​ Saint-Maixent, rue Garran de Balzan ​- ​Inscription funéraire pour Ahkardus  ​  ​


Saint-Maixent, rue Garran de Balzan ​- ​Inscription funéraire pour Ahkardus

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. Hors-série I, nº68 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire. 
Dalle funéraire. ​ Pierre.  Pierre découverte au début de l’année 1888 lors de travaux effectués dans une rue de Saint-Maixent à l’emplacement de l’ancien cimetière de l’abbaye Saint-Léger. D’abord déposée au Musée du Pilori à Niort, elle fut donnée au Musée de l’Échevinage de Poitiers en 1892. Elle est aujourd’hui exposée dans la salle lapidaire du Musée Sainte-Croix sous le numéro d’inventaire A. 892.45.33. Dimensions du fragment : 39 x 25 cm ; épaisseur = 12 cm. Aujourd’hui on distingue quatre lignes de texte, la première extrêmement partielle, placées dans une double réglure profondément incisées à la surface de la pierre. Inscription partielle ; état de conservation du fragment : moyen.
Datation : fin du VIIIe-IXe siècle ? [datation par comparaison avec les dalles melloises d'Ermenbertus et d'Ermeniardus].

Bibliographie

Lecture d’après l’original vu au Musée Sainte-Croix en 2009.
CIFM, I/1, n°101, p. 126-127, fig. 79 [texte, traduction, commentaire, bibliographie ancienne] ; Treffort, Mémoires carolingiennes, 2007, p. 341 [mention].

Description paléographique

Inscription majoritairement composée de capitales romaines de module irrégulier et profondément tracées. Le C de la ligne 2 est carré ; le H de la ligne 3 est minuscule. Les V, à la fin de la même ligne, se rappochent des formes remarquées à Melle dans les notices précédentes et s'apparentent à la forme d'un U manuscrit. Hauteur moyenne des lettres = 4, 5 cm. En l’état actuel du fragment, on ne repère aucune abréviation, même si l’on peut supposer leur existence dans les restitutions proposées dans l’édition critique. Un seul signe de ponctuation visible : un petit triangle sépare les mots tollit et crimina. Pas de décor particulier.





Édition imitative


1 ​---] ​IS ​[---
2 ​---]OLLIT ​· ​CRIMI[--- ​
3 ​---]VS ​AHKARDIS ​VV[--- ​
4 ​---]ILLI ​IN ​SEMPIT[--- ​

1 ​---] ​IS ​[---
2 ​---]OLLIT ​· ​RIMI[--- ​
3 ​---]VS ​AhKARDIS ​UU[--- ​
4 ​---]ILLI ​IN ​SEMPIT[--- ​

1 ​---] ​IS ​[---
2 ​---]OLLIT ​· ​RIMI[--- ​
3 ​---]VS ​AhKARDIS ​UU[--- ​
4 ​---]ILLI ​IN ​SEMPIT[--- ​

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​---] ​IS ​[---
2 ​---]OLLIT ​· ​RIMI[--- ​
3 ​---]VS ​AhKARDIS ​UU[--- ​
4 ​---]ILLI ​IN ​SEMPIT[--- ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​---] ​IS ​[---
2 ​---]OLLIT ​· ​RIMI[--- ​
3 ​---]VS ​AhKARDIS ​UU[--- ​
4 ​---]ILLI ​IN ​SEMPIT[--- ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​---]IS[---
2 ​---]OLLIT·RIMI[---
3 ​---]VSAhKARDISUU[---
4 ​---]ILLIINSEMPIT[---

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

[--- ​]is [---. En agnus Dei qui t]ollit crimi[na cosmi. Hic requiescit corp]us Ahkardis. Viv[it in Chr(ist)o. Anima]  illi in sempit[ernum requiescat---].

Traduction

… Voici l’agneau de Dieu qui enlève les crimes du monde. Ici repose le corps d’Ahkardus. Il vit dans le Christ. Que son âme, à jamais, repose…

Commentaire

La restitution proposée dans l’édition critique s’appuie sur les similitudes entre le texte pour Ahkardus et les inscriptions conservées au Musée de Niort mentionnant Ermenbertus et Ermeniardus[1], la formulation construite autour de crimina étant suffisament originale pour que la restitution puisse être assurée. L'écriture, notamment le module des lettres, n'est pas non plus très différente.

Le nom du défunt est attesté à de nombreuses reprises dans le répertoire de M.-Th. Morlet avec des graphies variables[2] : Achardus[3], Acardus[4], Akardus[5], Accardus[6]... Comme le signalaient déjà les éditeurs du Corpus des inscriptions de la France médiévale, le nom apparaît dans le cartulaire de Saint-Maixent au Xe siècle, avec toutefois des graphies différentes à celle que l'on trouve dans l'inscription aujourd'hui conservée à Poitiers. Pour ces raisons, et pour les similitudes paléographiques et linguistiques avec les inscriptions de Saint-Pierre de Melle, ce fragment peut être attribué à la fin du VIIIe ou au début du IXe siècle.




[1] Voir dans ce volume les notices n° 68 et 69. On verra le commentaire de ces deux textes pour l’analyse du formulaire de l’inscription d’Ahkardus.
[2] Morlet, Les noms de personne, t. I, p. 21a et b.
[3] Par exemple : Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny…, vol. I, acte 58 (c. 895).
[4] Par exemple : Das Polyptychon von Saint-Germain-des-Près…, § VIII, 4.
[5] Par exemple : Grand cartulaire de Saint-Julien de Brioude , ed. M. Baudot , Clermont-Ferrand, 1935, acte 114.
[6] Par exemple : Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny…, vol. I, acte 458.