inscription ainsi que l’usage d’enclavements, d’E onciaux et d’un O en losange, suggéreraient comme date de réalisation la fin du Xe ou le début du XIe siècle. Outre sa qualité graphique, cette inscription se distingue de l’ensemble de la série angevine par l’incrustation de plomb qui n’est pas sans rappeler la pratique reconnue à Melle et à Tours. L’absence de précisions biographiques et même de date pour le décès interdit d’identifier cette Ermenberga à d’autres femmes de même nom connues à travers la documentation contemporaine[3]. Formé à partir du radical Ermen-, son nom peut en rappeller d’autres qui, dans la région, ont également bénéficié d’inscriptions funéraires, preuve de leur statut privilégié dans la société du temps : Erdramnus[4] à Angers, Ermengardis[5] à Chef-Boutonne, Ermenbertus[6] et Ermeniardus[7] à Melle, sans qu’un quelconque lien de parenté entre tous ces personnages puisse être inféré de cette proximité onomastique.