Même si elle se compose de formules très fréquentes dans l’épigraphie funéraire du haut Moyen Âge, l’épitaphe de Bazouges n’en constitue pas moins un texte original et d’un grand intérêt. Rédigée dans un latin réformé de bonne qualité, elle propose un formulaire très complet : mention tumulaire, éloge du défunt, nom du défunt, mention obituaire, appel au lecteur, vœu pieux, datation précise. Comme dans un grand nombre de textes contemporains, l’inscription a une dimension cumulative, avec une juxtaposition d’expressions funéraires bien construites mais offrant tout de même un texte décousu. Les principales originalités proviennent de variantes dans la mise en place des formules : beate memorie pour bone memorie, hic decessit pour hic obiit, quicumque venis pour quicumque legis.
Outre ses qualités graphiques et littéraires, cette inscription se démarque également de ses contemporaines par le mode de datation qui utilise conjointement l'ère de l'incarnation, le système des indictions et la mention du souverain régnant, pratique plus courante dans la diplomatique que dans l'épigraphie médiévale. On remarquera que le roi mentionné par l'inscription, Charles le Gros, troisième fils de Louis le Germanique (mort le 26 août 876), est déjà considéré comme empereur, avant même son couronnement impérial à Rome le 12 février 881. Le défunt n'est malheureusement pas connu par ailleurs même si son nom, formé à partir de la racine Gis- et vraisemblablement du suffixe -walha[1], rappelle des formes attestées dans la documentation contemporaine.