Autant dans la graphie que dans la langue, cette inscription est le témoin d’une situation hétérogène, ou de transition ; elle appartiendrait ainsi à la fin du VIIIe siècle ou au début du IXe. Le texte principal est en latin de type nettement « mérovingien » (ou du moins avant la réforme) : hunc sans h, in hunc tumulum au nominatif au lieu de hoc tumulo, requiescet au lieu de requiescit, obit pour obiit tandis que le texte annexe (appel au lecteur et demande de prière) est en latin réformé, sans erreur. Peut-être est-ce dû au caractère stéréotypé de la formule, que l’on retrouve, sous une forme plus ou moins proche, dans d’autres inscriptions carolingiennes, et qui intègre une séquence quasiment liturgique (ut donet ei Deus requiem).
On remarque d’ailleurs que le jeu graphique savant, destiné sans doute à attirer l’attention du fidèle lettré, sur son contenu, s’applique justement à cette partie. L’épitaphe en latin « mérovingien », plus proche de la pratique linguistique contemporaine sans doute, est d'ailleurs incomplète ; il manque l’indication de la date du décès du défunt, pourtant annoncée par la formule obiit die. A-t-elle finalement été omise ou inscrite sous une forme périssable ? Toujours est-il que les deux niveaux de langue cohabitent sur la même pierre, avec une graphie identique.
L’ensemble est remarquablement agencé, fait d’autant plus notable que la dalle a été réalisée pour un jeune enfant (puer). L’association d’un parler encore mérovingien, d’une formule d’appel à la prière avec formule liturgique en latin de type classique et d’une écriture reformée plaide pour le début de la réforme carolingienne, peut-être le règne de Charlemagne ou, au plus tard, celui de Louis le Pieux. Le nom Arnulfus est relativement commun pendant toute la période carolingienne[1], particulièrement prisé – sans exclusive toutefois – dans la famille royale et ses fidèles. L’usage de ce nom dans un lieu particulièrement important pour l’empire carolingien – un des principaux lieux d’extraction de l’argent et atelier de frappe monétaire – pourrait inviter à chercher l’origine d’Arnulfus ailleurs que dans un milieu strictement local ou régional.