Les personnages concernés par ce texte – Leuterius et son père Gislebrandus – sont inconnus dans notre documentation. La présence de cette plate-tombe qui porte les marques de la réforme carolingienne suggère la présence à Melle d’un petit groupe formé à la cour ou du moins dans sa mouvance, peut-être lié à l’activité de l’atelier monétaire. Le nom de Leuterius sous ses formes diverses[1] est très fréquent dans la région[2] comme dans l’ensemble du monde carolingien. Le nom de Gislebrandus, connu pour le IXe siècle[3], est formé à partir de deux racines Gis- et -bradus, eux aussi assez fréquents[4].
La perfection de la réalisation matérielle et l’orthographe laisse supposer que cette épitaphe est postérieure à la réforme carolingienne de l’écriture et doit être placée au IXe siècle, ce que ne contredit pas l’analyse paléographique. L’abondance de belles et amples capitales romaines suggère en effet le IXe siècle, tandis que la présence de deux lettres carrées font penser à la seconde moitié de ce siècle. La forme particulière du H se retrouve à la fin du VIIIe siècle à Angers (dans la dalle d’Autbertus[5]) et à Vertou[6], mais surtout à Château-Gontier, en 876 sur la dalle de Giswahlus[7] qui comporte aussi des C carrés. Le G carré existe dans la seconde moitié du IXe siècle (fragment de l’épitaphe de Boson, mort en 889, à Vienne[8], ou dans l’épitaphe d’Oulricus à Angers en 910[9]). La forme du Q avec la queue partant vers la droite, rappelle celui que l’on voit à Tours sur la dalle d’Adalberga en 830 ou 840[10] et sur celle d’Amelius mort en 874 à Poitiers[11]. Enfin le X rappelle la forme de celui de l’épitaphe d’Adda à Poitiers[12], datée de la seconde moitié du IXe siècle qui comporte aussi un C carré. Tous ces éléments paléographiques plaideraient donc en faveur d’une datation dans la seconde moitié du IXe siècle.