​ Poitiers, Saint-Hilaire-le-Grand ​- ​Inscription funéraire pour Madalfredus.  ​  ​


Poitiers, Saint-Hilaire-le-Grand ​- ​Inscription funéraire pour Madalfredus.

Corpus des Inscriptions de la France Médiévale, vol. Hors-série I, nº80 ​  ​


Description générale

Inscription funéraire à cartactère obituaire. 
Dalle funéraire. ​ Pierre, calcaire.  Inscription provenant de la façade de l’église Saint-Hilaire-le-Grand de Poitiers (localisation précise originale sur le site inconnue). ​ Donnée à la Société des antiquaires de l’Ouest en 1854 par le curé de la paroisse[1], elle fait aujourd’hui partie des collections du Musée Sainte-Croix et est exposée dans la salle lapidaire sous le numéro d’inventaire L. 483 (2004). L’inscription est tracée sur un bloc de calcaire de 50 x 11 cm ; le champ épigraphique est délimité par un cadre et réglé pour recevoir trois lignes de texte. Les réglures simples déterminent un interligne d’une hauteur comprise entre 2, 6 et 2, 3 cm. Sous la troisième ligne, un second texte, sans doute plus récent, a commencé à être tracé dans une graphie différente[2]. Inscription complète ; état de conservation : moyen. Nº d'inventaire : L. 483. ​
Datation : 802 ou 808 [datation interne partielle].

Bibliographie

Lecture établie l’original vu au Musée Sainte-Croix en 2009.
Touzé de Longuemar, « Épigraphie du Haut-Poitou », 1863, p. 171 [dessin, transcription] ; CIFM, I, n°85, p. 99-100 [texte, traduction, photo, commentaire, bibliographie ancienne] ; Treffort, Mémoires carolingiennes, 2007, p. 149 [dessin] et 334 [mention, bibliographie] ; Jarry, Corpus des inscriptions, 2009, p. 156 [texte et traduction].

Description paléographique

L'écriture est très soignée ; elle se compose principalement de capitales. On notera cependant la présence de deux C carrés (ligne 3) et d'un M oncial. De façon générale, les lettres rondes semblent avoir été tracées au compas, ce qui renforce la qualité visuelle de l'inscription de Madalfredus. Comme dans l'inscription précédente, la traverse des N ne s'ancrent pas au sommet des hastes, sans pour autant être tracées à l'horizontale. Hauteur moyenne des lettres = 2 cm. Les abréviations sont relativement nombreuses et adoptent des formes classiques, à l’exception de la contraction pour idus ; elles sont pour la plupart signalées par des lettres barrées. On repère deux conjonctions de lettres (les deux N dans anno et N et T dans regnante). La ponctuation est inexistante.





Édition imitative


1 ​✝IN ​ANNO ​XLVIII ​REGNANTE ​
2 ​DOMNO ​KROLO ​IMP ​III ​IDS ​APL ​
3 ​SIC ​OBBIIT ​MADALFREDVS ​CLS ​

1 ​✝IN ​ANNO ​XLVIII ​REGNANTE ​
2 ​DONO ​KROLO ​IP ​III ​IDS ​APꝈ ​
3 ​SI ​OBBIIT ​ADALFREDVS ​ꝈS ​

1 ​IN ​ANNO ​XLVIII ​REGNANTE ​
2 ​DONO ​KROLO ​IP ​III ​IDS ​AP ​
3 ​SI ​OBBIIT ​ADALFREDVS ​S ​

Légende

Violet : caractères allographes.



1 ​✝IN ​ANNO ​XLVIII ​REGNANTE ​
2 ​DONO ​KROLO ​IP ​III ​IDS ​APꝈ ​
3 ​SI ​OBBIIT ​ADALFREDVS ​ꝈS ​

Légende

Bleu : mot abrégé.
Violet : signe d'abréviation.



1 ​✝IN ​ANNO ​XLVIII ​REGNANTE ​
2 ​DONO ​KROLO ​IP ​III ​IDS ​APꝈ ​
3 ​SI ​OBBIIT ​ADALFREDVS ​ꝈS ​

Légende

Bleu : enclavement.
Orange : conjonction.
Violet : entrelacement.



1 ​✝INANNOXLVIIIREGNANTE
2 ​DONOKROLOIPIIIIDSAPꝈ
3 ​SIOBBIITADALFREDVSꝈS

Légende

Représentation des espaces entre les lettres tels qu'ils sont dans l'inscription.
Violet : signalement des figures qui s'interposent avec le texte.



Édition normalisée

In anno XLVIII regnante domno Krolo imp(eratore), III id(u)s ap(ri)l(is), sic obbiit Madalfredus, cl(ericu)s.

Traduction

En l’année 48 du règne du seigneur Charles, empereur, le trois des ides d’avril (11 avril), ainsi est mort Madalfredus, clerc.

Commentaire

L’inscription pour Madalfredus présente un formulaire obituaire très simple ; on n’apprend du défunt que son nom, sa condition (clericus) et la date de son décès qui occupe la part la plus importante de l’inscription. La formule obituaire sic obiit est très courante à Poitiers. On notera les graphies particulières de domino et de Karolo à la ligne 2, dues à des adaptations phonétiques, et celle plus surprenante de obbiit, ligne 3.

Il existe une difficulté évidente dans la datation de cette inscription car Madalfredus ne peut être mort la quarante-huitième année du règne de Charlemagne (768 + 48 = 816) alors que celui-ci n’a régné que 46 ans, à moins d’envisager comme date de début de règne 754, date de son sacre ; Madalfredus serait alors mort en 802 mais cette solution est peu probable, la date du couronnement de Noyon (768) étant toujours préféré à celle du sacre de 754. L’hypothèse d’une erreur du lapicide envisagée par les auteurs du Corpus des inscriptions de la France médiévale placerait le décès de Madalfredus en 808, ce qui semble être la solution la plus simple pour expliquer la date proposée dans l’inscription, sans pour autant permettre d’assurer précisément la datation de ce texte.




[1] CIFM, I, p. 99
[2] On lit sans difficulté les mots in nomine…