Le formulaire funéraire restitué à partir des quelques éléments encore lisibles sur le dessin de l'abbé Ledru est conforme aux usages de l'épigraphie funéraire carolingienne de l'Ouest et se rapproche en particulier de ce que l'on peut lire à Angers sur les dalles d'Autbertus ou d'Ermdramnus. La partie la plus difficile à restituer concerne la datation du décès ; on peut supposer qu'elle passait par l'année de règne d'un souverain comme c'est le cas à Angers. La fin du texte est en revanche plus originale et plus complexe que les exemples angevins. L'introït de la messe pour les défunts (Requiem aeternam dona eis, Domine, et lux perpetua luceat eis) a été transposé à la troisième personne du singulier ; si la reprise d'éléments liturgiques est fréquente dans les épitaphes, il est toutefois assez rare, surtout pour des époques aussi hautes, que la séquence soit citée dans son intégralité, les auteurs préférant emprunter des expressions ou des images plus courtes. Comme le faisait déjà remarquer A. Ledru, la fin du texte de Souvigné-sur-Sarthe se retrouve exactement dans l'épitaphe d'un évêque du Mans, Francon Ier mort en 816[3].
Les similitudes entre cette inscription et les deux exemples angevins évoqués ci-dessus, les données paléographiques et linguistiques (luciat pour luceat, annum ou annus pour anno, l'absence du E de donet) pourraient inviter à dater la dalle de Souvigné-sur-Sarthe de la seconde moitié du VIIIe siècle.