Inscription funéraire à caractère
obituaire. Dalle funéraire. Pierre. Inscription découverte au moment de l’ouverture du
tombeau de l’évêque dans l’église Saint-Cyprien de
Poitiers ; copiée à cette occasion, elle semble avoir disparu presque
immédiatement après sa découverte. On ne conserve qu’une copie du
contenu. Inscription complète au moment de la découverte. Datation : 858 [datation par
identification du personnage].
Bibliographie
Texte d’après la copie rapportée par Jean Bouchet en 1557 et
publiée dans le CIFM. Bouchet, Annales d'Aquitaine, 1557, p. 106 [texte]. ; CIFM,
I, n°25, p. 26-27 [texte, bibliographie exhaustive, commentaire] ; Treffort, Mémoires
carolingiennes, 2007, p. 333 [mention].
Description paléographique
Les copies anciennes ne fournissent aucune indication
d’ordre paléographique et ne nous renseignent pas davantage sur la
disposition du texte que nous transcrivons ci-dessous conformément à
son rapport par le CIFM.
Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription. Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.
Édition normalisée
Triste vix unquam poterit deponere crimen Pictavis magni praesulis interitu. Maii septenis Ebroinus bisque calendis, pontificalis apex, astra superna petit. Hilarius s(anctus) Germanus quem habuere abbatem ; angusto hic jacet in tumulo.
Traduction
Jamais Poitiers ne pourra oublier le lamentable crime qu’a été le meurtre de son
grand évêque. Le 14 des calendes de mai [18 avril], Ébroïn, pontife suprême,
gagne les astres d’En-haut. Saint-Hilaire et Saint-Germain l’eurent pour abbé.
Il repose ici, en cet étroit tombeau.
Commentaire
Le poème funéraire se compose de trois distiques élégiaques ; une erreur de
quantité est à signaler au début du dernier pentamètre. Il faut également
remarquer une certaine recherche sur les assonances (praesulis-septenis-calendis-pontificalis,
angusto-tumulo)
sans que l’on repère pour autant de rimes systématiques (léonines ou autres).
Comme le faisaient remarquer les éditeurs du Corpus des inscriptions de la
France médiévale, le vocabulaire employé dans l’épitaphe d’Ébroïn est très
proche de celui qu’on trouve dans les compositions d’Alcuin pour les grands
personnages de son temps[1].
Ébroïn, évêque de Poitiers de 839 et 858, dirigea
également les abbayes de Saint-Hilaire à Poitiers et de Saint-Germain-des-Prés,
mentionnées dans le texte de son épitaphe. Les circonstances tragiques de son
décès sont également rappelées en début de poème, qui précise le jour du décès à
l’intérieur d’un vers, ce qui est fort rare dans l’épigraphie métrique
médiévale.