Malgré le caractère ingrat du support, un calcaire local avec trous et nodules, l’inscription d’Erberfredus se distingue par sa qualité à la fois linguistique et graphique. Le contenu du texte est simple sans être totalement classique : la mention de l’obit est ainsi associée non à une demande de prière, mais à l’expression au présent de l’indicatif d’une prière communautaire, par cujus memoriam precamur. Cette forme particulière ne se retrouve qu’à Bourges, dans la formule pro cujus anima omnes precamur Deum, utilisée sur place à sept reprises[1]. Contrairement à Bourges, l’inscription melloise ne présente aucune liberté dans le latin et se distingue des autres par une langue réformée parfaite. Les caractéristiques linguistiques comme les données paléographiques pourraient ainsi inviter à placer cette inscription au IXe siècle, peut-être vers le milieu de celui-ci, ce que pourraient confirmer les conditions archéologiques de découvertes de la pierre dans le troisième niveau de sépultures.
Le nom d’Eberfredus n’est pas connu dans la documentation régionale conservée, ni répertorié par M.-Th. Morlet, mais le nom, d’origine germanique, est manifestement composé de deux racines par ailleurs parfaitement connues, Ebur-[2], dérivé selon les cas en Ebro-, Ebre-, Ever-, et Frid-[3], avec sa variante très commune Fred- ; les deux racines ont pu donner par exemple Fredebertus[4] ou Ebrorfrid, Eburfridus, Evrefridus, toujours pour l’époque carolingienne[5].