​ Melle, église Saint-Pierre ​- ​Inscription funéraire pour Bobus  ​  ​


Melle, église Saint-Pierre ​- ​Inscription funéraire pour Bobus

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. Hors-série I, nº60 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire à caractère obituaire. 
Dalle funéraire. ​ Pierre.  L’inscription funéraire de Bobus prend place sur un couvercle de sarcophage découvert dans des travaux à l’église Saint-Pierre de Melle en 1970 ; il est aujourd’hui brisé en trois morceaux. Selon des témoignages oraux, il aurait été trouvé devant le portail sud de l’église, mais les fouilles réalisées en 1992 par Bernard Farago-Szekeres à cet emplacement n’ont pas montré de traces d’enlèvement. Le sarcophage était donc un peu éloigné par rapport à l’entrée, à l’extérieur, dans une zone non touchée par les fouilles[1] ; il est aujourd'hui exposé à l'intérieur de l'église Saint-Pierre. Le texte, en deux parties, prend place sur une grande croix gravée sur le couvercle, ce qui est un dispositif tout à fait original par rapport aux traditions régionales[2] et pourrait se rapprocher de productions rhénanes[3] pour les Xe-XIIe siècles. Le texte principal, qui évoque la mort de l’individu, prend place sur la hampe ; le texte annexe, Pax Christi, trouve place au-dessus de la rosace. Dimensions du couvercle = 220 x 83/42 cm ; épaisseur = 10/13 cm. Inscription complète ; état de conservation : moyen.
Datation : fin VIIIe-début IXe siècle [datation paléographique et linguistique et la forme générale du dispositif décoratif].

Bibliographie

Texte établi d’après l’original vu en place en 2009.
CIFM, I/3, n°10, p. 136-137 [texte, traduction]  ; Vareille, « Les épitaphes médiévales de Melle », 2004, p. 84 [texte, traduction, dessin, étude] ; Treffort, Mémoires carolingiennes, 2007, p. 145 [dessin], p. 314 [mention, bibliographie] ; Jarry, Corpus des inscriptions, 2009, p. 112-113 [texte, traduction, dessin] ; Une société de pierre, 2009, p. 34 [texte et cliché].

Description paléographique

L’écriture est assez proche de celle utilisée dans l’inscription de Godemerus par le O en navette. Le reste des lettres est composé essentiellement de capitales romaines, sauf un C carré, des B minuscules (qui pourraient rappeler le Q minuscule des inscriptions d’Arnulfus et de Godemerus) et les X de pax et XPI (Christi), avec des branches courtes. Hauteur moyenne des lettres = 6 cm. Les abréviations sont rares, mais on note une conjonction (ME de memorie) et divers enclavements. La croix est ornée au centre d’un cercle décoratif dont le motif rappelle celui présent sur la dalle de Godemerus.





Édition imitative


Texte principal
1 ​✝VIIX ​KL ​DECEMRIS ​OBIIT ​BOBVS ​BONE ​
2 ​MEMORIE ​QVI ​LEGIT ​ORA ​P ​EVM ​

Texte annexe
1 ​PAX ​✝XP̅I ​

Texte principal
1 ​✝VIIX ​KꝈ ​DEEMRIS ​ObIIT ​bObVS ​bONE ​
2 ​MEMORIE ​QVI ​LEGIT ​ORA ​Ꝓ ​EVM ​

Texte annexe
1 ​PAX ​✝XP̅I ​

Texte principal
1 ​VIIX ​K ​DEEMRIS ​ObIIT ​bObVS ​bONE ​
2 ​MEMORIE ​QVI ​LEGIT ​ORA ​ ​EVM ​

Texte annexe
1 ​PAX ​XP̅I ​

Légende

Violet : caractères allographes.



Texte principal
1 ​✝VIIX ​KꝈ ​DEEMRIS ​ObIIT ​bObVS ​bONE ​
2 ​MEMORIE ​QVI ​LEGIT ​ORA ​ ​EVM ​

Texte annexe
1 ​PAX ​✝XP̅I ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



Texte principal
1 ​✝VIIX ​KꝈ ​DEEMRIS ​ObIIT ​bObVS ​bONE ​
2 ​MEMORIE ​QVI ​LEGIT ​ORA ​Ꝓ ​EVM ​

Texte annexe
1 ​PAX ​✝XP̅I ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



Texte principal
1 ​✝VIIXKꝈDEEMRISObIITbObVSbONE
2 ​MEMORIEQVILEGITORAꝒEVM

Texte annexe
1 ​PAX✝XP̅I

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

VIIX ​k(a)l(endas) decemris obiit Bobus bone memorie. Qui legit ora p(ro) eum. Pax Chr(ist)i.

Traduction

Le 17 des calendes de décembre, est mort Bobus, de bonne mémoire. Celui qui lit, prie pour lui. La paix du Christ.

Commentaire

Le texte principal est très simple, avec la mention obituaire, le nom du défunt et un appel à la prière. L’inscription Pax Christi est en revanche totalement inédite. On remarquera l’inversion, dans l’évocation de la date, entre le X et le VII par rapport à notre système actuel ; ce n’est toutefois pas une erreur, puisqu’en latin, 17 se dit septemdecim, le 7 étant évoqué avant le 10. Le changement de personne (1ère personne du singulier dans legit, 2e personne dans ora) dans l’appel à la prière est également assez fréquent à l’époque carolingienne.

Le défunt, Bobus, « de bonne mémoire » (qualificatif générique), n’est pas connu par ailleurs dans la région. M.-Th. Morlet a répertorié de nombreux cas de Bobo, très fréquents entre le VIIe et le Xe siècle, avec des dérivations du type Bobolenus, Bodosirinnus[4]…, proche du nom du défunt mellois. Devant l’absence de comparaisons fiables et bien datées dans le domaine épigraphique, il est difficile d’attribuer une datation à la dalle de Bobus ; la différence avec les inscriptions attribuées à la réforme carolingienne (Arnulfus, Leuterius notamment) et les similitudes paléographiques avec la dalle de Godemerus renverraient plutôt à la fin du VIIIe siècle.




[1] Selon CIFM, I/3, n°10, p. 136-137, à 7 m de l’élévation sud de la nef.
[2] Voir à ce sujet Coppola M., Flammin A., « Les sarcophages au musée lapidaire du baptistère Saint-Jean de Poitiers » Bulletin de la Société des antiquaires de l’Ouest, 5ème série, t. VIII, 1994, p. 187-334.
[3] Die Inschriften der Stadt Bonn , ed. H. Giersiepen, 2000, (Die deutschen Inschriften, 50), ill. 1-10.
[4] Morlet, Les noms de personne, t. I, 59, a-c.